Formellement détestable ou fortuitement adorée?

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La princesse Véluvia, porteuse d’un élan humain, jouissif et enfantin, était une licorne encore jeune, avec une jeune corne au front. Vivant de millénaires à trépas, elle était adorée comme détestée pour les soubresauts de son humeur et sa facette d’ange démon, comme tout un chacun, fondamentalement enfantin. Les traits de son tempérament, multiples et variés, portaient, contrairement à nous, des espoirs d'embellie sereine et nerveuse. Avec Véluvia, la fanfaronne lunatique, gratter la surface de sa sphère personnelle révélait une naïveté plaisante et des élucubrations de "m’as-tu-vu", caractéristiques de l’âge tendre.

Mais, dans ce monde mêlant féerie et réalité, la princesse vivait véritablement des aventures loufoques et un destin passionnant.

Ne jamais posséder une licorne chez soi : elle valait bien les tumultes déséquilibrés et revêches d’une personne.

De couleur blanche avec des reflets bleutés, teintés par ses bains de ciel revigorants, qui donnaient à sa peau une marque de gaieté, elle vivait au sein de son troupeau, "Les Enjolivas", véritable terreau d'une communauté où la joie se mêlait à l'exaspération, le danger au calme, la fantaisie à la rigueur.

Fille d’un roi et d’une reine fiers de leurs enfants, son caractère, en apparence en “fer de titane”, comme mentionné plus haut, demeurait imposant, faisant fuir toutes les beautés spontanées de la nature autour d’elle. À commencer par ses congénères et sa sœur Laïna, personne n’avait eu la main heureuse sur Véluvia. Elle n'en avait point le soucis. Étrangement, malgré ses vives émotions et une personnalité des plus emblématiques pour une licorne, et malgré son très jeune âge, elle ne restait jamais à la même place, toujours en perpétuel mouvement. Rien ne convenait jamais assez à la princesse "Je suis donc vous me servez, hum, hum". On aurait dit une vie difficilement supportable, s’attribuant le droit de ses connaissances. Est-ce qu’on pouvait tout mettre sur le compte de la jeunesse ? Il fallait un tout pour vivre en cercle uni.

Mais le comportement de cette jeune demoiselle jument - incisive, autoritaire et jalouse - vue de l’extérieur et sans une âpre connaissance d’elle-même, mettait en évidence les phares étincelants de l’histoire : sa résilience, sa force mentale, et son don pour les autres. Avec une éducation laissée à la charge de la solitude et du troupeau, marquée par le peu d’autorité sur elle et la souplesse des punitions, Véluvia, dans sa septième année, se dirigeait vers un capharnaüm de sentiments peu ouverts aux autres et de désobéissances. À l’inverse, en phase avec les premiers propos, dans ses moments d’étonnement, elle adorait les oiseaux et leurs chants aux douces musicalités, véritables requiems de vie. Étonnant mais vrai ! Simple pour quelqu’un qui paraissait ô combien complexe à saisir et à aimer ! Pourtant, elle était dotée non seulement d’atouts extérieurs et de malices, mais également d’une grande sensibilité intérieure. Cette profonde mise en alerte de ses sens et de leurs émerveillements passionnait la divine jouisseuse. L’ouïe, l’odorat, la vue, le toucher et le goût sentaient de bonne auspice la mise en pratique effervescente dans des lendemains réputés enivrants et grotesques. Pour une comme elle, avec des yeux couleur vermeille, un physique moyen mais de bonnes jambes, elle paraissait férue de galops désinvoltes au large des prés sauvages de Cerfontanios.

On remarquait bien vite son esprit, tel celui d’un enfant pourri gâté. Chaque fois qu’elle entreprenait une action, peu importe laquelle, elle mimait son désappointement vis-à-vis de ses parents : un père coulant et une mère absente. Rien ne suffisait pour émouvoir cette tendre créature, encore moins ce qu’elle avait vécu pendant un certain temps en compagnie de ses maîtres : les humains. D'où la nécessité de feindre ce genre et de pousser ses propres initiatives hors des verts pâturages !

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Les humains avaient eu la main lourde, ce jour-là, écorchant et blessant férocement les licornes des "Enjolivas". Vélusia, princesse des "Enjolivas", était tombée dès sa naissance, dans les filets robustes et acérés de Flatruin, un homme puissant et riche. Il avait formé, pendant des années, ces créatures fantastiques, à ses fins et intérêts personnels, voyant, en elles, l'émergence de profits gargantuesques. Il pensait que, posséder ces reliques légendaires et vivantes, lui permettrait le loisir de goûter à une vie vertueuse diminuant l'intensité de tous ses vices. Tout le monde reconnaissait que la pureté émanant des licornes se révélait être un outil utile, pour la lutte contre les calamités du monde. De tout temps, les hommes ont combattu avec véhémence les forces obscures et les démons qui ont propagé leurs sbires à travers le monde. Des particules de pensée noires et, dénaturant l’homme, venaient se greffer dans sa conscience, le laissant aux portes des enfers avec peu de moyens de survivre.

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Au lever du jour, Véluvia sentait le poids, la lourdeur oppressante de la fatigue. Toujours spitante, elle révélait un visage, une agonie mélodieuse propulsée par ses tournoiements de cils. Elle s’ennuyait énormément; l’activité matinale ne la ravissait pas et les exercices de maintien ne l’attiraient pas plus que cela n’était. Elle donnait toute sa verve par beau temps et très souvent les après-midi et les soirées. Quand toutes ses congénères suggéraient de pauser leur esprit, elle en profitait pour les taquiner et n’en demeurait pas moins agressive de tant à autre : une agressivité toute enfantine. Mais, si ses sautes d’humeurs montraient un enfant capricieux, jamais, elle donnait le bâton pour la battre. Mais, dans sa posture naturelle, c’est elle qui rendait le plus de coup et souvent très bien placé, sous la ceinture de préférence. Captive jusqu’à l’âge de deux ans, son échappatoire, sa chevauchée fantastique hors de la torture humaine, entretenait toujours un peu de souffrances personnelles que son esprit ravivait de tant à autre. L’humiliation, les cris, les pleurs avaient fait partie de la vie quotidienne de ce bambin licorne. Pourtant, elle avait réussi à s’enfuir avec d’autres amies de son genre de sa prison de fer pour retrouver ces chères parents, le roi et la reine des “Enjolivas”.

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