Chapitre 6 : Un contrat menacé
*Note de l'auteur : Découvrez l'enquête de Lisanna et de Khalel en dehors du château via ces quelques chapitres. Bonne lecture ! :)
Quand les soldats confirmèrent au roi Sethis que le suspect s’était échappé, tous les invités quittèrent le château à pieds, escortaient vers une destination précise dans la cité de Soranda. Il était tard mais l’urgence ne permettait ni au roi ni à la princesse d’aller se coucher. Suivit par Zara et Knox, ils rejoignirent une salle presque oubliée, située dans l’aile gauche du château. Elle était sombre et sans fenêtre. Deux étagères en bois étaient collées de chaque côté du mur tandis qu’au centre, se trouvait une table ronde en bois à peine assez grande pour accueillir cinq personnes. Un seul lustre de cristal apportait de la lumière et un peu de prestige à cet endroit. Sethis voulait s’entretenir dans un endroit loin des habitudes royales, dans la certitude que personne ne pourrait entendre ou voir ce qui allait se passer et se dire.
Au fond de la salle, se tenait ses soldats avec Khalel enchainé. On avait emmené de force sa conseillère Mei, vêtue d’une simple tunique bleue avec des ballerines blanches. Son visage exprimait de l’inquiétude et de la peur. Mars présent aussi, était plus dépité encore. Il avait été mis au courant pour son roi et il espérait le rejoindre au plus vite. Il se plaça près de l’entrée, gardait par deux soldats. Zara était mise à part, avec le droit de s’asseoir sur l’une des chaises de la table. Elle portait un minishort avec un haut faites de dentelle verte et tripota son pendentif en forme d’étoile. Son regard brun se portait sur la princesse et sur le roi furieux qui se tenaient côte à côte à fixer le suspect.
« Qu’avez-vous à dire Khalel Mildris ?
— C’est plutôt à moins d’exiger des explications, non ?
— Avez-vous pris un complice pour faire la sale besogne ? »
Mei s’alarma. « Il n’est pour rien dans cette histoire, Votre Majesté !
— Le roi de Miduzi est capable de parler sans votre aide, interrompit le roi, je vous conseille de garder votre langue dans la poche ou bien je ferai en sorte que vous la perdez sur le champ ! »
Le visage de Mei blanchit comme un chiffon à vue d’œil. Elle baissa la tête sans un mot, en signe de soumission.
« Alors roi de Miduzi, ne me faites pas attendre davantage !
— Je ne suis pas responsable de cet acte ! »
Sethis frappa le mur le plus proche de lui. Lisanna sursauta légèrement et vit un trou apparaitre après l’impact. Son père ne semblait ressentir aucune douleur. Khalel ravala sa salive. Il pouvait sentir son aura de guerrier bouillir devant lui. Malgré tout, même si Sethis était assez fort pour le réduire en miette à main nue, Khalel se devait de garder une posture droite, le torse gonflé avec prestance, qu’importent les chaînes car il était tout aussi roi. Il ne risquait pas de se soumettre comme un simple voleur.
« Ma fille, ma précieuse fille, a été visé ce soir ! Je n’offre aucune pitié à tous ceux qui osent lui faire du mal, vous comprenez ?
— Je l’entends et écoutez aussi mes paroles ; Je n’appartiens pas à cette mascarade !
— Lisanna m’assure que le roi d’Aldor, a fait bouclier avec son corps !
— J’aurai fait de même s’il ne m’avait pas enlevé la princesse de mes bras. » se défendit Khalel en libérant un sourire assuré à la princesse.
— Mais ce n’était pas vous ! reprit Sethis d’un air menaçant.
— Pourquoi ferai-je une telle infamie ? s’emporta-t-il aussitôt en tirant sur ses chaînes, me considérez-vous comme étant assez stupide pour détruire mes chances de devenir son époux ? Quel intérêt aurai-je ?
— C’est à vous de me le dire !
— Roi de Soranda, mon royaume a toujours eu de bon rapport. J’ai aussi accepté le contrat que vous nous avez imposé, à moi et à Hayden. Si ça ne me convenait pas, je vous l’aurais dit en face.
— Alors expliquez-moi donc qui a gâché la soirée ? J’attends !
— Je l’ignore, mais c’est bien une technique de lâche, digne de Hayden !
— Vous soupçonnez le roi d’Aldor ? Pour l’heure, rien ne dit qu’il va survivre, mais le pensez-vous assez fou pour risquer d’en mourir ?
— Quand on est désespéré, on tente le tout pour le tout. »
Lisanna arqua un sourcil face à sa réponse dont elle ne comprenait pas bien le sens.
« Arrêtez de me faire tourner en bourrique où je laisse Knox s’occuper de vous ! Je me moque de ce que votre royaume en pensera mais s’attaquer à ma fille c’est la guerre que vous obtiendrez en retour !
— Une raison de plus qui m’interdit de faire une chose pareille ! Jamais je ne laisserai l’Aldorien gagner aussi facilement la main de Lisanna !
— Vous niez toujours ? Savez-vous ce qui a blessé Hayden Kepton ? La lame était profonde ! continua Sethis, et pas seulement, elle s’incrustait dans la chair grâce à ses petites pinces aux bouts de la lame. C’est une arme délicate et rare ici mais typique de votre royaume, rappela-t-il en le pointant du doigt.
— Quoi ? »
Lisanna contempla attentivement la surprise se dessiner sur le visage de Khalel.
« Les preuves sont contre vous, ajouta Sethis.
— J’ignore ce que ce couteau fait ici mais ce n’est pas le mien ni à l’un de mes soldats ! Je vous le garantis et si c’est le cas, je le tuerai personnellement. Je vous en prie, je m’entends bien avec la princesse, je ne lui aurai jamais fait de mal ! Je le jure !
— Cessez donc de vous agiter roi Khalel, vos arguments ne sont pas convaincants !
— Père, reprenez-vous, interrompit Lisanna, Khalel a tenté d’attraper le coupable et Hayden, bien qu’il plus… difficile… à quand même décidé de faire bouclier et de me sauver en risquant sa vie !
— Qui te dit que Khalel était vraiment parti pour l’arrêter ?
— Parce que je le crois quand il dit m’apprécier et puis ceux sont vos alliés depuis toujours. Ils n’ont aucune raison d’attenter à ma vie n’est-ce pas ?
— Si je puis me permettre, Roi Sethis, continua Zara, vous êtes tous à cran et fatigué, une bonne nuit de sommeil aiderait à voir plus clair. »
Lisanna remercia sa conseillère d’un signe de tête discret. Sethis était plus enclin à écouter Zara que n’importe qui d’autres, hormis sa fille. Il grommela et céda.
« Dois-je accepter qu’aucun coupable ne se prononcera devant moi ce soir ? Devrais-je me contenter de ses paroles et continuer le jeu comme si rien ne s’était passé ma fille ? Non, il me faut tout arrêter, ta vie en dépend.
— Annuler ? Tu le ferais vraiment ? » s’exclama la princesse.
Sethis prit délicatement la main de Lisanna entre les siennes puis il posa un regard très inquiet sur elle. « Il est hors de question que ta vie soit mise en danger pour une histoire de mariage et de royaume ! » Il se tourne vers le roi « S’il le faut, je vous combattrai tous les deux à la fois ! »
Khalel prit la menace très au sérieuse car le roi de Soranda possédait une très grande armée qui surpassait toutes les autres. S’il promettait combattre deux royaumes en même temps, il le ferait sans hésiter. Menotté et désemparé, le roi de Miduzi abandonna sa posture royale pour s’agenouiller la tête basse, tel un sujet. « Majesté, je vous le conjure, laissez-moi le temps de prouver mon innocence ! Si Hayden meurt, je me dois de trouver le responsable et le lui faire payer très cher car je vous le rappel, ce droit m’est réservé ! Je vous ramènerai le coupable, je le jure ! Je vous en prie en attendant, nos royaumes en dépends, ne brisez pas le contrat ! Pensez à nos peuples respectifs et évitons les morts inutiles ! »
Knox, s’approcha vers l’oreille de Sethis.
« Vous devriez l’écouter votre majesté. Si nous tuons ces deux rois ce soir, leur peuple ne se soumettra jamais à notre royaume et nous risquerions d’avoir d‘incessantes tentatives de meurtres à votre égard ; notamment contre la princesse, en signe de vengeance. J’ajouterai que dans la mesure où nous éliminerions les deux peuples sans pitié, c’est les autres royaumes et notre propre peuple qui se soulèveraient, en signe de contestation. Nous serions obligés de changer de politique jusqu’à être tyrannique pour sauver le royaume et la famille de Sa Majesté ; à moins que votre objectif est d’offrir ce futur à la princesse et aux futures générations…
— Lisanna est en danger Knox... »
Khalel tête baissé sur le sol, serra les dents en même temps que ses poings. Tout était déjà fini ? Or, l’espoir revint au moment où Sethis reprit la parole plus calmement. « … mais ma fille mérite d’avoir un grand roi à ses côtés et Khalel n’hésite pas à se baisser devant moi alors que ça lui en coûte. Il me rappelle la grandeur et la loyauté du royaume de Miduzi. Je sais aussi que l’Aldorien a risqué sa vie pour elle, ce serait indécent d’annuler maintenant. » Le roi Sethis lâcha la main de Lisanna. Il voulut croire aux paroles du roi de Miduzi. Jamais aucun des deux royaumes ne l’avaient trahis jusqu’à ce jour et il espérait qu’une autre explication était possible. Il choisit donc de laisser une chance à ses alliés.
Sethis contempla sa fille quelques instants sans un mot. Elle lui lança un regard suspicieux puis il regarda ses deux soldats. D’un léger hochement de tête, il ordonna à Khalel de se relever et être libéré de ses menottes. Mei releva la tête avec un grand soulagement tandis que la princesse s’indignait.
« Mais enfin père !
— Il suffit Lisanna, le contrat continue d’opérer. Néanmoins, s’il t’arrive quelque chose, ils en paieront tous les deux le prix !
— Et si c’était vraiment l’un deux ?
— Lisanna, tu les crois innocent ou pas ?
— Je… euh… argh, oui bon sang. » concéda-t-elle.
Sethis savait qu’elle n’était pas capable de lui mentir. Il reprit son attention sur Khalel qui se frottait les mains.
« Vous allez rejoindre vos quartiers et nous vous informerons de l’état d’Hayden et de la suite des évènements.
— J’en conviens. » se contenta-t-il de répondre.
Khalel partit en premier suivit des conseillers et des soldats hors de la salle dans un long silence. Sethis demanda à sa fille de rester un moment encore avec lui. La porte de ferma leur permettant de rester seul.
« Père ? »
Sethis resta silencieux quelques secondes en tournant le dos à sa fille puis il inspira longuement avant de parler.
« Lili, cela me désole de te le demander mais… j’espère que toutes ces manigances ne proviennent pas de toi. »
Lisanna s’interloqua « Comment pouvez-vous penser que je…
— Lili, stoppa-t-il, j’ai failli rompre les accords même en sachant que c'est ce que tu désires. Je n'ai pas manqué de voir ton regard s’illuminer quand j'en est fait mention.
— Oui mais quand même…
— Je dois te le rappeler, qu’en dehors d’une guerre totale, tu me mettrais plus personnellement dans une position délicate, au cas où les preuves que je te promets d’obtenir, tombent sur toi.
— Je l’ai bien compris, cher père que mon corps ne m’appartenais plus.
— Tu appartiens au peuple Lisanna, c’est ton devoir de les protéger et de gouverner avec un roi à tes côtés.
— Quand bien même ! s’énerva-t-elle, tu as changé tant de lois sans craindre la colère de certain, rien ne t’empêche aujourd’hui de faire en sorte que je puisse gouverner seule après toi !
— Aucun roi ou reine, ne gouverne seuls ma fille — si je n’avais pas eu ta mère, ou si tu n’étais pas là, j’aurai peut-être prit de mauvaises décisions.
— Les conseillers ne jouent-ils pas ce rôle justement hein ? Zara a toujours été là pour moi comme Knox l’a toujours été pour toi ! C’est suffisant !
— Il faut parfois écouter son cœur, les conseillers n’ont pas cette capacité. Tu le comprendras quand tu seras mariée. C’est pourquoi je te le demande, ne fais pas trop durer les choses, plus vite tu auras choisis, plus vite nous pourrons oublier cette histoire ! Je veux donc te l’entendre dire maintenant, les yeux dans les yeux, que tu n’y es pour rien ! »
Lisanna ferma les poings avec rage au moment où son père se tourna vers elle d’un regard suppliant.
« Oh mais je vous assure père, que je n’y suis pour rien, alors cessez de me rappeler ma position qui m’est insupportable ! Puis-je retrouver mes appartements, ou préférez-vous que j’aille me faufiler dans le lit d’un roi dès ce soir, comme sa putain ? »
Sethis changea d’expression d’un air plus menaçant. « Surveille tes paroles ! Ou je te marie dans la seconde ! »
— Mes excuses roi de Soranda, répliqua-t-elle en faisant la révérence, je suis fatiguée, j’ai besoin de me reposer. »
Sans ajouter un mot, Sethis hocha la tête et sa fille quitta la salle en claquant la grande porte. Zara l’attendait dans le couloir mais Lisanna passa à vive allure sans lui prêter d’attention. La princesse partit en direction de sa chambre, deux étages plus haut avec l’espoir de contenir ses larmes de colère, mais en vain.
***
Au matin, Hayden ouvrit doucement les yeux sur un lit blanc classique. Son corps se trouvait engourdi tandis que sa vue restait trouble. La lumière du jour qui traversait la fenêtre sur sa droite, l’aida à remettre de l’ordre dans son esprit. Cette lumière vive lui rappelait qu’il ne se trouvait pas à Aldor. Son royaume était plutôt pluvieux entre plaines et montagnes, gorgées de pierres précieuses. La vie était plus difficile, peu de chose pouvaient pousser. Ses terres n’étaient pas aussi riche que chez les Miduziens où les Aldoriens. Non, rien d’ici ne ressemblait à son royaume. Les forêts qui entouraient Soranda et ces gazouillements d’oiseaux qu’il pouvait entendre au bord de sa fenêtre, n’étaient pas sa réalité. Hayden voyait claire à présent. Ces oiseaux avec leurs plumages blancs et leurs yeux bleus sortaient tout droit d’un conte de fée. Ils semblaient le fixaient avec curiosité. Hayden était incapable de bouger. Il se souvint de la soirée, de la douleur ressentie dans le tréfonds de sa chair, jusqu’aux cris d’effrois qui l’avaient entouré avant d’être emporté par un trou noir. Il se sentait ridicule et impuissant. Le chant des oiseaux innocents le dérangeait. Il grommela en signe de protestation et tourna sa tête dans l’autre sens avant d’écarquiller les yeux.
Sa surprise fut grande quand il vit, non pas Mars à ses côtés mais la princesse Lisanna, examinant ses bandelettes sur son ventre avec curiosité. Elle ne put résister de toucher, du bout de son index, l’un de ses muscles qui se contracta à son contact. Il serra les dents tandis qu’elle lui souria d’un air moqueur.
« C’est bien, vous ressentez quelque chose, vous allez vous en sortir. », dit-elle avant de s’éloigner s’asseoir sur une chaise.
La princesse fit un mouvement de main en avant, donnant l’autorisation aux deux infirmiers de venir examiner l’Aldorien. Ils vérifièrent s’il était bien conscient puis, ils se concentrèrent par la suite sur la poche de soin et du liquide qu’il contenait. Celui-ci était relié au bras droit d’Hayden par un petit tuyau. Un des infirmiers prit son pou. Hayden grommela. A ses yeux, sa condition n’était pas convenable surtout devant une femme.
« Une perfusion ? s’indigna-t-il.
— Cela vous maintient en vie.
— Je pourrais croire que je vous manquerai…
— Il n’est pas permis que vous mourriez, rappela la princesse.
— Ah oui, c’est marqué sur le contrat… répondit-il en éloignant son poignet de l’infirmier tant son examen l’ennuyait, soit, j’ai dormi longtemps ?
— Hélas qu’une seule nuit.
— Vous pourrez constater ma robustesse légendaire.
— A peine vos yeux sont-ils ouverts, que vous voilà déjà imbuvable, c’est bon signe, je crois.
— Bon ça va, céda-t-il, que me dois votre visite ? demanda-t-il d’un air plus serein.
Lisanna croisa les bras. « Je suis bien obligée de vous remercier.
— Obligée ? Ah oui, en effet, dans ce cas, je me dois de répondre « c’est normal, vous m’êtes très cher.» lança-t-il avec un regard insistant.
Lisanna s’agaça devant cet être qui ne se gênait pas pour la titiller. Elle le fixa durement avant de lui dire : « Je vous hais »
Hayden souria malgré la douleur. « Alors ne rougissez pas. »
— Comment ça je rougis ? Ne prenez pas vos rêves pour des réalités !
— Aucune importance, pensez à m’épouser et à me tutoyez dès maintenant.
— Plait-il ?
— Nous sommes amené à se parler encore un moment. Ce serait plus simple pour tout le monde.
— Vous tutoyez ? dit-elle méfiante, vous ? Le roi d’Aldor ? Celui qui méprise les femmes et qui aime les protocoles ?
— Disons… que cette dague qui m’a transpercé comme un jambon, m’a peut-être rendu plus clairvoyant et respectueux.
— Je n’y crois pas un instant. »
Hayden souria mais grimaça aussitôt. La blessure dans son dos était sérieuse. Lisanna se laissa attendrir devant sa souffrance.
« Les médecins ont dit que cette dague a transpercé votre omoplate. Elle manquait de toucher le poumon droit.
— C’est une dague Miduzienne, n’est-ce pas ? Je le sais car c’est particulièrement…pénétrant, confirma-t-il pleine de sous-entendu.
— Cela vous fait rire ?
— Mieux en rire plutôt que d’être mort ! Qu’est-il devenu l’autre ? Ce n’est pas que je m’inquiète mais, j’aimerai plutôt l’achever moi-même.
— Il n’est pas responsable, lança-t-elle clairement.
— Comment peux-tu en être sûre, princesse ? demanda-t-il agacé.
— Vous insistez sur le tutoiement ?
— Oui, maintenant qu’est-ce qui te rends sûre sur sa personne ? »
Malgré son état, Hayden contrôlait la situation. Son air calme et posé, l’incitait à répondre.
« Parce-que tenter de m’assassiner ne l’amènerai à rien, de même pour votre… pour ta… personne, Ai-je raison ?
— Evidemment. Pourrais-je croire que tu serais déçue si je ne te portais pas d’intérêt ?»
Lisanna se leva et s’avança dans sa direction. Son corps fait de muscle et si faible à la fois, à cet instant le rendait incroyablement sexy. Ce n’était pourtant pas le premier homme qu’elle voyait dans sa vie mais elle s’étonna d’avoir d’étranges pensées pour lui. Hayden, profita de l’occasion pour l’examiner des pieds à la tête. Elle ne portait pas une robe ni de chaussure à talon, au lieu de ça, elle avait des bottes classiques, avec des collants gris qui remontaient à ses cuisses. Un short beige rayé avec une fine ceinture rouge qui entourait sa taille de guêpe. Son corset rouge, serrait sa poitrine et lui donnait plus de volume. Elle avait deux puces en or à ses oreilles mais rien de claquant, hormis une chevalière avec une tête de phénix à sa main droite — le roi y reconnut le sceau de Soranda. Elle avait une petite écharpe bleu nuit autour de son cou, et un rouge à lèvre brun qui épousait parfaitement la forme de ses lèvres. Son trait de line-liner noir accentuait le regard de ses yeux bleus. Rien de ce qu’elle portait n’était digne d’une princesse de son rang. Il trouvait son accoutrement étrange mais qui lui allait vraiment bien. Il sentit son entre-jambe reprendre vie mais il se contenait.
Hayden voulait comprendre d’où cette envie de porter ces vêtements venait quand elle se rabaissa près de lui pour prendre les devants. En se tortillant légèrement de gauche à droite, sa poitrine frôla son torse. Ses yeux dévoilaient une grande confiance en elle pendant qu’elle avança ses lèvres vers son oreille gauche. Assurée d’avoir toute son attention, elle lui chuchota quelques mots provocateurs. « Tu vas te reposer sagement ici, pendant que moi, je serai avec Khalel. Si tout se passe bien à ton réveil, tu subiras un traitement spécial. »
Tandis qu’elle se relev
a, satisfaite de son aveux, Hayden restait comme figé à regarder le plafond puis il reprit ses esprits et tourna la tête vers elle avec le sourire. « Je ne te croyais pas si cruel, tu joues sans que je ne puisse agir ? Regarde dans quel état je suis ! Très bien, je me rends, qu’on me fasse ce traitement tout de suite. » finit-il d’un air charmeur.
Lisanna répondit par un léger rictus et s’en alla en direction de la porte de la chambre.
Le roi d’Aldor, resta sans voix face à son audace. La bague était toujours à son doigt. Il parvint à la faire tourner avec son pouce. Cette princesse était différente des autres ; pas de chichi, pas de soumission, et ce regard toujours hautain. Il était décidé à la prendre et elle aimerait ça. Oh oui, elle en redemanderait, il se le jura. Soudain, Hayden se rappela alors qu’elle avait prévu de rejoindre Khalel. Il n’en était pas question. Pas sans lui ! Il s’agitait malgré la douleur en ordonnant à la princesse de revenir sur-le-champ, mais sans qu’il ne fasse attention, un des infirmiers injecta un produit dans la poche de perfusion, qui plongea le roi dans un maudit sommeil.
***
Dans la cour du roi Sethis, deux chevaux bruns se préparaient à être monté. Khalel accompagnait de sa conseillère Mei, s’assurait d’avoir tout le nécessaire.
« Es-tu sûre que ce soit la bonne solution ?
— Nous allons trouver des réponses en ville.
— Es-tu sûre que c’était lui ?
— Pas du tout, mais ce n’est pas au château qu’on va trouver le coupable.
— Mais quand même, je ne suis pas rassurée !
— Je te l’ai dit Mei, ce matin, je suis revenue au pied de l’arbre dans lequel il avait pris la fuite. En tombant, il s’est blessé, c’est certain, car j’ai trouvé un peu de sang et le masque de renard.
— Et ce masque serait d’après le conseiller Knox, une création de la couturière royale de Soranda ?
— En effet, ma chère, ce qui va nous aider à nous disculper, moi et le grand blessé. Bon que fait la princesse ? J’aurai dû l’accompagner.
— Pas d’inquiétude mon roi, elle était sous bonne garde et suivit par… Zara, sa conseillère.
— Sa nounou si tu veux mon avis.
— Ne sous-estimait pas ma "nounou", elle sait faire pleurer les hommes. »
Khalel soupira en entendant la voix qu’il commençait à bien connaître dans son dos. Il se retourna et fit la révérence à Lisanna. Elle était habillée de son corset rouge et de son short rayé de couleur beige pour leur sortie discrète. Les bras sur les hanches, elle arqua un sourcil. Zara aux côtés de la princesse préférait garder le silence mais elle fixait avec perplexe le Miduzien. Khalel soupira une nouvelle fois et la contempla pour s’excuser. Zara se présentait avec un chemisier blanc, d’un short et des collants noirs terminaient par des bottes en cuir, sous une longue veste beige, brodés de fils d’or sur les manches, mais le regard du Miduzien se tourna à nouveau sur la princesse avec insistance.
« J’ai une tache sur le corset ?
— Veuillez m’excusez, je n’avais pas l’intention de…
— Qu’importe, il est temps d’y aller sans escorte tel est le plan. »
Khalel toussa gêné et reprit « Avec votre accord, il serait bon que j’aille voir mon unité à leur auberge. Peut-être auront-ils vu quelque chose de louche cette nuit.
— C’est une bonne idée, l’auberge longe le chemin principal menant au château. Nous devrions la trouver sans difficulté. N’oubliez pas avant tout qu’officiellement, mon père nous autorise à rencontrer la couturière, madame Reiss, voir lui poser des questions.
— Si cela vous conviens, mais pardonnez ma franchise, qu’avez-vous fait à votre chevelure ?! »
Lisanna vexée, attrapa sa longue tresse noire posée sur le côté droit de son épaule.
— Ceci est une perruque. Tout le monde sait que la princesse est rousse et bouclée. Je reprends un accessoire de mode, qui date de l’année dernière, certes. Désolée que cela ne vous convienne pas !
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Une perruque vous dites ?
— Passons à autre chose voulez-vous ? Je connais mes leçons comme vous semblerait-il. Vous avez aussi fait des efforts pour être méconnaissable !
— Il le faut, pantalon, tee-shirt noir, gant et chaussure banal tout cela sans bijoux. Nous n’éveillerons ainsi aucun soupçon.
— Vraiment ? Connaissez-vous beaucoup de jeunes gens avec la chevelure argentée ?
— On ne peut rien faire contre la beauté.
— Je dis juste que c’est étonnant et que cela vous va bien c’est vrai.
— M’en voilà soulagé, si la princesse veut bien monter à cheval. », dit-il légèrement ennuyé.
Lisanna se pencha vers sa conseillère. « Est-il susceptible concernant sa couleur de cheveux ?
— Tous les hommes sont attachés à leur chevelure princesse, rien de royal là-dedans. »
Khalel lui proposa sa main le sourire suffisant, pourtant Lisanna la refusa d’un geste. Elle monta sans aide sur le dos de sa monture avec prestance. Khalel esquissa un sourire du coin des lèvres et monta à son tour sur son cheval, puis il se positionna au côté d’elle.
« Encore une chose Miduzien, il n’est pas nécessaire qu’on se parle si cela n’est pas nécessaire pour notre enquête. »
Lisanna partit subitement au galop sans laisser Khalel répliquer mais il suivit avec plaisir cette femme au fort tempérament.
Zara et Mei se retrouvèrent seules, entourées de soldat immobile dans la cour à faire leurs heures de garde.
« Quelque chose semble vous préoccuper, intervins Zara.
— Ce n’est rien, je me dis qu’ils peuvent bien s’entendre.
— J’imagine que c’est possible.
— Pensez-vous qu’elle a déjà une préférence entre les deux rois ? Vous n’êtes pas obligé de me dire lequel, je peux comprendre que ce soit délicat.
— C’est madame qui choisira, dit Zara d’un ton sec. Tout ce qui m’importe, c’est la voir heureuse, le reste n’a aucune importance.
— Vous aimez beaucoup votre princesse.
— Si c’est des infos que vous souhaitez, je peux vous dire qu’elle a du caractère, mais elle n’est pas aussi dure qu’elle aime prétendre. »
Mei souria « J’espère juste qu’ils n’auront aucun problème dans la cité. »
Zara attrapa le bras de Mei, d’un air intéressé. « Et si nous prenions un thé vous et moi ? »
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