8. La traversée de Kral Canyon

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La chaleur étouffante de l’après-midi s’imposait dans le désert. Les dunes de sable se perdaient à perte de vue, et le jeune homme avait bien du mal à respirer convenablement sans suffoquer. Néanmoins, l’endroit qu’il convoitait se trouvait au bout de l’horizon. De grandes colonnes de pierre sortaient de terre pour monter plus haut jusqu’à vouloir toucher le ciel.

— Nous y voilà.

Il découvrit son visage de son chèche et porta un regard vers le félin assis sur l’encolure de sa monture, attentif.

— Espérons que rien ne nous arrive.

Il entra lentement dans le canyon, guettant les moindres recoins de pierre ou d’allée. Il regardait vers le ciel, attentif aux mouvements suspects. Car le Kral Canyon était craint par tous les habitants du désert, à cause des créatures qu’elle protégeait et qu’elle nourrissait. Des êtres vivants qui attendaient, tapis dans l’ombre, le passage d’êtres humains ou d’animaux sans défense, avant de les attaquer par surprise ou par ruses.

Le canyon était divisé en trois parties, la première et la dernière se trouvaient au même niveau du sol, parsemé de colonne de granite aussi orange que le soleil brulant. Mais la partie centrale se trouvait en contrebas, les voyageurs étaient obligés de la traverser pour atteindre l’autre côté, car c’était le seul passage existant.

C’était également l’endroit le plus craint par tous. En bas, dans l’ombre des colonnes, croupissaient ces monstres désertiques. Les mangeurs de peaux et buveurs de sang, les créatures dont le poison vous laissait agoniser sous la chaleur étouffante et les rayons du soleil, avant d’être dévorés à moitié vivante.

Il traversa sans encombre la première partie du canyon avec calme, mais méfiance, ne se doutant pas une seule seconde qu’il avait déjà été repéré.

Doucement, il commença sa descente vers le fond du canyon. Les yeux rivés sur les parois rocheuses qui l’entouraient, il guettait le danger qui rôdait autour de lui. Un frisson parcourut soudainement le dos d’Onyx qui fit halte dans la descente. Son regard scannait habilement le fond de la gorge, ses sens étaient aux aguets également, car il lui semblait avoir entendu un bien étrange son pour un endroit comme celui-ci.

— Un sifflement ?

Les oreilles du félin s’étaient redressées, attentives à tout éventuel bruit. Sa monture avait ralenti l’allure, mais Onyx exerça immédiatement une pression sur ses flancs pour continuer leur route, n’étant aucunement serein en ce lieu.

Les seuls sons qui se faisaient entendre étaient les pas de sa monture. Le bruit de ses sabots contre la roche du sol se répercutait en échos contre les murs rocailleux, brouillant tous autres sons les entourant, ce qui augmentait progressivement l’angoisse présente dans le corps du jeune homme.

Le col était long, très long, et autrefois, il abritait un cours d’eau, un fleuve qui prenait son eau de la mer pour traverser une grande partie du désert afin de déboucher dans la capitale de Rui Wang. Mais le fleuve a doucement commencé à s’évaporer, privant la capitale et ses villes alentour de toute cette eau si importante, jusqu’à disparaître complètement. Aujourd’hui, il ne restait plus que les traces d’érosion contre les parois rocheuses, et un petit fil d’eau au fond du gouffre, un fin ruisseau n’apportant plus assez de courant pour continuer sa route plus loin.

Le cavalier se retrouva au fond du gouffre et marcha calmement. La brise du vent s’engouffra dans le canyon et lui cria le danger qui le guettait. Un cri humain l’alerta immédiatement, le faisant s’arrêter. Des sabots tapaient la roche, galopaient vers lui. Il n’était pas seul dans ce canyon, et ce n’était pas une bonne chose.

Un groupe de cavalier arrivait vers lui rapidement, l’encerclant sans qu’il ne puisse fuir. À leurs tenues, ce n’étaient pas des gardes royaux ni de simples voyageurs. C’était des vagabonds, des mercenaires du désert.

— Regardez ce que nous avons là.

Un homme s’approcha du voyageur, mais le cheval d’Onyx ne le laissa pas approcher plus de son cavalier, ruant en donnant de grands coups de postérieurs vers le buste de l’autre monture. Son hennissement était grave et violent, montrant qu’il ne souhaitait aucunement être approché par ces étrangers.

Certains hommes du groupe se positionnaient dans l’ombre du canyon afin de fuir la chaleur étouffante des rayons du soleil sur leurs peaux.

— Que fais-tu donc ici étranger ?

Il n’obtint aucune réponse, car l’étranger concerné était concentré sur un élément plus inquiétant qui les entourait. Néanmoins, le bruit des pas des équidés sur la roche, et les voix des mercenaires ne lui permettaient pas de se préparer à ce qui l'attendait.

Une ombre passa au-dessus d’eux, ce qui intrigua Onyx qui releva la tête vers le haut du canyon. Il remarqua alors trois silhouettes humaines perchées sur la roche, arc en main, flèche sur la corde, prêt à tirer.

Il était pris au piège, et ne pouvait pas s’enfuir sans être blessé. Le groupe se trouvait entre la lumière et l’ombre du canyon, chose qui ne le rassurait pas. Encore moins lorsqu’un nouveau sifflement retentit à ses oreilles.

— Intéressant.

Un frisson parcourut le corps d’Onyx face à cette voix lugubre semblant sortir de ses pires cauchemars.

— Qui est là ? s’exclama l’un des mercenaires.

Il fit halte parmi les siens. Il regarda autour de lui, à la recherche du propriétaire de cette voix si glaciale.

— Je suis votre ombre, vous suivant jusqu’à l’épuisement.

Un sifflement strident fendit l’air en deux, résonnant en échos dans le canyon. En alerte, les cavaliers remuaient autour du jeune homme, retirant entièrement leurs chèches, dévoilant leurs visages à leur ennemi, mais également leurs lames tranchantes données.

— Montre-toi ! s’exclame le chef des mercenaires.

Il prit ses rênes dans une main, faisant tourner son cheval sur lui-même afin de s’afficher imposant face à son ennemi. Mais ils arrêtèrent tous de bouger lorsqu’un sifflement plus fort se fit entendre à leurs côtés, faisant tourner la tête dans sa direction, avant de se figer face à cette créature peu commune, mais connue comme étant une légende, et un danger mortel.

— Slithern… souffla Onyx d’effroi.

La créature face à eux ressemblait à un humain, mais le bas de son corps se confondait avec celui d’un serpent. De couleur noire comme la nuit aux tâches dorée semblable au soleil, ses yeux noir et jaune, son sourire meurtrier. C’était l’une des créatures les plus craintes dans le désert, le sifflement était son avertissement, mais si vous aviez l’audace ou l’imprudence de franchir la limite de son territoire, il se manifestait et ne faisait qu’une bouchée de votre corps, laissant le venin de ses crochets se propager lentement dans votre corps.

— Recul imbécile ! s’écria le chef à l’un de ses hommes, proche de la créature.

Trop tard. La créature fondit sur sa proie, s’enroulant rapidement autour de l’équidé et de son cavalier. Il planta violemment ses crocs dans la chaire tout en brisant les os de ses victimes dans un craquement sec, qui se répercutaient contre les parois rocheuses. Cette scène effraya le reste des cavaliers qui reculèrent, les chevaux apeurés ruaient en souhaitant fuir.

Ils ne s’attendaient pas à ce qu’un second serpent sorte de l’ombre, bousculant quelques cavaliers pour s’en prendre à l’un des leurs. Onyx fut projeter à terre. Le choc avec le sol fut brutal et sa monture décida de déguerpir un peu plus loin, trop effrayée par les deux Slithern présents.

Il essaya de se relever, et manqua de se faire piétiner par le groupe de mercenaire. Les cheveux s’emballaient et ruaient pour décamper, mais les cavaliers n’avaient reçu aucun ordre de leur chef. Ce dernier était également à terre, non loin de l’étranger, blessé au visage, qui avait échappé de peu à l’attaque de la créature.

Le jeune homme remarqua que les deux Slithern qui avaient agressé des cavaliers se trouvant dans l’ombre du canyon. Malgré les archers qui essayaient de les abattre du haut du canyon, c’était trop tard.

Se rendant compte lui aussi de la situation, le chef des mercenaires se releva rapidement. Il en vint aux mains en essayant de pousser Onyx vers l’ombre du canyon. Luttant, ils furent tous deux bousculés par l’un des chevaux sans cavaliers qui les heurta dans la panique.

L’une des chimères les remarqua, fondant directement sur eux pour les occire. Un archer décocha une flèche proche de la tête de l’animal, attirant son attention. Ce fut une seconde qui permit à l’étranger de reculer dans un rail de lumière, laissant le chef de mercenaires à la merci du monstre.

Ce dernier essaya de fuir à son tour, mais la créature fut plus rapide. Elle vint s’enrouler autour de son corps, avant de serrer lentement ses muscles, ce qui détruisit les os de l’homme les uns après les autres.

Sentant le danger toujours présent, le tenericien se mit à courir, sifflant pour appeler son cheval afin de fuir. Ce dernier galopa vers lui, esquivant les autres cavaliers qui essayaient de l’arrêter, Sarshall sur son dos, s’agrippant à la selle.

L’un des archers décocha l’une de ses flèches, qui frôla la peau du jeune homme, écorchant son bras. Mais il parvint à monter sur sa monture au galop, s’installant rapidement avant de l’inciter à prendre de la vitesse.

Les deux créatures poussaient un sifflement de rage, résonnaient sur les parois du canyon, alertant leurs congénères. C’est alors qu’un parcours se mit en place pour Onyx, qui essayaient de rester dans le rail de lumière, qui diminuait de minute en minute.

Il entendait les cris de panique et d’agonies des bandits, pris au piège au fond du canyon. Il entendait également les flèches sifflées proche de ses oreilles, frôlant sa peau, s’ajoutant aux écorchures présentes dues à sa chute.

Certains Slithern essaient de le faire chuter en effrayant sa monture, mais ce cheval était concentré, et ne se laissait plus effrayer par ces monstres. Ils parvinrent à sortir du canyon sans autres blessures, mais ne s’arrêtèrent pas. Il continua de galoper dans le désert, souhaitant rejoindre au plus vite Rakugaki. Car il ne sera en sécurité qu’entre les murs de ce caravansérail.

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