Elle a cinq ans ou quatre ans, quand elle fait des tests psychologiques et de QI pour aboutir à la conclusion qu’elle doit sauter deux classes : de moyenne section, go to CE1 directement. Aucun souvenir de cette époque. On lui répétera plusieurs fois dans sa vie « heureusement que le docteur Schmitt a eu la présence d’esprit de refuser ce saut de classe. Pourquoi ? Justine n’est pas très grande pour son âge. Au-delà de sa maturité, elle n’arrive que sous les bras. Et selon le docteur Schmitt, vivre bien en dessous de tous ses camarades de classe aurait été compliqué à vivre point d’un point de vue émotionnel. Les enfants c’est bien connu sont ingrats entre eux à cet âge-là. Peut-être bien à tous les âges d’ailleurs l’ingratitude existe ou n’est-ce juste qu’une question de gras ?

Le docteur Schmitt conclut « Elle est brillante et intelligente mais le physique ne suit pas. Iriez-vous mettre une souris dans la fosse aux lionceaux ? Assurément non. » Sa joute verbale peut probablement être suffisante pour se défendre mais ses parents se plient au choix du médecin et donc elle ne change pas de classe et continue de sauter à la corde. Malgré sa maturité, elle était encore bien jeune pour sauter autre chose que là encore, les moins de vingt ans ne peuvent comprendre ! Donc sa scolarité se passe sans embûche. Du début jusqu’à la fin, elle est première de la classe avec les félicitations chaque trimestre. Elle est major de promo dans toutes ses années universitaires. Bref un parcours linéaire sans faute avec pour comble (et incompréhension et jalousie parfois), c’est qu’elle ne bosse aucun de ses cours à aucun moment de sa vie. Elle a de ce fait plein de temps libre. Elle a vite compris qu’il suffisait juste d’écouter en cours et d’écrire proprement sur ses cahiers et relire une fois avant les interros. Son temps libre, elle le passe à faire du sport. Shaki a probablement fait tous les sports possibles et imaginables de combat, de raquettes, plus classique comme la danse, plus complets comme la gymnastique et la natation. Elle a aussi fait des plus exceptionnels pour une parisienne : équitation et ski. Mais là encore dans certains sports (pas tous pour cette fois !) elle réussissait les concours, les championnats, les compétitions.

Une enfance bien remplie mais épuisante pour l’entourage qui avait du mal à maintenir le rythme de cette hyperactive à qui on a aussi filé des livres pour se poser. Les livres l’enfermaient dans une forme de bulle dès son plus jeune âge. Et la pipelette gagnait forcément au roi du silence dès qu’elle avait un livre en mains. Ses parents comme ses frères l’ont vite compris.