19
Aujourd'hui, la beauté à cet endroit précis. Au carrefour des chemins creux et des ruisseaux d’étincelles, se profile la crête des illusions d'où se détachent des lueurs qui s'égarent dans les regards posés sur elle. On se sent dans l'univers d'une goutte d'eau ou dans un champ ensemencé d'étoiles, et l'on plongerait bien les doigts dans cette nappe argentée pour faire danser le songe. On reste au bord d'on ne sait quoi, de ce murmure paisible, de ce ruban d'éclat immobile et quand bien même ce serait le seuil d'un gouffre, on reste là à écouter vibrer les cordes de cet instant impalpable, tremblant un peu.
C'est un murmure continu au milieu duquel on avance, pèlerin de la langue cherchant sans fin à percer les sens qui résonnent entre les mots ou dans les mots eux-mêmes, tentant de garder une forme d'équilibre dans cet entre-deux du chant métallique où veille l’intelligence. Lorsque le désir s'infiltre sous l'opacité du matin, que des phrases se cherchent, que des mots tentent des épousailles dans la densité d'un clair-obscur qui révèle leurs ombres, que d'un rien, d'une étincelle on parvient à un souffle qui se prolonge jusqu'à un fragment, parfois dans une sorte de sauvagerie qui laisse un peu éperdu, on dit alors qu'on ne sait rien de ce qui vient de se déverser là sur la page, on dit que c'est un peu de rosée entre les doigts, quelques taches blanches sur un pré au printemps, on dit tout cela dans un sourire.
Annotations
Versions