XIV. Les faces cachées
Mara s’était emmitouflé dans des habits secs après avoir pris une douche. Étalée sur son lit, sa chambre était silencieuse. Elle n’entendait que le battement des perles de pluie qui frappaient les vitres et le bruit de la nature secouée par un vent naissant.
Elle repensait à ce qui s’était passé dans le hall. Le moment avait été étrange et elle se demandait si cela taraudait également l’esprit de Caelan. Il n’y avait pas de doute, elle n’était pas insensible à son charme, mais de là à imaginer qu’il puisse se passer quelque chose… Elle leva sa main gauche au plafond et fit tournoyer son anneau autour du doigt.
« Anthony, si tu es vraiment mon mari, il est temps pour toi de te manifester. Je tiens à m’excuser par avance si j’ai eu des pensées déplacées, mais je crois que si tu étais à ma place, tu comprendrais la situation… enfin, je crois. »
Elle ôta son anneau du doigt et s’assit sur le lit.
« Apparemment la magie obéit à ce que je veux. Je sais que je ne peux pas te faire apparaître, mais si cet anneau nous lie, alors peut-être que si je lance un sort de localisation sur cette bague, elle va me guider vers toi ! »
Mara se concentra et tenta de pratiquer tout ce qu’on lui avait apprit. Elle inspira longuement et ferma les yeux. : ça l’aidait à se concentrer. Au bout de quelques secondes, l’anneau se mit à chauffer dans sa main. Elle ouvrit les yeux. Elle esquissa un sourire, satisfaite par sa performance. Soudain la bague prit son envol. Excitée, elle se leva. Son sort avait-il fonctionné ?
L’anneau tournoya plusieurs fois sur lui-même.
– Allez, allez vas-y ! s’exalta Mara à haute voix.
La bague cessa de tourbillonner, s’arrêta sur place dans le vide puis d’un coup, elle vint se cogner contre la poitrine de Mara avant de rouler sur le sol. Choquée, la jeune femme soupira et se massa là où elle avait été frappée. C'était douloureux. Elle ramassa le bijou logé sous la commode sans cacher sa déception. C’était encore la résultante de son incapacité. L’anneau n’avait fait que la diriger vers elle-même au lieu de celui qui était censé être sa deuxième moitié.
Déçue, elle se recoucha espérant que les songes seraient instructifs ce soir. Aujourd’hui, elle n’avait pas envie de noter quoi que ce soit dans son journal.
Dans son lit, Mara gigotait dans tous les sens, elle tentait de s'extirper du cauchemar qui la tourmentait. Elle se réveilla en sursaut et haletante. Elle quitta le lit pour s’arroser la figure d’eau. Elle ne l’avait dit à personne, mais ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce cauchemar depuis son arrivée. Cela ne pouvait pas être un hasard. C’était toujours la même chose : elle se retrouvait coincée dans le néant et cherchait désespérant une sortie. Puis, elle était happée par des flammes dans une étroite pièce luminescente. Elle percevait une lueur entre du bleu et du rouge et entendait ce qui semblait être des bruits de bataille. Dans ce qui paraissait être une cellule, elle discutait avec quelqu’un. Or systématiquement, un nouveau visage faisait son apparition, un visage si glaçant qu’il mettait un terme à ce songe oppressant.
Elle ignorait ce que cela signifiait, mais cette fois-ci, elle sentait qu’il était temps d’en parler. Trop de fois, sa nuit avait été interrompue et elle ne le supportait plus.
Le lendemain matin, la météo était aussi maussade, les nuages chargés assombrissaient la chambre lui donnant une allure automnale. Mara enfila ses vêtements et sortit direction la porte de Lumia. Sans réponse, elle s'en alla vers le réfectoire où elle trouverait sûrement quelqu’un de connu.
À sa grande surprise, il n’y avait personne. Soucieuse, elle s’adressa à un des agents qui se trouvait là.
– L’Agent-Capitaine Lockline et l’Informacien Béruc sont partis d’urgence hier soir. Une affaire importante m’a-t-on dit, j’en sais pas plus. Quant au commandant Kane, je crois qu’il est dans son office avec l’Agent-Capitaine Doriël.
Mara remercia le Venori et parti en direction du bureau de Caelan.
Au quatrième étage, Mara ralentit le pas à quelques mètres du bureau de Caelan. La porte était ouverte et elle reconnut aussitôt la voix de Lumia. Elle semblait contrariée et en pleine dispute avec Caelan. Elle s’approcha à pas de velours, consciente qu’elle débarquait probablement à un moment inopportun, mais elle tendit quand même l’oreille.
— C’est vrai, on a été proche, mais il n’y a plus rien entre nous. Laisse-moi venir ! insista Lumia.
— Non, je ne le répéterais pas, tu es émotionnellement impliquée et donc instable, rétorqua Caelan pour la deuxième fois.
Il faisait les quatre cents pas devant sa bibliothèque, lui aussi irrité.
— Émotionnellement impliquée, émotionnellement impliquée !!! Mais tu t’entends parler ? hurla Lumia furieuse.
— Agent-Capitaine Doriël, je vous suggère de baisser d’un ton !! gronda Caelan qui perdit son calme habituel.
Il restait le supérieur de Lumia et certaines limites ne devaient pas être franchies. Il soupira longuement et reprit posément.
— … tu sais très bien qu’il vaut mieux que ce soit moi qui m’en occupe. Fais-moi confiance et je te promets que tout se passera bien.
— En parlant de confiance, tu devrais commencer par être honnête avec qui tu sais, invectiva Lumia.
— Tu changes de sujet, et ça ne l’aidera pas ! se défendit Caelan.
— Si on raconte la vérité à Mara, peut-être qu’elle retrouvera un peu de sa mémoire ! vociféra Lumia.
— Lumia, on en a déjà parlé !
Surprise d’entendre son nom, Mara se braqua. Devait-elle demeurer cachée pour en savoir plus, ou se révéler ? Refusant de rester dans l’ombre sur quelque chose qui la concernait, elle décida d’apparaitre sur le pas de la porte, le regard sévère.
— Me dire quelle vérité ? gronda-t-elle d’un ton sec.
Lumia jeta un regard noir à Caelan qui se sentit soudainement pris en porte à faux.
— C’est une conspiration ? pesta-t-il en lançant un regard accusateur à Lumia.
— Arrête tes sottises, rétorqua Lumia.
Caelan soupira et resta muet pendant plusieurs secondes qui parurent être des minutes. Mara quant à elle, n’avait pas bougé d’un iota et trépignait de l’intérieur. Que lui avait-on caché ? Elle l’ignorait, mais maintenant qu’elle était face aux faits, elle n’allait pas se dérober.
Les bras croisés, Caelan posa sa main droite sur son front et lâcha un soupir résigné.
— Prenez-place, je vous en prie, finit-il par dire d’une voix calme.
Sans un mot, mais avec des regards inquisiteurs, Mara obéit.
— Je ne vais pas passer par quatre chemins, mais Mara, on n’a pas été tout à fait honnête avec vous… enfin, je n’ai pas été honnête, commenta Caelan d’un ton grave. Lumia voulait vous en parler plus tôt, mais je l’en ai empêché.
Mara ravala sa salive, non sans cacher son inquiétude et une pointe d’amertume. Caelan lui se demandait par où commencer.
— Est-ce que vous avez déjà entendu parler des Étherians et de leur tablette universels ?
— Non.
Caelan s’en doutait, mais il aurait espéré une réponse affirmative. Cela lui aurait évité de se lancer dans une explication, ce qu’il fit malgré tout sans omettre la visite d’Adley.
— En quoi est-ce que cela a un rapport avec moi ? s’enquit Mara dont la respiration était de plus en plus rapide.
Dans l’expectation, elle s’était forcée à écouter ces litanies sans réussir à faire le lien avec elle.
— Le Commandant Denator est venu me voir, persuadé que l’un des présages issus des tablettes vous concernerait
Mara se raidit, ne sachant pas quelle réaction adopter.
— C’est plus simple si je vous lis le passage, reprit Caelan en prenant ses notes :
Magnus,
voici venu le nouveau chapitre de ceux qui jadis savaient :
L’orgueil surgira pour ternir les cœurs, le chaos ici et là, il engendrera.
De la peur et de l’oubli, ils viendront du pont des cieux,
L’union des mondes seule vaincra par le pouvoir d’un âge révolu
L’ombre rougeoyant surgira et son catalyseur dans un éclair de cristal se défierons
Sauvant ainsi le …
Caelan arrêta de lire. Mara à l’écoute attendait la suite, mais comprit qu’elle ne viendrait pas. Elle se leva et attrapa la note de Caelan, relisant plusieurs fois les quelques lignes. Incertaine, elle releva la tête vers Caelan. C’était donc de là que provenait tout le mystère de sa présence.
— Qu’est-ce qui vous fait penser que c’est moi ? rugit-elle.
— Tout porte à croire que c’est bien vous : « le catalyseur dans un éclair de cristal et de saphir apparaitra ». Vous ne vous souvenez peut-être pas, mais j’ai assisté à la scène.
— Vous insinuez que je suis « le catalyseur » ?
— Possiblement… très certainement… Le jour où vous êtes arrivé ici, quelque chose d’autre a débarqué et vous nous avez tous sauvés, expliqua calmement Caelan. Il est évident que…
Mara n’en croyait pas ses oreilles, depuis son arrivée elle n’avait été finalement qu’une arme en attente pour contrer la venue d’un malheur. Elle s’affala sur le siège derrière elle :
— Pourquoi ne pas l’avoir dit ! s’écria Mara interrompant Caelan sèchement. Qui suis-je pour vous ? Votre botte secrète ? Quand est-ce que vous comptiez m’en faire part ? C’est pour ça que vous m’avez offert vos leçons, votre logis, votre amitié, continua-t-elle sur le même ton acerbe.
— Ce n’est pas du tout ça, tenta de se justifier Caelan.
— Est-ce que vous ne vous êtes pas dit que je pourrais être l’ombre rougeoyante et que l’entité apparue dans cette grotte est le véritable sauveur ? Vous avez peut-être misé sur le mauvais cheval…, reprit Mara emportée par la colère.
À cet instant, Mara décela dans le regard de Caelan que cette possibilité ne lui avait nullement échappé, évidemment.
— Alors quoi ? Je suis votre prisonnière ? Vous gardez un œil sur moi au cas ou, ou alors vous essayez de faire de moi votre alliée… et bien vous savez quoi, vous pouvez tous allez vous…, vous…, Mara ravala ses mots à la dernière seconde.
Sidérée, elle était verte de rage. Lumia jeta un regard inquiet à Caelan qui quitta précipitamment sa chaise pour s’accroupir face à Mara. D’une voix douce, il parla.
— Quand vous êtes arrivée ici, vous étiez perdue, vous vouliez rentrer chez vous. J’ai pensé bien faire en vous épargnant les détails. Est-ce que cela vous aurait aidé si je vous avais annoncé que vous faite peut être partie d’un présupposé présage qui prévoit un avenir chaotique ? Vous ignoriez qui vous êtes et vous n’aviez pas confiance en vous, mais regardez les progrès que vous avez faits depuis. Tout ce qui s’est passé était réel et sincère. À aucun moment, nous ne vous avons vu comme un pion à exploiter, confessa Caelan avant de marquer une pause.
Il était sincèrement désolé et aurait tant souhaité lui épargner tout ça. Il maudissait presque le jour ou Adley avait débarqué dans son bureau.
— Veuillez accepter mes humbles excuses, Mara. J’ai eu tort.
Mara resta muette. Relativisant, elle saisissait pourquoi Caelan ne l’avait pas mis dans la confidence, mais elle se sentait tout de même flouée. Elle aurait voulu hurler sa colère, lui dire qu’il aurait dû être honnête, mais à quoi bon ? Elle venait d’exprimer son désarroi. Et après tout, Caelan avait raison ! Déjà que sa situation était délicate, mais si elle l'avait appris plus tôt, elle aurait probablement paniqué. À vrai dire, elle regrettait presque de savoir maintenant. Elle soupira :
— Êtes-vous certain que je ne suis pas la menace ? Rien n’indique que je suis ici pour vous aider ou vous nuire.
Caelan laissa échapper un rire nerveux.
— Vous ne vous souvenez pas, mais vous étiez loin d’être rougeoyante à votre arrivée. Vous ressembliez à un ange auréolé de cette sublime lumière bleue. Quand je vous ai vu, j’étais ébloui par tant d’éclat mêlé à la noirceur qui ombrait votre apparition. Je suis peut-être dupe, mais si je devais parier sur quelqu’un, ce serait vous.
Il y avait une telle émotion dans la voix de Caelan qu’il semblait improbable que cela soit un autre mensonge. Mara esquissa un sourire.
— Un ange auréolé… vous n’en faites pas un peu trop ? plaisanta-t-elle
Cette petite tacle, fit sourire Caelan rassuré. Il se releva pour s’asseoir sur le rebord de son bureau derrière lui.
— J’ignore encore en quoi cette révélation va nous être utile, mais elle mérite qu’on en tienne compte. Je ne considère pas cette prédiction comme une vérité, mais plutôt comme un guide.
— Moi aussi, j’ai quelque chose à vous faire part, enchaîna Mara.
Caelan fronça les sourcils. Lumia quant à elle vint s’asseoir sur la chaise à côté de Mara. La jeune femme sentait le regard pesant de ses deux interlocuteurs. Autant de sériosité pour quelque chose qui n’aurait pas dû être.
Elle raconta alors son cauchemar récurrent dans ses moindres détails, avec cette horrible sensation d’être prisonnière dans l’obscurité, l’oppression et le combat dans une pièce close. Caelan et Lumia croisèrent leurs regards comprenant peut-être de quoi il s’agissait.
— Ce dont tu rêves, en tout cas la fin, semble être le moment où tu es arrivée dans notre monde. Quand tu nous as sauvés, expliqua Lumia.
— Avant de savoir que je jouais peut être un rôle dans un présage inscrit dans les annales de l’univers, j’aurais dit que ce cauchemar n’était pas réel, mais là je ne suis plus sûr de rien, cafouilla Mara.
Se voulant rassurante, Lumia posa sa main sur celle de Mara :
— Ne t’inquiète pas, c’est du passé. Tu es avec nous maintenant. Tant que nous serons là, rien ne pourra t’arriver.
Pas vraiment confortée, Mara détourna le sujet pour revenir à cette histoire de révélation. C’était apparemment la clé.
— Où est le reste du message ? Est-ce que cela veut dire que l’avenir est écrit ?
— Nous l’ignorons, reprit Caelan rappelant l'aspect aléatoire des tablettes.
Rien ne pouvait affirmer ou infirmer que l’histoire de l’univers était déjà gravée dans le marbre et immuable. C’était là tout le paradoxe des tablettes.
— Les Étherians n’ont jamais réussi à prouver le fonctionnement de leur machine ? s’étonna Mara.
— Disons plutôt qu’il est rare d’extraire un message aussi clair, de mémoire d’homme c’est une première, précisa Caelan.
La discussion prit fin plus vite que prévu, Dax venait de débarquer sur le pas de la porte :
— Ils sont arrivés !
Caelan et Lumia se redressèrent.
— Est-ce que je suis autorisée à savoir ce qu’il se passe ? espérait Mara se levant à son tour.
— Il y a des informations que vous serez amené à savoir, déclara Caelan.
Il se gratta la tête tout en observant Mara, puis se résolut.
— Je laisse à Lumia le soin de vous expliquer.
Sans plus attendre, il prit la direction de la sortie, mais Lumia s’interposa. Apparemment, ils reprenaient la discussion là où ils l’avaient laissé avant l’interruption de Mara.
— Laisse-moi venir, insista Lumia
— Explique plus tôt donc à Mara qui est le félon maintenant que nous sommes aux heures des confidences, trancha Caelan.
Prise par son propre jeu, sans broncher, Lumia s’écarta pour laisser Caelan partir.
***
En compagnie de Dax, Caelan traversa au pas de course la cour sous la pluie battante et emprunta une navette qui les conduisit aux cachots situés sur une plateforme au milieu de l'eau. Bâti dans les profondeurs de l’océan, toute évasion était impossible. Cette infrastructure pénitentiaire n’était pas très grande et lugubre. La lumière tamisée renforçait le côté claustrophobique des lieux.
Caelan entra dans la pièce où l’attendaient Tréviane et Béruc. La prisonnière était là, les mains liées à une chaise de métal. Il s’agissait d’une Eforie edernite. Ses cheveux étaient vert foncé tout comme ses yeux. Sa peau rose avait une étrange teinte livide. Elle avait un vilain coquart à l’œil gauche.
Caelan s’approcha d’elle, agrippa son menton et lui souleva le visage pour voir la blessure.
— Elle s’est débattue, se justifia Béruc.
Caelan attrapa une autre chaise et s’assit en face de l’Eforie.
— Ludvinia, vos actes ont brisé le cœur de Lumia… mais également le mien, ainsi que tous les Venoris. Le Commandant Adley Denator était une figure respectée, articula-t-il doucement.
— Si vous voulez me prendre par les sentiments, Commandant, ça ne marchera pas, cracha Ludvinia en se débattant. Je n’ai pas à me justifier devant vous.
— Je n’essaie pas de vous prendre par les sentiments, j’essaie de comprendre. Dites-moi qu’il y a une explication à ce massacre, rétorqua Caelan impassible.
Au fond de lui, il espérait de tout cœur obtenir un motif.
— Où est Lumia d’ailleurs ? Elle vous envoie faire sa sale besogne. Je n’ai rien à dire, je sais que j’ai fait le bon choix en m’alliant à lui. Vous devriez faire de même. Il m’a libéré de l’ignorance, se justifia Ludvinia d’une voix stridente qui révélait une folie sous-jacente.
Caelan déglutit, il n’avait jamais vu un tel regard chez quelqu’un. On aurait dit que la pauvre femme était brisée. D’autant qu’il connaissait l’Eforie, c’était un bon agent. Intelligente et autrefois fidèle. C’est la vénérable Commandante Stella Uriël qui l’avait recruté, celle-là même qui demeurait introuvable.
— Est-ce que vous êtes en train d'insinuer que vous êtes responsable du massacre de Shambhala ? insista Caelan dépité.
Ludvinia plongea son regard sans vie dans celui de Caelan et sourit. Quoique cela ressemblait plus à grimace.
— Sa venue était prévue par l’univers lui-même. Rien ne pourra arrêter ce qui va passer…, déclara-t-elle avant de se mettre à rire et pleurer tout en même temps.
***
Lumia et Mara n’avaient pas quitté le bureau du Commandant Kane et depuis que ce dernier était parti, Lumia tournait en rond dans la pièce. Elle venait de relater à Mara le crime de Shambhala et les graves accusations à l’encontre de Ludivinia. Même si Mara aurait voulu discuter avec plus de détail de cette histoire de tablette universelle, elle voyait bien que Lumia n’était pas dans son assiette. La manière dont elle parlait de Ludvinia révélait une réelle affection.
— Tu connais bien la prisonnière ? demanda Mara.
Lumia hocha la tête en continuant à faire les cent pas.
— Ludvinia et moi, nous avons été proches, intimement proche, mais c’était il y a déjà plusieurs mois. Nous nous sommes séparées d’un commun accord… mais je n’aurais jamais pensé que…
Les mots étaient durs à prononcer. Mara se permit alors de conclure pour elle.
— … qu’elle puisse commettre un tel acte.
Lumia acquiesça et vint se rasseoir auprès de Mara :
— J’ai insisté pour venir, mais il a raison de me tenir à l’écart. Caelan est parfois sévère, mais il fait ça pour nous préserver. Il a toujours une bonne intention derrière ses décisions. C’est difficile de lui en vouloir.
Mara posa sa main sur celle de Lumia en signe de compassion. L’Efori apprécia le geste.
— Comment Caelan va s’y prendre pour obtenir des réponses ?
— Il a ses méthodes, éluda Lumia qui n’avait pas forcément envie de penser au déroulé de l’interrogatoire.
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