Chapitre 8
Neven
La pire soirée de ma vie. J’avais fini par raccompagner Alev dans un silence de mort. Je n’ai même pas osé engager la conversation de peur de prendre les foudres réserver à Folk. Il n’a pas affronté sa propre fille ce soir, je le comprend dans un sens. Elle est terrifiante. Quand j’ai vu ces frêles bras lever cette arme, mon corps entier s’est tendu, elle était puissante, sans peur et absolument sublime. Je n’arrivais pas à la quitter des yeux. Mais Pete aurait pu la blessée, je l’aurais clairement décapité si elle avait même seulement perdu un cheveu dans ses bras.
Il est quatre heures du matin lorsque j’entend du bruit dans l’appartement de ma belle voisine. Des bruits sourd, comme des cris. Je prends mon pistolet sur la table de chevet et monte les marches quatre a quatre. Arrivé devant sa porte je l’entends clairement crier, mon sang boue dans mes veines lorsque je donne des coups d’épaule dans sa porte pour l’ouvrir. Elle cède assez facilement.
Je me précipite en direction de sa voix, elle est dans sa chambre, dans son lit. Un cauchemar. Je rate un battement, le soulagement que je ressens est indescriptible.
Assis sur le rebord de son lit, je saisis ses poignets pour l’aider à reprendre conscience. Elle se débat, elle hurle, ses cris me transpercent, me déchire.
_ Princesa ! Je suis la… c’est Neven.
Elle se relève d’un bond, prête à me frapper. Lorsque ses yeux croisent les miens elle stop son geste et se jette dans mes bras. Ses sanglots sont puissants. Elle me sert contre elle, je ressens chaque muscle, chaque os de son corps fin. Mes bras pourraient aisément faire deux fois le tour de son dos. Elle s’écarte de moi et je prends son visage en coupe dans mes mains.
_ Est-ce que tu va bien ?
_ je crois… désolé je t’ai réveillé.
_ ne t’excuse pas, j’ai surtout eu peur. Mais tu vas bien.
Elle sourit doucement et se souviens soudain qu’elle est en sous vêtements dans mes bras. Elle se recule et remonte la couverture sur elle. Dommage. Je suis en jogging, torse nu. Son père me tuerait pour moins que ça je pense.
_ comment es-tu entré Neven ?
_ Je crois que j’ai cassé ta porte. Dis-je calmement.
_ oh… je la ferai réparer demain.
Je me lève, je sens que ma présence la met mal à l’aise. Elle n’a pas l’air de se rappeler qu’elle m’a sauté dessus il y a une dizaine de jours en arrière. Je me dirige vers la porte de sa chambre.
_ Tu veux quelque chose ? Un café, un verre d’eau ? Je lui propose dans un élan de bonté.
_ Un verre d’eau peut être…merci.
Je sors de sa chambre et vais jusqu’à sa cuisine. Je lance du café, au moins pour moi j’en aurai besoin. Je fouille dans son placard à la recherche d’une tasse, quand je trouve enfin mon bonheur j’entend des pas dans le couloir et voit la fine silhouette d’Alev rentré dans la cuisine.
_ Tu veux me raconter ? Lui dis je en mettant un verre d’eau pour elle sur le comptoir.
_ Il n’y a pas grand-chose à dire.
Elle s’assoit en face de moi sur le comptoir de la cuisine. Je la vois le regard dans le vide.
_ Écoute, je ne veux pas paraître insensible mais j’aimerai savoir une chose. Je m’accoude au comptoir face a elle. Tu vas vraiment jouer la carte du silence avec moi alors que ça fait deux fois que je te surprends en pleine nuit, à hurler comme si on t’arrachait les tripes ?
_ Je ne te dois rien Neven. Tu es libre d’acheter des bouchons d’oreilles pour ta tranquillité.
_ J’essai juste de t’aider.
_ M’aider à faire quoi ? J’ai retenue la leçon d’hier soir ne t’en fais pas. Je vais m’occuper de moi-même, je n’ai pas besoin de baby sitter.
Je soupire et sert la mâchoire, je sens qu’il y a un mur invisible entre nous désormais. Pete a réussi son coup. Elle se méfie même de moi. Il a réussi à la faire rire et à la détruire la même soirée.
Je continue de la regarder puis, une fois nos boissons finit, je lui tends la main.
_ Tu devais dormir encore. Mais tu n’as plus de porte.
_ en effet belle observation… elle lève les yeux au ciel.
_ S’il te plaît. Tu va dormir chez moi le temps que je puisse réparer ta porte.
Elle me regarde, soupire et abdique. Ce fut facile étrangement.
_ Ok, seulement parce que ne n’ai pas la force de me battre à cette heure-ci.
Je lui souris et nous descendons au rez de chaussée. Je lui laisse mon lit, par galanterie et retrouve mon canapé pour quelques heures de sommeil supplémentaire. Demain matin ne vais aller réparer sa porte pour qu’elle puisse être tranquille.
Je me réveille donc aux aurores pour aller à l’étage et réparer la serrure de la porte, je ne sais pas trop ce qu’il se passe dans la tête d’Alev. Elle ne se méfie pas assez des gens qui l’entoure. Alors qu’elle plus que toutes les femmes que je connais, devrais se méfier des hommes. Peut être s’imagine t’elle qu’elle a laissé les monstres à New York, mais ils sont partout. Et Pete en est un.
Ce mec a tué six de nos hommes à coup de poings, alors qu’ils étaient attachés à des arbres, pour un deal qui a mal tourné. Il les as battues à mort comme si c’était de vulgaire sac de frappe, sans remords. Et il aurait fait la même chose a son père s’il avait été avec eux a ce moment là.
Pete est comme un jeune lion a qui on a laissé trop de pouvoir. Il a besoin de pisser partout pour prouver que c’est lui qui commande.
Il remplace son père a la tête du gang des Skull depuis deux ans maintenant. Son père était déjà une raclure, il détestait Folk au plus haut point, mais Pete est encore pire. Maden est un homme froid, calculateur, qui pense que tout lui est due. Folk et lui ont une querelle vieille de plus de 20 ans de ce que j’en sais. Leur seul à connaître toute l’histoire est Frank.
J’entend du bruit dehors ce qui me fais sortir de mes pensées. Je m’avance prêt de la fenêtre du salon d’Alev et la voit, tranquillement, descendre les marches du perron. Je descends les marches quatre a quatre pour la rattraper sur le trottoir.
_ Alev ! Je la hèle dans la rue. Alev ou tu vas ?
_ salut Neven. J’ai une boutique à ouvrir je te rappelle. Je pensais que tu étais déjà partit.
_ Non, je… j’étais en train de réparer ta porte. Je m’avance vers elle. Je vais t’accompagner attend moi.
_ Neven c’est bon, c’est à quelques centaine de mètre. Je t’appelle en arrivant ça te suffirai ?
Je réfléchis un instant, j’aimerai dire oui mais Folk serai fou de rage. Je soupire et prend mon téléphone, j’appelle Lenon et pour qu’il me rejoigne là-bas et prévienne Folk. Lorsque je raccroche Alev me regarde avec amusement.
_ vous allez donc vraiment me pister ? Me dit elle avec un regard en coin.
_ On n’a pas le choix Princesa. Tu ne sais pas à quel point il peut être dangereux. Il a les moyens de te faire du mal et on ne laissera pas faire.
_ J’ai bien compris qu’il avait joué avec moi pendant votre absence. Mais j’aimerai beaucoup savoir ce qu’il voudrait de moi. Faire souffrir mon père ? Mais pourquoi.
_ lui faut il vraiment une raison ? Dis-je avec amusement.
_ je ne pense pas en effet.
Nous marchons ensemble jusqu’à sa boutique. Lorsqu’elle ouvre la porte nous nous engouffrons dans le local, elle pose des clefs, dépose sa c’est en jean derrière la caisse et relève les yeux vers moi.
_ Je te sers un café du coup ?
Je lui souris pour toute réponse. Elle s’affaire et j’entend la porte sonner. C’est Véli, l’épicier d’en face. Il me sourit et s’assoit à une table, un livre ouvert devant lui. Alev me tend ma tasse puis va directement vers Véli pour le serrer dans ses bras, puis lui emmène une tasse de café sans même qu’il n’est rien demandé. Une fois qu’elle est revenue vers moi elle se sert une tasse également et s’assoit à mes côtés.
_ Véli est un de mes plus fidèle client. Me dit elle en regardant sa tasse. Il me tient compagnie jusqu’à huit heures tente et reviens à dix-sept heures.
_ Les affaires marche bien j’imagine.
_ Je n’imaginais pas autant d’ailleurs. Mais je crois que les habitants avaient besoin d’un endroit pour se retrouver. Il n’y a pas de café ou de bar ici. Elle soupire. Dans quelques minutes ceux sont tes amis qui vont arriver.
Je hausse un sourcil, je ne vois pas bien de qui elle peut parler. Les gars du club ne sont pas du genre à lire ou boire le thé. Je les imaginais plutôt, une chope de bière sous le coude avec deux ou trois filles. Surtout a cette heure ci. Il est à peine huit heures. Au moment où mes pensées s’envolaient vers les soirées du club, la clochette de l’entrée retentit et je vois Lenon, Spencer et Alec franchir la porte. Mon regard se fixe sur Alec, lui qui ne fraternise avec personne en temps normal, il s’avance jusqu’au comptoir et prend Alev dans ses bras. Je me lève, les regardant tous les trois.
_ Qu’est ce que vous faites la tous les trois ? Demandais-je
_ on vient prendre notre café. Comme souvent d’ailleurs. Me répond Spencer.
Alev passe de l’autre côtés du comptoir pour leur servir le café, elle ne prête pas attention à leurs regards mais moi, je les vois. Je tape dans le coude de Lenon, il baisse instantanément les yeux vers ses bottes. Alec quant à lui n’est pas tout à fait insensible au charme de la belle rousse. Il l’observe en silence, comme un fauve chassant sa proie. Mais elle est loin de la victime fragile, je sens qu’à tout moment, n’importe lequel d’entre nous pourrais se retrouver, un flingue sur la tempe, pour un geste ou une parole déplacée.
_ Tu n’avais pas une porte à finir de réparer Neven ? Me dit Alev pour le sortir de mes pensées.
_ Je vais peut-être rester. Dis-je la voix rauque.
_ je suis bien assez entouré de bikers. Ils vont sûrement se relayer j’imagine. L’air blasée qu’elle affiche m’amuse
Elle me fait donc bien comprendre qu’elle n’a pas besoin de moi. Je me lève, l’air renfrogné, toise chacun de mes amis et prend la direction de la sortie. En retournant à l’appartement d’Alev je reçoit un appel de Folk.
_ Oui patron.
_ Neven, il faut que tu viennes au club, on doit parler.
_ Je fini ce que j’étais en train de faire, je suis là dans trente minutes maximums.
Nous raccrochons et je file jusqu’à la maison pour avoir le temps de finir cette satané porte.
Une fois au club, je retrouve Folk dans son bureau, il à l’air grave, il n’a pas beaucoup dormi et il ne supporte de savoir sa fille menacée, ça je le comprend, mais, c’est en grande partie sa faute.
_ Président, tu voulais me voir. Dis-je pour m’annoncer.
_ J’ai besoin d’un œil extérieur pour gérer tout ce merdier avec Alev. Je ne sais pas de quoi Pete est capable mais je sais d’avance que s’il touche un seul de ses cheveux je pourrais finir ce que j’avais commencer il y a dix ans avec son père.
_ Je veux sincèrement t’aider, mais j’ai besoin d’en savoir plus, je ne comprends pas ce que veulent les Skulls, mais c’est quand même étrange qu’ils mettent autant de force à s’en prendre à Alev.
_ Fils, je ne peux pas te raconter toute l’histoire. Ce que je peux te dire en revanche, c’est que tout ce que j’ai fais de ma putain de vie, je l’ai fait pour protéger ma fille. Il me regarde comme un enragé. Tout tu comprends ? Et que si elle connaissait toute l’histoire, je ne suis pas sur qu’elle me pardonnerait.
_ Elle est résiliente tu sais. Réponds-je comme par instinct.
_ Je ne laisserai personne me la prendre, elle restera enfermer s’il le faut mais je ne veux pas qu’ils aient une seule occasion de l’avoir.
_ Folk, je peux l’emmener ailleurs, le temps que ça se calme. On à des planques pour ce genre de situation tu le sais, pourquoi ne pas en faire profiter Alev ?
_ J’ai besoin de toi ici, et Alev ne partira nulle part.
Ok, il ne va pas être coopératif. Mais sincèrement, la seule vrai solution pour protéger sa fille c’est de l’emmener loin d’ici, dans un endroit qu’ils ne trouveront pas. Et moi je ne peux pas rester les bras croisés à attendre que le pire arrive. Je soupire, acquiesce, je vais essayer de convaincre Alev plutôt que son père. Mais il faudrait que je lui présente ça comme… des vacances peut être ? Folk me sert dans ses bras, comme un père, comme toujours. Je lui rends son accolade et finit par retourner à mes activités.
Je dois restaurer une vieille Eleanor. Ma voiture préférée. Je pense que si je n’avais pas eu d’abord la passion de la moto, j’aurai collectionné chaque modèle de cette belle mustang. Je retire mon cuir lorsque je suis dans le garage. Mon collègue David, un bon garagiste, m’aide à nettoyer chaque chrome, choisir les pièces du moteur les plus fiables. Cette voiture va couter une fortune à rénover mais elle va aussi nous rapporter un paquet de fric. Je suis sous le moteur, à moitié allongé sous la voiture, depuis des heures. Je sais que la nuit à commencé à tomber, je ne suis pas sortit d’ici car je préférai occuper mon esprit plutôt que de retourner chez moi ou au club et penser à Alev en permanence.
Je commence à démonter la partie basse du moteur, j’entends alors des pas dans l’atelier, David est rentré chez lui il y a plus d’une heure déjà. Je commence à vouloir glisser pour me relever et je sens un pied se poser entre mes jambes sur mon chariot de mécanicien. Je regarde le pied en question et je sais d’avance a qui il appartient. Un sourire étire mes lèvres, je soupire et lève les yeux pour apercevoir Alev pencher au-dessus du moteur à m’observer à travers le capot ouvert.
_ Salut Princesa, que fais-tu là ? lui dis je en continuant finalement ma tâche.
_ je pensais que tu reviendrais à la boutique a un moment, pour me raccompagner ou prendre un café.
_ Comment es-tu venu là ? je demande un peu vite.
_ A pieds évidemment.
Je lève les yeux vers elle et voit la lueur d’amusement qu’il y reste. Elle est penchée au-dessus de moi, j’imagine parfaitement le reste de son corps appuyé contre la voiture, le galbe qu’elle doit avoir me fait saliver d’envie, même sans la voir je sais que mes mains trouveront le chemin. Je sens son pied toujours sur ma planche, ses longs cheveux tombent en avant dans le moteur, elle en a simplement pris quelques-uns pour les rabattre derrière son oreille.
_ Alev, c’est pour ton bien que ton père préfère te savoir avec l’un de nous. Dis-je en commençant à sortir de la voiture.
_ Oui, enfin, je pars quand même du principe que pendant dix ans ça ne l’a pas dérangé de me savoir à plusieurs centaines de kilomètres, il ne savait pas si j’allais bien ou pas finalement.
Je me relève à cotés d’elle et essuie mes mains pleines de graisse et de crasse sur un de mes chiffons dans le moteur. Elle se relève et s’appuie sur la voiture comme pour s’assoir.
_ Je sais que c’est facile à dire. Je lui souris, qui t’a ramené du coup ?
_ Alec, il s’est proposé de me déposer ici pour l’accompagner.
_ Alec s’est proposé ? bah dis donc. Il est vachement sympa.
Elle hausse un sourcil et me regarde, les bras croisés sur sa poitrine, je lui souris, caresse sa joue et vais en direction des douches du garage.
_ Je me change et je te dépose.
En refermant la porte de l’atelier je contiens mon énervement. Je dois prendre sur moi, je n’ai pas à m’inquiéter autant pour elle, après tout, elle m’a déjà prouvé qu’elle était capable de se défendre seule.
Lorsque je sors de la douche, je me dirige vers le clubhouse, elle est en pleine partie de billard avec Folk, Alec et Frank. Je vais vers le bar ou Lenon sert des bières. J’observe Alev qui joue contre son père, ils se cherchent mais elle est si solaire qu’il ne peut pas résister, comme nous tous. Les autres filles du club sont gentilles mais fades, je n’ai jamais trouvé mon bonheur avec elles. Lenon me ramène ma bière et me tape du l’épaule.
_ Tu sais que si Folk remarque ta façon de regarder sa fille il te tuera ? Me dit le jeune Slayers en devenir.
_ De quoi tu parles ? Je réponds rapidement.
_ Tu dévore cette fille des yeux. Alors dis lui ou arrête.
Lenon s’éloigne, il n’a pas tort, je devrais surement mais je ne pense pas qu’elle soit réceptive. Je reste un Bikers, elle en a côtoyé toute sa vie, je ne pense pas qu’elle veuille de cette vie. Elle s’amuse bien avec nous, mais, elle à préféré créer son commerce plutôt que de profiter de celui de papa, car Folk l’aurai surement nourri, loger et blanchi toute sa vie. Elle à investit son argent, son temps et n’a jamais demandé de l’aide, elle à simplement accepter bien volontiers celle qu’on lui à offert.
Elle s’est fait une place, dans nos vies, je ne suis pas sûr que l’idée de Folk, à la base, était de l’inclure dans la vie du club. Mais bon, sa fille a réussi à créer son propre chemin finalement.
Elle finit sa partit de billard et me cherche du regard, je lève la main qui tient ma bière pour lui signifier ma présence. Elle se précipite vers moi en riant, elle à chaud, elle a joué au moins quatre parties pendant que je ruminais mes pensées.
_ Tu veux rentrer maintenant Princesa ? Dis-je en souriant.
_ Pas tout de suite, mais j’ai besoin de prendre l’air, tu veux bien m’accompagner ?
Je me relève et tend la main vers la porte, lui indiquant, de ce fait, que je la suis. Nous traversons la foule, j’ai le droit a quelques coups d’œil intéressés de la part de quelques filles du club, mais je suis accompagné d’Alev, alors elles n’essayeront pas de venir. Je vais pouvoir profiter d’un moment de calme avec elle.
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