Les démons de Dieu
Le religieux et Anthony sont assis à une table au cœur de l'église. Sur elle repose une jambe humaine à la peau croustillante et couverte d'épices. Alice reste immobile devant eux tandis que la rosée se fraie un chemin le long de ses douces joues.
- Mais... Pourquoi jouez-vous à la dinette avec notre espèce?
- Matthew, tu arrives juste à temps pour déguster la première partie de Ben!
- Comment oses-tu penser à le manger? Il était ton ami!
- Ça le rend encore plus appétissant! Réfléchis bien, ce n'est pas tous les jours qu'un envoyer de Dieu nous offre un repas comme celui-ci.
Le visage de ma sœur se transforme peu à peu. La violence de milliers de personnes se reflète dans ses yeux. D'un mouvement vif et agile, elle prend un couteau. Sans hésiter, elle le plante dans la gorge de Monseigneur Ruisseau. Une vinaigrette concentrée en fer se répand sur les feuilles de laitues dans son assiette. Elle se dirige tout droit vers son nouvel ennemi, Anthony. Je dois arrêter de faire l'arbre qui contemple les corps sur ses racines. Je dois agir avant qu'une personne extérieure à ce problème ait une raison de plus de vouloir que je termine en brochette.
- Attends! C'est à Max de se charger de son cas.
- Tu veux le laisser partir alors qu'il est juste sous notre regard!
- Max va nous réduire en petites bouchées si on le touche. Il fait partie de la cavalerie, rappelle-toi.
Elle ne m'écoute pas, elle pose la lame contre la jugulaire d'Anthony. Le coin de ses lèvres se retrousse pour former un énorme sourire. Il me faut la distraire avant qu'elle le décapite!
- Ben ne voudrait pas qu'on se salisse davantage les mains et si Anthony rejoint l'autre royaume par notre faute, nous n'allons pas pouvoir lui offrir l'enterrement qu'il mérite!
Elle échappe l'arme qui tombe à terre. Le choc contre le sol réveille les pleures de ma sœur qui s'écroule en tremblant tel un cerisier pendant une tornade. Avant de rejoindre ma cadette, je prends le soin d'attacher l'autre débile avec les malheureux intestins de mon défunt frère. Avec Alice dans mes bras, j'appelle Max qui réplique peu après, portant toujours son horrible pantalon aux mille et une poches. Il examine les plats, sa mâchoire se crispe d'un coup quand il se retourne vers notre dernier adversaire, notre dernière moisissure.
- Explique-toi!
- Il n'y a rien à dire. Ben avait découvert mon vice et où je cachais mes petits repas. Alors, il est allé chez moi et j'ai dû le tirer. Ce qui est fortement dommage parce que des pièces de qualité ont été perdues dans la bataille et Ludo n'a rien pu y faire.
- Tu ne ressens rien?
- Bien sûr que si, je suis offusqué qu'on ne me laisse pas manger tranquillement mon ami.
Max sort une arme à feu de sa veste, la charge et le déracine en n'affichant aucune émotion. Un bruit horrible nous traverse les oreilles pour défoncer nos tympans. De bonnes minutes passent... Le cillement devient tranquillement moins assourdissant. Dès qu'il le peut, mon nouvel allié vient à nos côtés.
- Si j'avais su que votre frère allait finir comme ça, je n'aurais pas été si cruel envers lui. Pour me faire pardonner, laissez-moi m'occuper d'enterrer cette boucherie. De toute façon, leur existence est déjà six pieds sous terre depuis leur naissance. Quand tu nées pourri, tu le restes.
Sur ce, Max repart comme il est arrivé, me laissant seul avec une Alice tellement épuisée de tout cela qu'elle est dans un état entre la réalité et le rêve.
Aujourd'hui n'est que le début de ma course pour mordre ma carotte. Je retrouverai chacune des parties de ton corps, Ben.
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