Chapitre II
Elle se tenait debout, vêtue de son pyjama rose bonbon, au cœur d'une forêt luxuriante où chaque arbre semblait rayonner de l'intérieur. Les fleurs embaumaient l'air d'un parfum enivrant, tandis que le sol offrait une douceur moelleuse. C'était un paysage d'une beauté inimaginable, digne d'un conte de fées, où le ciel se peignait de couleurs arc-en-ciel.
Pourtant, ce n'était pas seulement la splendeur de ce monde qui la laissait sans voix. D'étranges créatures merveilleuses l'observaient avec fascination. Des oiseaux aux plumages chatoyants voltigeaient d'arbre en arbre, de gigantesques papillons planaient au-dessus de sa tête, et d'autres êtres fantastiques animaient cette forêt. Elle ressentait une légèreté étonnante, comme si elle venait de se délester d'un vieux fardeau qui l'avait enchaînée pendant des années. Ses mouvements devenaient fluides et gracieux ; jamais elle n'avait expérimenté une telle sensation de liberté.
Cependant, Zoé se sentait loin d'être en sécurité. Elle était confuse et inquiète. Comment avait-elle atterri ici ? Était-ce un rêve, une hallucination ? Elle pinça son visage pour vérifier qu'elle était bien éveillée, mais tout semblait réel. Elle réalisa qu'elle avait pénétré dans un univers inconnu, où les sensations étaient bien différentes des rêves habituels. Ce n'était pas qu'un simple songe. Par réflexe, elle tenta de se réveiller en secouant la tête, en tapotant ses joues, mais en vain. Seule, au cœur d'une végétation luxuriante, entourée d'animaux étranges, elle se sentait perdue, sans moyen apparent de retourner chez elle.
Errant au cœur de cette forêt enchantée, elle se laissa emporter par ses pensées. Alors qu'elle avançait, elle remarqua les ondulations subtiles du paysage, témoignant de la chaleur écrasante de l'été. Pourtant, malgré cette fournaise, elle ne ressentait pas la moiteur typique de la chaleur sur sa peau, seulement le sol ferme sous ses pieds nus. Elle espérait trouver des indices sur son arrivée ici et sur le chemin du retour à chaque pas. Les couleurs éclatantes de ce monde onirique semblaient s'animer autour d'elle à mesure qu'elle avançait, créant un spectacle enchanteur.
Les créatures qui l'avaient observée s'approchèrent lentement, arborant une curiosité palpable. Zoé les contempla avec émerveillement. Parmi elles se trouvaient des singes à la fourrure chatoyante aux reflets argentés et des lapins aux yeux étincelants. Ils semblaient tout droit sortis d'un royaume de contes de fées, mais leur réalité était indéniable. Cependant, sa solitude allait être de courte durée. Alors que Zoé poursuivait son exploration, elle aperçut une créature encore plus étrange : un félin doté d'ailes délicates, semblant faites de pure lumière. Ses grands yeux brillaient d'une intelligence et d'une sagesse mystérieuses. Cet être ailé s'approcha d'elle et se mit à parler d'une voix douce et mélodieuse tout en orbitant autour de la jeune fille.
— Bonjour, jeune Zoé, commença-t-il. Je suis Aelis, gardien de ce royaume. Ça fait un moment que je t'attendais, bienvenue à Lucentia.
— Lucentia ? s'exclama Zoé d'un ton d'émerveillement teinté de curiosité.
— Oui, Lucentia est un monde où la beauté et la magie se rejoignent.
Zoé était étonnée. Non seulement elle comprenait la langue de cette créature, mais elle se sentait étrangement à l'aise en la présence de ce chat magnifique. Elle raconta sa soirée avec ses parents et son réveil dans ce monde.
Aelis écouta attentivement puis la coupa.
— Pas la peine de perdre ton énergie à m'expliquer tout ça, je sais déjà. Je connais la raison de ta venue ici, en revanche, il est rare que des êtres de ton espèce pénètrent dans notre réalité de cette manière. Toi, tu es particulière.
— particulière ?, s'exclama t'elle avec inquiétude, mêlée de curiosité.
Zoé se sentit envahie par un flot de questions, qu'elle déversa avec impatience et perplexité.
— Pourquoi suis-je ici ? Comment puis-je retourner chez moi ? Aelis, avec une sagesse tranquille, inclina légèrement la tête.
— Pourquoi tant d'interrogations, chère humaine ? Ne crains rien, ta vie retrouvera son cours normal bientôt. Pourquoi ne pas simplement savourer la beauté qui t'entoure en attendant ?
— Je sais que ce n'est pas un simple rêve, insista Zoé.
— En effet, c'est plus complexe que cela, répondit Aelis d'un ton énigmatique.
— Mais que veux-tu dire ? demanda Zoé, perplexe.
Se posant délicatement sur le sol, Aelis se rapprocha de Zoé, à la hauteur d'un chat ordinaire.
— Eh bien, pour toi, c'est un rêve, mais ce monde qui t'entoure est bien réel. Cependant, tu n'en perçois qu'une partie, car tu appartiens à un autre plan d'existence. Pour toi, c'est un rêve, tout comme ton propre monde l'est pour les habitants d'ici, ou devrais-je dire, un cauchemar pour eux.
— Un cauchemar ? Zoé était perplexe.
— Oui, ton monde a des vibrations très basses, expliqua Aelis.
— Vibrations ? Zoé était confuse.
— Oui, il existe une multitude de dimensions et de réalités dans l'univers, chacune caractérisée par sa propre vibration. Les fréquences émises par les êtres vivants dans chaque dimension augmentent avec leur évolution, entraînant ainsi une transition dimensionnelle pour cette réalité. Plus les vibrations sont basses, plus il est difficile de vivre dans cette réalité. Actuellement, tu te trouves sur un plan d'existence que je qualifierais de supérieur à la moyenne, pour te donner une idée. Cependant, ici, nous ne catégorisons pas les choses selon leur taille ou leur grandeur ; tout est bien plus subtil. Les êtres humains ne sont pas les seuls habitants de l'univers ; une diversité d'espèces conscientes et intelligentes cohabitent.
— Donc, si je comprends bien, ce monde est réel seulement à un certain niveau de conscience ? demanda Zoé, cherchant à clarifier les choses.
— Exact, répondit de nouveau Aelis d'une voix mélodieuse.
— Alors...
La créature interrompit Zoé alors qu'elle reprenait son chemin.
— Assez de discussions, dit-il. Tu as encore beaucoup de questions, n'est-ce pas ? Comment ai-je connaissance de ton prénom ? À quoi ressemble vraiment ce monde alors que tu n'en perçois qu'une partie ? Et quelle est la signification de ta présence ici ? tu le sauras en temps voulu sois patiente.
Les questions se bousculaient toujours dans l'esprit de Zoé, suscitant une curiosité toujours plus grande.
— Ulis a raison, je devrais profiter de toute cette beauté avant de me réveiller, mais maman va s'inquiéter si je ne rentre pas rapidement, dit-elle.
— C'est Aelis, ma chère, corrigea-t-il.
— Quoi ? Mais comment... s'étonna Zoé.
— Je peux lire dans tes pensées, ainsi que dans celles de toutes les créatures qui sont ici. Je suis le gardien de ce monde, je te le rappelle. Et ne t'en fais pas, tes parents ne se rendront pas compte de ton absence, car à leurs yeux, ton corps est encore chez toi, en train de dormir. Le temps ne s'écoule pas à la même vitesse ici que dans ton monde.
— Tu as dit que... commença Zoé, interrompue brusquement par Aelis.
— STOOOP ! s'écria-t-il.
La jeune fille était stupéfaite. Aelis, d'habitude si doux, mystérieux et énigmatique dans ses paroles et son comportement, adopta soudain un ton et une attitude hilarante. Ses yeux brillants étaient remplacés par des yeux ordinaires de félin, et ses ailes avaient disparu.
— Mais... balbutia-t-elle, étonnée.
— Ouais, j'en avais marre de jouer le GRAAAND chat de la sagesse incarnée. Allez, suis-moi, nous avons d'autres chats à fouetter... euh, je voulais dire… Aelis chercha ses mots, tout en se grattant la tête d'une griffe acérée. Allez, viens, ajouta-t-il.
Zoé poussa un petit ricanement moqueur et un grand sourire illuminant son visage.
En s'éloignant de la végétation, le paysage laissait place à de vastes étendues d'herbe scintillante, s'étendant sous ses yeux émerveillés. Cependant, La transformation soudaine d'Aelis, de créature mystérieuse à un être plus exubérant, avait laissé Zoé perplexe. Elle observa le félin sauter de rocher en rocher, se demandant si elle avait bien tout compris.
— Alors, tu es un chat ordinaire maintenant ? Demanda-t-elle, incertaine.
Aelis franchissait les obstacles avec une aisance remarquable, s'étirant avec grâce et affichant un air satisfait.
— Ouaip, enfin... Pas exactement, déclara-t-il d'une voix mesurée. J'ai la capacité de prendre différentes formes, et cette apparence me convient mieux pour l'instant. Cela dit, la vérité est que je suis avant tout le gardien de ce royaume. Mais je t'ai déjà dit ça, n'est-ce pas ? Miourf, je me répète, ajouta-t-il avec embarras en se léchant les pattes avant.
Zoé secoua la tête, essayant de faire le tri dans tout ce qu'elle venait d'apprendre. Les révélations s'enchaînaient trop rapidement.
Le félin esquissa un sourire en coin. C'est encore confus, hein ? Viens, je dois te montrer quelque chose.
Aelis accéléra le pas puis se mit à courir, laissant Zoé sur place.
— Hey, attends, je n'ai pas quatre pattes moi, je ne suis pas aussi rapide que toi ! s'écria-t-elle en tentant de le rattraper.
— Dépêche-toi ! lui lança le félin sans ralentir. Puis, soudain, il ralentit et s'arrêta au bord d'une falaise.
— Regarde, s'exclama-t-il en tournant la tête vers Zoé.
La jeune fille leva les yeux, ébahie par ce qu'elle découvrait. Son regard s'emplissait d'émerveillement, si intense qu'elle se sentit chanceler et s'agenouilla pour mieux contempler le spectacle qui s'offrait à elle.
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