Luna était rentrée. Elle poussa la porte de chez elle et se retourna pour vérifier à ses pieds si le chaton était toujours à la suivre. C'est déçue qu'elle constata qu'il n'était plus là. La mine déconfite, elle fit face à l'encadrement de sa porte pour s'introduire dans l'appartement, lorsqu'elle vit sur le sol le petit chat qui n'avait aucunement l'air de l'avoir attendu pour prendre ses marques près du canapé.

-Hey ! Tu m'as suivis au final, dit-elle ravie. Bienvenu chez toi, j'imagine.

Poubelle explorait le moindre recoin de l'appartement tandis que Luna referma la porte derrière elle à clé. Par réflexe, ou plutôt par rituel, elle déposa ses affaires sur le sol et s'affala sur son canapé. Pour la première fois depuis qu'elle vivait ici, elle pouvait entendre autre chose que les TIC-TAC incessants de son horloge. Poubelle s'amusait à découvrir ce nouveau lieu tout en ronronnant et se frottant à divers objets. La créature fini par grimper sur elle et s'assit pile au niveau de son estomac. Luna pouvait voir le museau du chaton remuer, cherchant sûrement à se faire aux nouvelles odeurs de son nouveau foyer.

-Aie, pas ici boule de poiles, je viens de manger, fit-elle en déplaçant le chat de sur son ventre.

Poubelle miaula lorsqu'elle eut prononcer ces mots.

-Quoi ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

-Miaou, insista-t-il.

-Tu as faim ?

Pour toute réponse, Poubelle sauta sur la table basse du salon sur laquelle se trouvait toujours son assiette vide de la veille, et se mit à la renifler.

-Hmm, bien sûr que tu dois avoir faim. Je n'avais pas penser à ça. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir te donner ?

Luna se leva et alla à la cuisine, son nouveau compagnon sur ses talons. Elle ouvrit le frigo, pratiquement vide, à la recherche de nourriture pour lui.

-Je n'ai vraiment pas grand-chose à te proposer… du lait peut-être ?

Elle avait posé cette question en le regardant, comme si elle s'attendait à ce qu'il lui réponde « Vas pour le lait. ». En le voyant la scruter dans l'incompréhension la plus totale, elle se mit à rire.

-Haha, à quoi je m'attendais ? Bon, bah ça sera du lait pour toi, mon petit !

Elle sortie la brique du réfrigérateur, prit un bol en plastique qui traînait dans un de ses placard et servit le chaton qui se jeta sur celui-ci. Apaisée par les ronronnements de la créature, elle le regarda un instant, conquise.

-Emma doit avoir raison. Peut-être que je me sentirais moins seule avec toi ici. Il faudra que je pense à acheter de quoi te garder, toi.

Le laissant seul dans la cuisine, Luna partie au salon et alluma la télévision tout en s'installant sur son fauteuil. Ne sachant pas quoi regarder, elle se contentait de changer les chaînes, encore et encore sans s'attarder trop longtemps sur le programme de chacune d'elles. Poubelle finit par la rejoindre et s'allongea sur le sol, comme pour se reposer d'avoir autant bu. Après une dizaine de minutes passées devant la télévision, Luna l'éteignit et s'approcha de son nouvelle ami.

-Dis, tu ne sais pas ce qu'on pourrait faire ?
Poubelle s'était déjà endormit sur le sol, au plus grand désespoir de Luna qui comptait sur lui pour se divertir un peu.

-Hmm, dormir ? Ce n'est pas une mauvaise idée, lança-t-elle résignée à ne rien faire d'autre du reste de son après-midi. Autant se reposer un peu avant le boulot.

Elle se redressa en prenant le chaton dans ses bras, elle l'avait visiblement réveiller.

-Toi, tu viens dans la chambre avec moi.

Luna se dirigea vers sa chambre à coucher jusqu'à ce qu'elle entende dans son dos, comme un frottement. Étonnée, elle se retourna vers la sources de celui-ci. Au pas de sa porte d'entrée, une feuille avait glissé sur le sol, ou du moins, on l'y avait fait glisser par en dessous. Un frisson parcouru le corps de Luna qui se raidit, imaginant un inconnu accroupit juste derrière son entrée. Au bout de quelques secondes, elle s'avança sans un bruit jusque devant la porte et se mit à genoux. Avant même de penser à récupérer la feuille à terre, elle plaqua son visage au sol, pour regarder si elle pouvait percevoir quelqu'un de l'autre côté de la porte par dessous. Une ombre avait l'air de se tenir juste derrière, attendant le moindre signe de la jeune fille. Celle-ci couvrit sa bouche avec sa main, pour retenir un gémissement de peur qui voulait s'échapper.

« Qui est-ce que ça peut bien être ? », « Le mec du restau ? », « Il m'aurait suivit ? » Tant de questions se bousculèrent en même temps dans sa tête. Elle tenta de reprendre ses esprits. Qui que ça puisse être, cette personne n'avait pas une manière conventionnelle de s'adresser aux gens. L'ombre se mit à bouger, des bruits de pas s'élevèrent à travers la porte, comme si la personne de l'autre côté faisait les cents pas. Toujours en silence, Luna prit la feuille dans sa main et la déplia.

« Tu as tellement grandis, tant d'années à t'avoir chercher partout, me voilà si proche de toi. Il me tarde d'être à nouveau réunis. Rien que toi et moi. »

Luna relâcha le chat qu'elle avait tenue dans ses bras jusque là. Si elle n'avait pas déjà était sur le sol, elle savait que ses jambes l'auraient lâché à ce moment. Elle gémit, apeurée par ce qu'elle venait de lire. L'ombre se figea, comme si l'inconnu l'avait entendu. La poignée s'abaissa lentement, le cœur de Luna rata un battement. Qui que ça puisse être, il allait entrer.

-Non ! Laissez-moi ! Lança Luna sans se contrôler. Vous êtes qui ?

La poignée s'abaissa de nouveau, la porte verrouillée refusa de s'ouvrir. Soudain, de gros battements tambourinèrent à la porte, manquant de l’enfoncer. Prise de panique, incapable de se relever, Luna recula,se traînant sur le sol jusqu'à ce que son dos rencontre le canapé. Elle pleurait à présent.

BOUM BOUM

-Laissez-moi ! Allez vous-en ! Laissez-moi ! Hurla-t-elle tout en se recroquevillant sur elle même, portant ses mains sur son crâne, comme pour se protéger.

BOUM BOUM

Elle avait l'impression que ce bruit infernal s'était emparé de sa tête, son cœur battait à tout rompre, elle ne savait plus respirer correctement.

BOUM BOUM

-DÉGAGEZ ! Fit-elle dans un dernier cri qui lui déchira la gorge, venant du plus profond de ses entrailles, un cri d'horreur qui l'a fit frissonner jusqu'au plus profond de son être.
Soudain, le silence. Les bruits de pas qui lui paraissait si proches finirent par s'éloigner sans explication. Le TIC-TAC de son horloge qu'elle pouvait enfin entendre, se mêlait à ses pleures. Luna s'affala sur le sol, tremblante. La pièce tournait autour d'elle, elle se sentait partir. Pour la deuxième fois de sa vie, depuis des années elle perdit connaissance.