12. Danger nocturne

5 minutes de lecture

Les festivités s’assouvissaient, les lumières s’adoucissaient, les éclats de voix s’estompaient au milieu de la nuit. Les flammes du grand feu au centre du caravansérail diminuaient en intensité, laissant la noirceur de la nuit gagner ce lieu. Le sommeil cueillit les voyageurs qui se retirèrent les uns après les autres dans des cavités creusées dans la roche, des pièces aménagées pour accueillir une à deux personnes, afin de se reposer pour la nuit.

Onyx salua Badho et les deux gardiens de la caravane, et trouva refuge pour la nuit dans l’une des pièces vides. Le sol était recouvert de coussins et de tissu, rendant le lieu plus confortable. L’ouverture dans la roche était préservée par un rideau, laissant entrevoir les silhouettes encore amassées autour du feu. Il s’y assit un instant, regardant les deux gardiens du Wahah discuter autour du feu.

Bien que Rakugaki était un lieu de repos pour les voyageurs, ils devaient tout de même être prudents. Le désert réservait de nombreuses surprises, que ce soit des créatures, ou des étrangers. Unakite et Topaze restaient donc éveillés à tour de rôle pour veiller sur les membres de la caravane pour la nuit.

Soufflant un instant, Onyx finit par laisser le haut de son corps retombé en arrière, se couchant sur les coussins qui amortissaient sa chute. Sarshall se faufila à travers les draperies pour se coller contre le flanc de son compagnon de route, patouna un instant à ses côtés avant de se coucher en boule.

Un fin sourire vint fleurir sur le visage du jeune homme qui se tourna légèrement pour être couché sur son flanc, le félin proche de son ventre. Un bras sous sa tête, le second caressant le pelage tacheté de l’animal, l’aventurier finit par sombrer dans ses songes sous le crépitement des braises non loin de lui.

Les deux gardiens de la caravane se relayaient durant la nuit. L’un se couchait proche du feu, s’endormait rapidement, tandis que le second s’occupait en sculptant un objet dans un vieux morceau de bois. C’était une habitude qu’ils avaient prise tous les deux. Ils étaient tout de même surpris de ne pas avoir vu le troisième gardien du Wahah dans la soirée.

Néanmoins, le voyage qu’ils avaient fait auparavant semblait avoir raison d’eux, car Unakite finit lui aussi par s’endormir, sa tête chancelant en avant, ses paupières tombaient lentement. Le caravansérail fut alors laissé sans surveillance durant un laps de temps dangereux. Et une ombre en profita pour se faufiler le long des parois.

Bien qu’avec un œil valide, il discerna parfaitement les deux gardiens du Wahah, ainsi que les silhouettes couchées dans les pièces de repos, dormant paisiblement, sans se soucier du danger qui les guettait. En particulier l’un d’entre eux.

L’homme s’approcha de la pièce où s’était endormi le nouveau voyageur, discernant dans l’obscurité sa silhouette couchée sur le flanc, ainsi que celle de son chat. Soufflant un court instant, il passa sa main dans son dos, le regard fixait toujours la silhouette immobile du garçon, et empoigna silencieusement la poignée de son arme. Soudain, une voix calme, mais froide retentit dans les alentours.

— Je ne ferais pas ça à ta place.

L’homme cessa tout mouvement, ses yeux balayaient le caravansérail d’un côté, et tomba sur une présence qu’il n’avait pas remarquée. Une silhouette assise en tailleur sur l’un des murets le fixait de ses yeux émeraude.

Bien qu’il n’eût prononcé que quelques mots, l’étranger n’osa faire un pas de plus vers sa cible, un grognement grave retentissait à ses oreilles tel un avertissement. Il parvint seulement à discerner deux orbes dorés dans l’obscurité de la nuit, qui semblait le sonder tandis que les grognements s’échappaient de sa gueule entre-ouverte.

Il ne put nier la peur qui le rongeait, et décida de relâcher son arme. Il recula de quelque pas sans pourtant perdre le contact visuel avec la silhouette assise sur le muret. Se sentant proche de sa monture, il détourna le regard pour monter en selle, partant à la hâte de cet endroit, un gout amer dans la bouche.

Cette soudaine fuite eut le don de faire pouffer le jeune homme aux yeux émeraude, qui vint caresser la tête du canidé à ses côtés, avant de quitter le muret. Prudemment, il s’approcha de la pièce convoitée par l’inconnu, et tira légèrement l’un des rideaux afin d’apercevoir le nouvel aventurier.

Le canidé suivit ses pas, et s’arrêta à ses côtés, humant l’air en sentant la présence du félin. Mais c’est le jeune homme qui fut le premier curieux à s’avancer dans l’espace personnel du nouvel arrivant. Il s’accroupit proche de lui, sans le moindre bruit.

Ses yeux verdâtres glissèrent sur le visage d’Onyx, descendant vers sa nuque, et se posèrent finalement sur l’une de ses mains qui reposaient sur le dos du chat. Il resta un court instant ainsi, puis se releva. Il quitta la pièce en refermant le rideau convenablement.

Il caressa brièvement la tête du canidé tout en s’avançant vers le feu, et constata que ses deux congénères avaient vendu leurs corps au sommeil. Il s’assit à côté d’Unakite, posant une main sur son épaule pour faire pression et le réveiller. Son ami le regarda interdit, se rendant compte de son erreur.

— Je suis désolé.

Un bâillement lui échappa lorsqu’il leva les bras vers le ciel pour se détendre.

— Ce n’est rien, je n’étais pas très loin.

Le jeune homme vint prendre l’un des verres posés proche de feu afin de se servir une coupe de breuvage.

— Tu n’étais pas présent ce soir, constata Unakite.

Il vint remuer la braise du feu afin de le garder allumé.

— J’étais sur les hauteurs, j’ai pu profiter de la musique tout en vous surveillant.

Il but une gorgée de Jallab, puis reposa son verre au sol.

— Qui est le garçon qui dort parmi nous ?

— Onyx, un étranger de Tenerice. Il a demandé à Badho de l’emmener à Thalios, et pour une raison que j’ignore, il a accepté.

Il essaya de réveiller le troisième gardien du Wahah, toujours endormi, tandis que le plus jeune semblait surpris.

— Il souhaite se rendre à Thalios ?

— Oui, c’est ce que j’ai compris d’Itildin et Kiera. Topaze réveil toi.

Il soupira en tapant un peu plus fort sur l’épaule du concerné, qui finit par se réveiller. Le regard émeraude du troisième gardien se tourna de nouveau vers les rideaux cachant la pièce où se reposait l’étranger, et il ne put s’empêcher de douter de ses intentions.

— Tu devrais te reposer, la route risque d’être longue demain. En particulier vers Esyadell, lui conseillait Unakite, une main sur son épaule.

— Arriverez-vous à rester éveiller cette fois ?

Son sourire malicieux fit ricaner les plus vieux, qui lui offrit une tape sur la tête.

— Dépêche-toi avant que je ne t’assomme.

Le jeune homme rit doucement, et se laissa tomber en arrière, les bras derrière la tête. Il n’avait pas besoin de pièce de repos, le ciel étoilé restait son principal toit.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Arawn Rackham ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0