Je n'aurais jamais pu écrire cette phrase si, le quart de seconde avant de passer la porte, je n'avais pas remarqué le reflet de Théo, mon blondinet aux taches de rousseur et au regard bleu, emprisonné dans le miroir de la salle de bain, paraissant bien vivant, qui, me faisant grand signe de ne pas continuer mon chemin en agitant les mains, semblait crier comme pour m'alerter, mais sans que je n'entende aucun son, d'un air plus qu'apeuré et les sourcils inquiets, m'obligeant à pivoter rapidement la tête désormais vers l'original du beau garçon que j'aimais depuis sept ans déjà, pour découvrir, terrifiée, que son original de chair, les bras ballants, les mains rouges de sang gouttant sur le sol, la tête à 180° de son axe habituel et basculée en arrière, les yeux immobiles tournés vers le plafond et la bouche écartelée laissant s'échapper un sang noir, que son âme n'était désormais plus sur Terre, que l'horreur était entrée chez nous, qu'un monstre des ténèbres avait sévi et que mon sort serait le même si je ne fuyais pas immédiatement.