Sophie
Il me reste le souvenir d'une dame, un petit bout de bonne femme qui n'avait rien de l'élégance des bourgeoises de l'époque. Diable, comme elle était petite. Elle faisait son marché toutes les semaines en-dessous de l'engeance, des urbanistes. Ce qui la distinguait de tous les mortels c'était son sourire. Elle s'en était armé telle une guerrière. Rien ne l'atteignait, elle abattait les gens d'une simple rangé de dents et des lèvres irrésistibles de rose orangé.
Elle vint un jour frapper à ma porte. Elle a prétexté qu'elle n'avait plus de sel. Je l'ai laissée entrer chez moi. Elle m'a raconté le plus de conneries possible visiblement pour perdre du temps. Il est vrai que l'on peut deviner la tristesse d'une âme dans son sourire. Je l'ai serrée et je l'ai embrassée de toutes mes forces. Elle est encore là, elle est toute petite mais elle prend toute la place.
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