7- Le défilé
Pendant les six semaines qui suivirent, Sandra plancha sur ses patrons, faisant le tour de tout ce qu'elle avait dessiné depuis 8 ans. Elle les regroupa par catégories puis par préférence, rajouta des détails ici et là, reprit des idées qu'elle avait eu pour les améliorer, ou améliorer le graphisme des modèles dessinés
La maison de couture chez Frangine était spécialisée dans les tenues de ville branchées. Bambina avait fait sa marque surtout dans les tenues sports et les maillots de bain. Faccino quant à elle, était reconnue pour ses robes de soirée et de cocktail.
Sandra monta ainsi son carnet de croquis professionnel, et tout en sélectionnant ses meilleurs croquis dans chaque catégorie, elle confectionna pour chacune sa propre collection de 10 tenues à présenter.
Elle téléphona ensuite chez Bambina. La standardiste la transféra à la secrétaire de direction, après lui avoir donné le numéro de poste de cette dernière.
- Isabella Alesi.
- Bonjour, je suis Sandra Lafrenière. Mon ami, Marc O'Brien, m'a référé auprès de Madame Costa.
- Vous êtes la styliste d'Outremont, n'est-ce-pas ?
- C'est exact, fit Sandra avec un sourire dans la voix.
- Madame Costa m'a prévenu de votre appel... Vous avez des collections à présenter, est-ce exact ?
- Oui, en effet..." Sandra sentit sa nervosité monter.
- Madame Costa vous invite à vous présenter avec lesdites collections au défilé qui aura lieu ce vendredi à 14 h, au premier étage de notre établissement... Avez-vous besoin de l'adresse ?
- Non, je vous remercie, je l'ai déjà notée..
- Nous vous attendrons donc vendredi... Prévoyez arriver au moins deux heures à l'avance, pour vous familiariser avec le lieu et préparer l'ordre de parution des mannequins
- Bien, madame, c'est noté
- A ce vendredi.
- A vendredi.
Un simple appel avec la secrétaire de direction avait suffi à insuffler de la pression à Sandra. Le milieu de la mode est un milieu effervescent, et si elle était habituée à offrir du rendement, cela serait la première fois où c'est elle-même qui serait sur la sellette.
Le jour fatidique arriva, et Sandra se leva aux aurores pour aller courir dans le quartier. Elle rentra prendre un déjeuner santé et fila ensuite à la douche. Toutes les tenues et les carnets étaient déjà dans le camion emprunté à Jabes depuis la veille.
Véronique vint assister Sandra dans le showroom. Elle fit des retouches de dernière minute sur les tenues des mannequins que lui envoyait Sandy. Elles étaient une vingtaine de nouvelles designers en herbe, et Sandra, qui devait passer en onzième position, trouva que cela allait bien rapidement. Véronique l'aida à se calmer grâce à de courts exercices de visualisation et de respiration.
Lorsqu'arriva son tour, Sandra put assister à son défilé côté cour : toutes les filles étaient prêtes, et tout se déroula sans anicroches. Les tenues tout-aller succédèrent aux maillots de bain et aux tenues d'éducation physique, suivies par les robes de bal. Sandra eut du mal à déchiffrer l'attitude des trois têtes dirigeantes, et ce fut ce qui lui parut le plus pénible. Néanmoins, l'une des couturières de Faccino, Mercedes Campino, la rassura : si les senoras affichaient du début à la fin la même attitude concentrée, il était aisé, pour celles qui les connaissaient bien, de voir ce qui retenait davantage leur attention : lorsqu'elles étaient subjuguées par des morceaux, elles cessaient d'échanger ensemble des commentaires tandis que les filles défilaient devant elles.
Sandra remercia chaleureusement la styliste pour cette information bienvenue. Cela lui permit d'observer la fin du défilé sous un nouveau regard.
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