Déjeuner

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Gautier De Hautval a été fait chevalier du Cormyr. Prit dans une embuscade de mystérieux assassins, il est contraint de prendre la fuite. Un vieux mage l'envoie trouver Tessaril Hivernale, à Soirétoile, un voyage qui s'annonce d'une durée de plusieurs jours, qu'il entame aux côtés de son nouveau destrier.

  Le soleil était haut dans le ciel. Le cavalier semblait errer sur les routes, telle une ombre. De loin, il avait tout l'air du genre un peu étrange, un peu louche, le genre d'individu à qui on ne veut pas chercher des noises. Une cape de voyage sombre et sobre recouvrait ses épaules, et sa capuche ample tombait sur son visage en lui donnant l'air mystérieux. Tantôt pensif, tantôt aux aguets, il observait les environs en laissant aller sa monture.

  Rappelé à la réalité par la faim, l'homme encapuchonné décida de s'arrêter un peu à l'écart de la route. Il descendit de son et l'entraîna près d'un arbre. Déroulant sa paillasse pour s'asseoir dessus, il ôta sa capuche et ses gantelets. Ses cheveux mi-longs, éclatant d'un blond cendré, étaient attachés en laissant quelques mèches rebelles éparpillées sur les pourtours de son visage. Il se frotta le menton un instant, sa barbe avait légèrement poussé depuis son départ, et avait tendance à le démanger. Il posa ses yeux verts sur le cheval, qui s'allongea à ses côtés en le regardant avec insistance. Gautier esquissa un sourire.

— Chose promise... chose due. Tiens, voilà ! dit-il en présentant une pomme à son compagnon animal.

  Le cheval avait une robe d'ébène, et une certaine prestance. Pourtant, son regard avait quelque chose d'adorable, qui attirait la sympathie. Sa crinière noire ondulait, comme légèrement frisée à la base. Il regarda le fruit, tenta de le prendre entre ses dents, mais Gautier maintint une poigne ferme et tira sous un certain angle. La pomme se cassa en deux, et la bête se mit à mâchouiller sa moitié de fruit. Le chevalier souffla d'amusement, et offrit la seconde moitié de pomme au cheval lorsque celui-ci eut avalé la première.

— Heureusement que tu es là, Apache. Ce voyage serait sans doute bien plus long sans ta compagnie.

  Gautier observa la route un instant, puis il déballa l'une de ses propres rations pour se faire un repas de fortune. Ils restèrent là un moment, chacun grignotant afin de prendre des forces pour la suite du trajet. De temps en temps, le chevalier caressait le flanc ou l'encolure d'Apache, qui restait allongé à l'ombre. Il fallait encore marcher un moment, et il le savait.

— J'ignore quand est-ce qu'on pourra rentrer. La maison me manque déjà... J'espère que Mère et Père vont bien. Et Aliénor...

  Son visage s'assombrit un instant en repensant aux événements récents. Quel sens tout cela avait-il ? Qui étaient ces gens ? Gautier ne pouvait s'empêcher de songer à cette personne qu'il avait tuée dans la forêt. Certes, cette personne avait voulu sa mort et il n'avait fait que se défendre, mais jamais il n'avait ressenti une pulsion comme celle-ci. Il s'était littéralement jeté sur elle en l'empalant de sa lame. Il s'était senti tant en proie au danger, qu'il n'a pas réfléchi et l'avait tuée. Gautier revoyait le visage de sa victime, et le sang qui giclait de son ventre. Il commençait à sentir son repas remonter, mais Apache vint le tirer de ses pensées obscures en le poussotant du bout de son museau.

— Oui, oui... On va y aller, dit-il en rangeant ses affaires. Nous nous arrêterons à Immersy, c'est sur la route. Allez, debout Apache !

  Tous deux se relevèrent. Gautier remit ses gantelets, fixa son écu dans son dos, par-dessus sa cape. Il ne remit pas sa capuche tout de suite, voulant profiter un peu de l'air ambiant tant qu'il ne croisait pas grand monde.

— D'après la carte que ce vieil homme m'a donnée, Immersy est sur la route principale entre Suzail et Arabel. Si tu veux mon avis, nous devrions profiter de nos derniers instants de tranquillité, il risque d'y avoir bien plus de passage une fois Immersy passée.

  Il rejoignit la route après avoir vérifié de ne rien avoir oublié, et commença à reprendre le trajet en marchant à côté du cheval pour se dégourdir un peu les jambes. Plus tard, il retourna sur le dos de sa monture, afin de progresser plus rapidement et sans s'épuiser. Lorsqu'il sentit qu'ils arrivaient bientôt à Immersy, le chevalier remit sa capuche sur sa tête, réajusta la cape sur ses épaules, de sorte que l'on ne voit là qu'un mystérieux voyageur, seul son écu prouvant que c'était un chevalier.

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