La plupart d'entre-nous s'est donnée rendez-vous tout là-haut, du côté de la raison. Il n'y a rien à redire à ce sujet, on prendrait vite le risque d'avoir tort. Chacun renforce sa polarisation avec des arguments, dans la modalité de notre temps. Or je suis curieuse, je veux tout savoir.

Je suis allée voir un peu plus bas ce qu'il se passait. J'ai bien entendu parler une petite voix. Elle n'était pas très forte mais elle insistait. Alors, je l'ai fait chanter, le plus fort possible, jusqu'à ce qu'elle soit claire et bien audible. Elle finit par me tendre le message d'une personne que j'étais en train d'oublier et elle s'est tue.

Le silence intérieur. C'est de là qu'il faut partir sur le chemin du sentiment. Le sentiment ne dit rien, il est silencieux. C'est le point de convergence de tous nos sens. Il est capable de toutes les secousses, de tous les tremblements. Parfois, il remonte vers la parole. On peut s'en servir pour écrire ou chanter.

Un peu plus bas, sous le sentiment, j'ai trouvé la volonté. Elle est dans le ventre. Elle est orientée vers l'au-dehors. Elle touche tout ce qui se trouve à sa porté. Abandonnez vos espoirs, rendez votre raison au plus offrant. La volonté est notre permission, c'est notre autorisation. C'est de là que vient le commandement, c'est le centre de notre pouvoir. Je lui obéis, c'est ainsi que je peux faire cesser la pluie.

J'aime bien exercer ma magie, faire le devin, des choses impossibles pour les idiots. Mais je vous confie que cela ne mène pas bien loin. J'exerce surtout mon obéissance, je fais le plein de pouvoir. On ne sait jamais, ça peut servir.

Plus bas encore, j'ai fait une découverte. Oui, nous sommes plein de ressources. Il faut prendre le risque d'aller voir, d'aller savoir. Sous la volonté, il y a un lac. Il n'a pas de bord, quand on y est, c'est au milieu. L'eau est calme, plate, silencieuse. Je ne peux pas m'y baigner, j'ai seulement osé une fois tremper le bout de mon pied. J'étais toute nue. Il n'y a pas de vêtement à cet endroit. C'est un lieu paisible, un peu trop triste, un peu austère à mon goût.

Je suis sûre que ma descente n'est pas terminée. Il existe encore une chose plus bas. Je ne pourrai peut-être pas la nommer ni la décrire. Je ne sais pas encore comment je passerai ce lac, s'il me faudra une voile ou une grande inspiration mais je traverserai de toute façon, croyez-moi.