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Le lendemain, une douleur inattendue le réveilla. Une pierre tombale de honte l’écrasa en se souvenant des circonstances. Puis le transport extraordinaire qu’il avait vécu revint. Pourquoi cette pratique était-elle repoussée avec tant de mépris, alors qu’elle était si belle… il se leva pour soulager son ventre : c’était son heure ! S’il souffrit lors de cette libération, pour rien au monde, il ne regrettait son expérience. D’autant qu’en revenant dans la chambre, il avait le plus beau spectacle imaginable : Macodou dormait les bras au-dessus de la tête, augmentant encore sa finesse. Les petites tresses entouraient son visage apaisé, si féminin dans sa beauté. Aucune trace de barbe au matin, quel être étrange ! Il s’était posé doucement, survolant son aisselle au parfum entêtant, sa bouche pour sentir son haleine soufflée doucement entre ses lèvres entrouvertes. Il survola ce visage, cette tête, d’une main pleine de respect, descendit sur l’extraordinaire petite poitrine pour arriver à ce pubis et ce sexe net comme celui d’un enfant. Entre ses jambes écartées, parfaitement vertical, son phallus érigeait sa vigoureuse jeunesse. Contrairement au sien, il n’avait pas de prépuce, le transformant ainsi en un totem vénérable.

Gilles ne voulait pas réveiller son amant, juste rendre grâce à ce qu’ils avaient partagé. Par de petits baisers, il renforça l’érection. Par de petits coups de langue, il préparait ce mat quand une main dans ses cheveux l’obligea à lever les yeux vers l’heureux propriétaire de ces attributs. Y lisant un encouragement, il le saisit à pleine bouche. Ses mains passaient des fesses à l’intérieur des cuisses, remontant le ventre, avant de reprendre ce doux circuit. Peu habitué, il ne sentit rien venir et accepta avec joie cette fontaine de jouvence. Quand il fut abreuvé, il remonta vers le beau visage, laissant leurs corps se caresser. Macodou lui prit la tête et lui posa un baiser, un sourire dans les yeux.

— Je suis à toi. Je t’appartiens.

— Non. Tu es toi, merveilleusement toi. Hier, tu m’as ouvert des portes inconnues et défendues. Je te dois tout. C’est moi qui t’appartiens. Je voudrais te rendre ce que tu m’as donné.

— Je ne comprends pas…

— Dis-moi ce qui te ferait plaisir et je serai ton esclave jusqu’à ta jouissance !

— Ah ! Tu as entendu, hier, quand je t’ai dit que j’étais Macodou ou Codou. En fait, je suis Codou, je suis une fille. J’aurais aimé être une fille…

— Tu es tellement b.. belle ! Tu en as la grâce. Si tu le veux, dorénavant, je ne t’appellerai que Codou !

Un splendide sourire le remercia de son attention, pourtant évidente. Être reconnu dans sa véritable nature était si rare.

— Regarde, je porte une coiffure de fille, j’adore me promener maquillée, en boubou. Je suis vraiment un homme-femme, un goor-jigueen. J’en suis fier. Alors, je préfère être pris ! Tu veux bien ?

Gilles déposa un baiser. Codou l’habilla, le couvrit de gel et se remit dans la position de la veille.

— Je veux te voir. Je préfère cette position.

Gilles s’introduisit avec facilité. Se sentir posséder Codou lui conférait puissance et estime nouvelle de soi. Il s’appliqua à observer soigneusement son partenaire, voulant le porter aussi haut qu’il le pouvait, maîtrisant sa montée de plaisir. Il ne savait pas faire, mais luttait contre ces forces obscures : Codou avant tout ! De toute façon, tenir ses jambes, les caresser, l’accompagner était extraordinaire. Il finit par trouver ce qui le stimulait le plus.

Quand Codou revint, accompli, il se laissa partir, trop heureux du bonheur de l’autre. Les paroles étaient inutiles. Avoir fait jouir son idole le combla. Après un silence de récupération, il entendit :

— Et toi, qu’est-ce que tu préfères ?

Comment avouer que, comme lui, comme elle, s’offrir était autrement fort ? C’était aussi être en soumission… Codou lui montra comment, en chevauchant, on pouvait être le seul producteur de son plaisir, l’autre n’offrant que sa rigidité. Il fut surpris agréablement de voir que Macodou pouvait retrouver une telle dureté, alors qu’il venait de se vider peu de temps auparavant.

Épuisés, ils se collèrent et se rendormirent.

— Oh, la ! Va vite manger et à ton cours de gym !

Codou s’éclipsa instantanément. Gilles eut juste le temps de lui arracher son maillot de la veille pour y fourrer son nez.

À 10h, Gilles se dirigea vers la piscine, engoncé dans le t-shirt de son ami. Ce dernier ramassait au filet les derniers débris dans la piscine, se penchant sans pour autant dévoiler sa parfaite intimité. Affalé sur son matelas, Gilles admirait les pas de danse de Codou, qui vint se placer à côté de lui. Une fois encore, les autres baigneurs étaient loin, occupés à autre chose. La main de Gilles remonta le long de la cuisse de Codou, sous un t-shirt identique à celui de Gilles. Arrivé en haut des cuisses, Gilles devinait le même modèle de microslip. Décidément, Codou s’habillait toujours de la même façon. Il passa son doigt dans la ceinture et fit glisser ce minuscule tissu jusqu’aux mollets de son ami. Il lui fit lever les pieds pour prélever cette trame. Il la porta à ses narines, tandis que l’autre main, remontée, naviguait entre scrotum et raie. Bientôt, le grand maillot trahit une raideur. Codou restait impassible sous cette main flatteuse, regardant sa plage avec professionnalisme, alors qu’il était travaillé en profondeur. Son regard ne trahissait rien, alors que sa passivité demandait encore plus.

Sans un regard, il s’éloigna remettre en place un matelas, fit le tour de la piscine, le t-shirt trahissant son érection, puis revint se mettre à côté de Gilles. Alors qu’une main flattait son tabernacle, il murmura :

— Ce soir, je dois rentrer.

La main eut une hésitation.

— Hier, j’ai voulu rester… et j’ai eu raison !

La main exprima sa reconnaissance, tenant le sexe dur. Codou s’assit, toujours tenu.

— Gilles, je dois te dire, ils dépendent de moi. Je dois leur donner de l’argent.

— Qui ça ?

— Ma mère et ma petite sœur, mon petit frère. Mon grand frère et sa femme, leur bébé…

— C’est toi qui les nourris tous ?

— Oui ! Chaque jour, je leur donne.

— Mais hier ?

— J’avais prévu ! Je voulais rester…

— Mais tu n’as pas de client en ce moment…

— J’en ai eu beaucoup la semaine dernière ! Cette semaine, je n’en ai pas trouvé.

Gilles lui fut reconnaissant de ne pas le traiter en client. Pourtant, il devait leur ressembler !

— Tu veux que je t’aide ?

— Tu es trop gentil. Je ne veux rien de toi. Déjà, tu fais attention à moi…

— Mais ce serait normal…

Sans s’en rendre compte, durant cette conversation, Gilles masturbait doucement Codou. Une tâche d’humidité apparut sur le t-shirt, alors qu’il se défaisait doucement. Il refit sa ronde et revint se positionner dans la main accueillante.

— La semaine prochaine, il y aura un peu plus de monde, mais la suivante sera plus calme.

Puis il répartit.

Gilles était à deux jours de son départ. Codou venait de lui proposer de rester. Il n’avait pas pensé au futur ! Auparavant, son emploi du temps était fixé sur les six prochains mois au minimum. Sa mise en retraite, imposée abruptement, ouvrait un grand vide. Ne plus avoir ces maigres relations sociales stéréotypées le confrontait à son absolue solitude. S’inscrire à un club du troisième âge le révulsait. Il n’avait rien à faire à Paris. Son bonheur, il le tenait dans sa main. Il fixa l’adorable visage, se retenant de le dévorer. Les yeux doux étaient adorables.

Codou se défit vivement pour faire mine d’arranger les transats. Gilles comprit en voyant une silhouette de l’hôtel venir vers eux, puis s’éloigner.

Gilles, je dois te demande de faire attention. Tu sais, je ne suis pas payé pour ce travail, et je dois reverser une partie de ce que je gagne, car ici, on n’aime pas les gens comme nous.

Il fut choqué de son classement dans la même catégorie que Codou, mais encore plus par ce racket, qu’il aurait appelé du proxénétisme. Il n’avait jamais envisagé les choses sous cet angle. Sans doute qu’il y avait également des pratiques similaires en France. Ce n’était donc pas le paradis pour cet ange souriant en permanence. Une grande tendresse l’envahit, voulant être désormais le protecteur de ce joyau. Ne jamais lui faire du mal, directement ou indirectement.

Il reprit ses réflexions. Son dossier de chômage était validé. Il n’avait aucune autre démarche à faire. Sa mère était dans une maison et ne le reconnaissait plus. Il n’y avait que le jardin, qu’il entretenait au cas où sa mère serait revenue. Il avait de l’argent devant lui, car il n’avait aucune dépense. Rester deux semaines encore était sans doute possible.

— Je vais voir si je peux rester…

Le sourire du jeune garçon le stimula.

— Divise le prix demandé par deux, au moins, lui murmura-t-il.

Le réceptionniste appela son chef, qui alla demander au directeur. Cela semblait compliqué, au vu des palabres engagés. On lui indiqua un prix. Il ne savait pas marchander. Gêné, il osa quand même le diviser par deux. Il y eut des cris incompréhensibles, mais il n’ouvrit plus la bouche. L’accord se fit. À sa surprise, le prix indiqué portait sur les deux semaines. Dérisoire ! En retournant vers la piscine, il calcula qu’un séjour permanent lui couterait la moitié de sa retraite. Il avait même pensé à négocier pour conserver la même chambre, finalement la plus discrète.

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