Je me demande qui je suis,

Et surtout qu’est ce que je suis,

C’est un matin, et j’ai treize ans,

La maison n’est que boucan.

La radio hurle encore et encore,

Cette chanson plante le décor,

Je ne serais jamais un mirliflore,

La solution est là, vient d’éclore.

« Dans un voyage en absurdie,
Que je fais lorsque je m'ennuie,
J'ai imaginé sans complexe,
Qu'un matin, je changeais de sexe. »

Tu es une jeune et belle fille,

Non, je ne suis pas une fille,

Tu es un jeune et beau garçon,

Non, je ne suis pas un garçon.

Je suis ce que je suis,

Tu ne sais pas qui tu es,

Dans ce corps je m’ennuie,

Divin serait de muter.

Le lecteur de cassette hurle,

Complètement incrédule,

« J'ai pas envie de la voir nue,
J'ai pas envie de le voir nu, »

« Un garçon au féminin,
Une fille au masculin,

Et on se prend la main,
Et on se prend la main. »

Ma main est longue et fine,

C’est une branche d’épine,

Ma main est large et massive,

C’est une branche inactive.

Je suis ce que je suis par dépit,

Je ne suis que par un déni,

J’ai peur du regard qui me honnit,

Triste est la tristesse de ma vie.

Je ne savais, je n’ai pas osé,

Je pleure ma vie trépassée,

Pourquoi n’ai-je pas changé,

Pour une vie belle et souhaitée.

Je porte ce qu’on m’a dit de porter,

De ne pas exister, oui j’ai accepté,

Et non jamais je ne m’épanouirais,

Dans ce corps qui n’est qu’emprunté.