Luna était enfin rentrée chez elle. Elle referma la porte d'entrée de son appartement dans un bruit sourd, et s'appuya contre celle-ci un moment, pour reprendre son souffle. Elle avait couru tout le long du chemin retour, par peur que Noah, si c'était bien son vrai prénom, ne la suive dans les rues. Épuisée, elle se laissa glisser le long de la porte jusqu'au sol tout en repensant aux derniers mots de l'homme, « j'espère que tu t'es bien remise de hier soir ». Qu'est-ce que cette phrase pouvait bien dire ? La paranoïa de Luna se faisait de plus en plus grande. Voulait-il faire allusion à la lettre ? A l'inconnue qui avait frappé et tenté d'enfoncer l'entrée ? Elle reprit son souffle et tenta de se changer les idées.

La jeune femme s'affala sur son canapé et plongea son visage dans ses mains, comme pour le laver de toute sa frustration. Après un court instant, elle se redressa et se souvenant qu'elle ne vivait plus seule, elle chercha Poubelle dans l'appartement d'un bref regard.

-Poubelle ? Minou, minou.

Elle se tu et se souvint qu'elle avait laissé le chat sortir le matin même. Elle souffla, espérant qu'il ne se soit pas perdu, espérant qu'il reviendrait. Elle se rendit compte qu'elle avait besoin de sa compagnie, depuis hier, plus rien n'allait, la présence du chat la rassurait. Luna alluma la télévision, peut-être penserait-elle à autre chose en la regardant ? Les minutes défilèrent sans que la pauvre fille ne se calme totalement, elle se leva et fit les cents pas dans l'appartement, hors de question d'aller prendre l'air dehors, mais elle avait besoin de bouger un peu. Après avoir fait le tour du petit salon plus d'une trentaine de fois, ses pas la menèrent dans sa chambre. Ici, elle n'avait pas la place de marcher, peut-être lui fallait-il s'allonger un peu sur son lit.

La brune s'assit, toujours craintive, elle sentait ses doigts la picoter. « Oh non, pas une autre crise. » pensa-t-elle. Elle détourna son regard de ses mains tremblantes pour le porter au long miroir juste en face d'elle.

-Quoi ? Lança-t-elle à son reflet avec un ton de défi.

Sans surprise, elle n'eut aucune réponse. Elle continua de se regarder dans la glace.

-Tu crois que je te sens pas en train de me juger, Lisa ? J'aimerai bien t'y voir ! Dit-elle en s'adressant à son reflet.

Luna se leva et récupéra des cachets sur sa commode, elle s'empressa de les avaler.

-Tu penses que tu aurais été plus forte que moi c'est ça ?

Elle se tu un moment.

-Qu'est-ce que je raconte… Bien sûr que tu aurais été plus forte, tu as toujours été la plus forte…

Exaspérée, elle souffla un grand coup.

-Je perds la tête, excuse-moi. Tout allait mieux, et ensuite y a eut ce mec, cette lettre, cet inconnu à la porte… Je sens que ma tête va exploser.

Le silence de l'endroit fut la seule réponse dont elle eut droit. Luna sourit, amusée de se surprendre à nouveau à parler à Lisa la sachant bien loin d'elle.

-Miaou.

Elle sursauta, comme tirée de ses pensées.

-Miaou.

-Poubelle ? Dit-elle en reconnaissant ce miaulement.

Elle fit volte-face et aperçu à la fenêtre le chaton qui grattouillait le carreau de sa petite patte pour qu'on lui ouvre.

-Poubelle ! Lança Luna avec joie en ouvrant le fenêtre de sa chambre.

La créature s'infiltra dans l’entre-braillement de la fenêtre tout en ronronnant.

-Hey, d'où tu sors comme ça, hein ?

Elle se laissa aller à quelques caresses. Elle en avait oublié ses craintes et se mit même à sourire, le cœur plus léger. Soudain, plus bas, sous sa fenêtre, un bruit sourd se fit entendre, comme si on avait renverser une benne. Luna connaissait bien ce son, quelques jours plutôt, le chat avait produit exactement le même lorsqu'elle l'avait trouvé. Elle regarda à travers la fenêtre, dans la ruelle qui se tenait sous celle-ci, et ne pu qu’apercevoir l'ombre d'une personne qui semblait avoir prit la fuite avant de se faire remarquer.

-C'était quoi ça ? Le cœur de Luna rata un battement.

Elle prit Poubelle pour le dégager de l'encadrement et referma aussitôt la vitre.

-Merde, c'était lui ? Je l'ai pas vu ! Il était là depuis longtemps ? Qu'est-ce qu'il foutait ici ?

Elle enchaîna les questions à voix haute en se parlant à elle-même.

-Fait chier, je fais quoi, je fais quoi ?

Sa respiration prit un rythme effréné qu'elle ne pouvait plus contrôler. Une parties des ses pensées cherchaient à la rassurer, l'autre, au contraire ne faisait que faire croître son anxiété. Est-ce qu'on l'observait dans la ruelle ?

-Miaou.

Poubelle, qui s'était dégagé de la prise de sa maîtresse se frotta à son téléphone portable comme s'il cherchait à lui dire « sois pas bête, utilise le. » La jeune brune prit son portable et par réflexe appela la seule personne qui pouvait bien lui faire passer son stresse. Elle chercha son nom dans son répertoire et attendit une réponse.

-Allô ?

-Emma, c'est Luna.

-Luna, ça ne va pas ? T'as la voix qui tremble.

-C… C'est difficile à dire. Je crois que j'ai vu quelqu'un m'observer chez moi depuis la ruelle.

-Quoi ? T'es sûre ? -J… Je sais pas, je sais plus. J'ai l'impression de devenir folle je…

Luna ne savait plus quoi dire. Heureusement pour elle, Emma savait que son amie était prise de crises de panique, bien qu'elles s'étaient faites plus rares ces derniers temps.

-Je veux pas rester toute seule…

-Tu veux que je passe te voir ?

Elle se souvint à quel point elle n'aimait pas recevoir.

-J'en sais trop rien… Te dérange pas.

-Tu m’appelles à une heure du mat' et tu me demandes de ne pas me déranger, rit-elle.

Suite au silence lourd de sens de sa collègue, Emma fini par reprendre.

-Écoute, on a cas rester au téléphone jusqu'à ce que tu t'endors, t'en penses quoi ?

Soulagée par cette idée, Luna s'allongea sur le lit.

-D'accord, faisons comme ça.