Je suis née rouge rose dans un champ d'oseille.

Quand vient la rosée, ces perles de pluie pures,

De parfum je m'arrose et de rouge m'habille

Pour que senteur et beauté fassent ma nature.

Je suis l'allégorie d'une belle peinture

Quand le vent me soulève, mes pétales vrillent.

Danse, chante, innocente petite pupille

Car bientôt l'heure sera aux viles souillures.

Quand les flots me dérobent ma rouge parure,

Restent mes épines pour charmer le bon drille.

Seul est ce moyen pour qu'égale pacotille

Nourrisse et porte mes feuilles jusqu'aux nervures.

Quand après la foudre tout redevient obscur,

Lui s'enfuit en riant et ces "autres" m'injurent.

Qu'as-tu fais la veille ma tendre camomille ?

J'ai pour quelque pollen échangé mon pistil.

Mon père me disait étant petite fille :

"Grande sera ta beauté en talons aiguille".

Les années ont coulé, désormais j'en suis sûre :

Les beaux mâles nous ont soumis leur dictature.