PAGE BLANCHE
Il était une page blanche, prête à être noircie,
Mais qu’écrire sur cette page qui ne soit pas d’ici,
Rêves, opinions, ou bien encore belles envies,
De celles qu’on aime, de ceux qu’on apprécie ?
Il était une page, pour exprimer, s’exprimer,
Mais qu’écrire, dire, qu’en faire sans parler,
Écrire sur soi, écrire sur les autres, animer,
Animer la page, triste ou belle, douce-amère.
Il était une… une angoisse de la page blanche,
Tout en retenue, et éviter qu’on s’épanche,
Mais face au blanc on peut tourner la page,
Puis revenir armé de ses doigts tel un mage.
Page blanche, devant laquelle on se sent seul,
Qu’auraient pu ici écrire nos mille et un aïeuls,
Page blanche, on se sent terriblement veule,
Enveloppé dans l’effroi glacé d’un noir linceul.
Sur la page blanche aux strophes enfin alignées,
Encres multicolores venues ici et là, barbouillées,
La page n’est plus blanche mais de mots rédigés,
Sur la blanche page, les noirs mots sont révélés.
Quelle idée saugrenue que d’évoquer la solitude,
La solitude face à la page blanche, c’est une étude,
Une étude de soi tout en platitude ou en plénitude,
En plénitude et sans platitude former des interludes.
La page se complète, mots qui s’alignent et s’annulent,
Et s’ordonnent sur la corde uns et autres tels funambules,
Tournent et virent, en minuscules ou bien majuscules,
Passent ou tombent en détritus ou magnifiques fibules.
Mais quand la page blanche est enfin noircie de mots,
Est-elle savoureuse aux douces couleurs des berlingots,
Un discours de camelot ou insipide comme mille ragots,
Juste une boisson au goût qu’on lui trouve bue au goulot.
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