Combat dans les Highlands

5 minutes de lecture

 Les sommets des montagnes des Highlands étaient dissimulés par de gros nuages gris et sur leurs flancs se dessinaient des routes sinueuses et accidentées. Sur l’une d’entre elles roulait une vieille camionnette transportant des tonneaux de bois, conduite par Fergus. Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis le départ de la capitale écossaise et le véhicule n’avait vu aucune habitation depuis longtemps dans cette vaste contrée sauvage. Au détour d’un tournant, le jeune conducteur aperçut au loin une distillerie située au pied des monts Grampians. Après que des employés lui aient ouvert les grilles à son passage, la camionnette fut garée dans un entrepôt dont les portes furent aussitôt fermées. Fergus descendit du véhicule et aida les employés de la distillerie, de vigoureux barbus écossais, à le décharger. Dès que ce fut fait, il retira une planche du plancher de la benne de la camionnette, révélant un compartiment dans lequel se trouvait Aigneas.

 — Enfin, dit-elle en sortant avec la mallette de sa sœur en main, je me sens toute ankylosée après être resté enfermée durant toute cette longue route !

 — Et nous ne sommes pas encore au bout, répondit Fergus, il nous faudra entamer une longue marche à travers les Highlands…

 — Mais ne risquons-nous pas de tomber sur des patrouilles en marchant exposés dans ces paysages ?

 — Nos chances de passer inaperçus sont bien plus importantes dans les Highlands ! Ces terres sont en effet très difficiles à explorer en raison de leurs étendues sauvages et des chemins difficilement praticables, permettant aux combattants de la résistance de se dissimuler dans des refuges souterrains sans être repérés par les autorités. Ainsi les distilleries comme celle-ci et les rares habitations constituent les uniques points de contact avec le monde civilisé et lieux de réunions stratégiques pour les résistants.

 — Tu crois que je pourrais être d’une utilité quelconque à ces résistants ? Car je ne souhaite pas être un poids pour eux alors qu’ils doivent avoir peu de ressources à leurs dispositions.

 — Tu en as déjà fait beaucoup pour la résistance, Aigneas ! Avec ces documents que tu as pris la peine d’emporter, tu garantis que nos codes ne tombent dans les mains des Stewards ! De plus, la résistance a déjà aidé de nombreuses victimes du régime en les dissimulant tout comme elles peuvent se montrer utiles d’une façon ou d’autre, à l’instar de ta sœur !

 Sur ces mots, Aigneas sauta au cou de Fergus en versant une larme et le serra contre elle. D’abord hésitant, le jeune garçon la prit à son tour dans ses bras.

 Après être sortis de l’entrepôt, Rob, Fergus et Aigneas furent rejoints par un employé à la stature robuste.

 — C’est vous qui devez rencontrer la résistance, demanda-t-il à avec un fort accent écossais, je suis Bruce Buchan ! C’est moi qui vous guiderai vers leurs repaires ! Votre matériel est prêt, il se trouve…

 Il fut interrompu par un bruit de camion arrivant à toute vitesse, attirant l’attention du guide et des deux fugitifs. Regardant vers la grille d’entrée, ils virent s’arrêter devant celle-ci un camion militaire avec le symbole du British Union of Fascists. De ce véhicule débarquèrent des soldats à l’uniforme brun foncé, équipés de bottines noires et d’un casque Brodie de la même couleur. Plusieurs Stewars accompagnaient ces militaires aux nouvelles couleurs de l’armée britannique fasciste, dont le capitaine Cromwell qu’Aigneas et Fergus reconnurent aussitôt.

 — Livrez-nous cette fille et vous serez épargnés, cria-t-il montrant l’adolescente au loin.

 Pour seule réponse, l’un des employés sortit une mitraillette Sten d’un tonneau et tira une rafale en direction des fascistes. Tandis que le capitaine Cromwell eut juste le temps de se mettre à l’abri, quelques soldats furent tués et s’écroulèrent. Profitant de ce bref répit, Fergus et Aigneas suivirent Buchan en courant. Ils se mirent à l’abri derrière des caisses et le guide leur donna des sacs et équipements pour la marche.

 — Comment ont-ils pu savoir qu’Aigneas était ici, demanda Fergus essoufflé.

 — Pas la moindre idée, répondit Buchan, mais il nous faut partir sans qu’ils nous aperçoivent ! Suivez moi et surtout, ne tentez rien contre eux !

 Ils coururent de plus belle en direction des pentes de la montagne tandis que les employés et les militaires continuaient d’échanger des coups de feu. Après une longue course en montée, les trois fuyards arrivèrent au sommet de la pente pour reprendre leur souffle. Cependant, à peine eurent-ils le temps de le reprendre que plusieurs coups de feu furent tirés et le guide s’écroula ventre à terre. Aigneas et Fergus se retournèrent et virent des soldats et Stewards s’approcher d’eux, le capitaine Cromwell à leur tête.

 Face à cette menace, Fergus sortit son pistolet caché de sous sa veste, prit Aigneas par le bras et ils se mirent à l’abri derrière un rocher. L’adolescente tremblait de peur tandis que Fergus, tenant fermement son arme, attendait. Il se redressa prestement et tira en direction des fascistes courant vers eux. Un soldat, touché, s’écroula mais un autre brandit sa mitraillette Sten et tira. Fergus évita la rafale en se dissimulant derrière le rocher. Il s'apprêtait à tirer de nouveau mais fut interrompu car des coups feux résonnaient au loin. Intrigués, Aigneas et Fergus regardèrent par-dessus leur cachette et virent que les fascistes s’enfuyaient. Ils se retournèrent et virent courir plusieurs hommes armés, en kilt ou en tartan, et dont le visage était coloré en damier.

 — Nous sommes sauvés, s’exclama Fergus, ce sont des membres de la résistance ! Ils sont arrivés à temps !

 L’un d’eux, un costaud à longue barbe et chevelure rousse, s’approcha de Fergus et l’interpella :

 — C’est vous qui deviez rejoindre notre repaire ? Tandis que nous patrouillions dans la région, nous avons aperçu un camion militaire se diriger vers la distillerie de Carn na Caim. Craignant le pire, nous nous sommes donc précipités vers la distillerie afin d’intervenir au cas où.

 — Vous avez bien fait, répondit Fergus rejoint par Aigneas, cependant, comment se fait-il que les fascistes savaient que la distillerie servait de relais à la résistance et qu'ils nous y trouveraient ?

 — S’ils savaient pour ma sœur et pour ici, intervint Aigneas, je ne vois qu’une seule explication : quelqu’un a dû renseigner l’ennemi de nos objectifs !

 — Cela supposerait que notre groupe a dû être infiltré et que quelqu’un est courant de nos moindres faits et gestes, remarqua Fergus, le tout sera de savoir qui et comment le savoir !

 — Il faudra alors en aviser Beira, dit le résistant, elle seule est digne de confiance ! Enterrons d’abord Buchan et allons mettre Aigneas et la mallette à l’abri dans notre repaire !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Stefen Rabben ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0