Chapitre 113
ANAÏS
A peine quittés la maison, je me sens distancée par les deux hommes qui sont à une centaine de mètres devant. J'ai envie de râler, de faire demi tour car ils m'avaient promis de courir à mon rythme hors ce n'est pas le cas. Après je peux comprendre que c'est pénible de devoir faire un footing à mon rythme mais quand même ! Je bougonne et gémis par moment en les suppliant de ralentir la cadence. Tous les deux reviennent en sprintant à mon niveau puis finissent par ralentir la cadence.
Je ne suis pas habituée à ce genre d'exercices, mes préférences vont pour l'entretien de ma silhouette à la salle de musculation de la caserne. Pas pour les exercices de course et de fractionnés. Ils vont me perdre tous les deux ! Clément est vraiment concentré pour ne pas s'essouffler trop vite, je ne trouve aucun soutien auprès de lui.
Je me tiens le ventre et commence à ralentir mes foulées au bout de deux malheureux kilomètres au bord de la plage. La main de Matt me refuse l'arrêt en venant se plaquer dans mon dos pour me pousser et maintenir une allure convenable.
- Aller Anaïs, ne lâche rien ! Dit-il d'un ton encourageant. Aller cours ! Et souffle bien profondément pour ne pas avoir de point de côté (je lui spécifie que c'est déjà fait). Ah ben si c'est déjà fait ! Va falloir passer au dessus de tout ça !
- Fffff fffffffffffffffffffffff ffff ffffffffffffffff, on en fait encore combien de kilomètres, j'en peux plus moi ! Matt c'est bon lâche moi je ne peux plus !
- Non non je ne te lâcherai pas ! Encore deux et ça sera déjà pas mal ! C'est trop lent Naïs là ! Aller ! Aller on accélère un peu ! Voilà c'est ça tu me maintiens cette allure ! Dit-il.
Matt me pousse un peu plus avec sa main ce qui m'empêche de m'en écarter, ses foulées entraînent les miennes dans un rythme soutenu mais ce qu'il ne faut pas qu'il oublie c'est que les miennes ne valent pas les siennes étant beaucoup plus petites. Mon coeur bat à tout rompre et les premiers essoufflements surviennent. Mon beau-frère nous fait ralentir pour ne pas me sècher avant la fin de notre footing.
Une demi heure après, les deux kilomètres se terminent, Matt m'encourage à faire un sprint sur les derniers cinq cents mètres. Je gémis en martelant vivement le sol puis me stoppe directement lorsque les garçons m'annoncent que c'est terminé. Je ne me sens pas très bien et ressens quelques hauts le coeur, Matt me soutient fermement sous le bras m'incitant à marcher.
- Naïs, tu ne dois pas t'arrêter d'un coup comme tu viens de le faire dit-il. Tu dois marcher un peu le temps que ton cardio récupère !
Lorsque je me sens mieux, je me laisse tomber le cul dans le sable, ma cage thoracique se soulève rapidement, je meurs de chaud. Clément me tend une gourde que je vide de moitié n'en pouvant plus.
- C'est bien ma chérie ! Tu t'es bien débrouillée bravo ! Joli sprint avec ton beau-frère ! Je suis fier de toi ! Déclare mon homme en se penchant vers moi pour m'embrasser.
- C'est bon je suis morte vous me revoyez plus de la journée ! Rouspétai-je.
Tous les deux se mettent à rire et la main de Matt me secoue gentiment l'épaule.
- Tiens Clém, regarde y a des plots sûrement quand ils font leurs cours de danse, on va les empreinter pour nous faire un terrain de course ! Et on redémarre sur quatre kilomètres à notre vitesse comme ça Anaïs nous a en visuel et peut se reposer !
Mon chéri s'occupe de poser les plots pour créer un terrain puis tous les deux se mettent au départ. Ils partent à mes yeux comme des balles alors que c'est sûrement leur rythme. Je suis explosée de rire en voyant mon mec se donner à fond pour rester à la hauteur de Matt ce qui est très compliqué pour lui. Il finit par être derrière Matt à bien deux cents mètres de lui. Mon lieutenant finit même par avoir un tour d'avance, j'encourage vivement Clément.
Tous les deux terminent rapidement leurs kilomètres et finissent par marcher dans le sable chaud avant de boire une bonne gorgée d'eau.
- Clément, est-ce que tu pourrais me chronométrer ! Je vais faire encore cinq kilomètres en donnant le meilleur de moi même ! J'aimerai qu'à chaque kilomètre tu me dises si je suis dans le même chrono que le précédent ! Si je vais plus vite, tant mieux par contre si je suis en dessous je dois carburer à donf ! S'exclame Matt.
Clément lui confirme que c'est ok pour lui, pendant que Matt souhaite faire des performances, nous discutons de tout et de rien.
- Ça l'avance à quoi de faire ça ?
- Patrick a prévu un entraînement de qualité pour ses deux lieutenants à la rentrée, je pense que ça lui met un coup de pression quelque part me répond mon chéri. Puis il doit faire ses preuves niveau force physique en tant que futur capitaine, toujours puiser dans ses ressources !
- Ah d'accord !
- 1km fait ! S'exclame Matt en regardant sa montre connectée.
- 3 min 58 ! Continue ! Déclare Clément.
- Là il est à combien niveau vitesse ?
- Ça vaut du 15km/h ! Poursuit Clément. C'est carrément bien ! Perso je suis en dessous !
- Ah ouais, je mets plus du double pour faire un kilomètre ! Soufflai-je étonnée.
- Après c'est en fonction de la taille aussi ! Ses foulées sont forcément plus grandes que les tiennes ! Me répond t-il. (Le temps passe).
- Deux kilomètres ! Crie Matt un peu plus loin.
- 4 minutes trente ! Trente deux secondes de retard par rapport au précédent tour !!!! S'exclame Clément. Va falloir que tu accélères d'avantage si tu ne veux pas en perdre plus encore !
Matt secoue la tête puis agrandit ses foulées fonçant comme une balle sur le terrain, lorsqu'il passe au plus près de nous, je l'entends expirer bruyamment et son souffle est beaucoup plus court.
- Il est en train de se crâmer ! S'exclame Clément. Il a voulu faire mieux que l'autre jour mais je pense qu'il n'est pas totalement prêt pour ça ! Il va avoir du mal à finir !
***
- TROIS KILOMETRES !!!! S'époumonne t-il.
- Quatre minutes trente-cinq !!! Ce n'est pas bon ! T'as trente-sept secondes à rattraper !!! Annonce Clément.
Mon lieutenant se met quasiment en sprint, je vois que c'est dur pour lui de rattraper le retard mais pourtant il n'abandonne pas ni ne ralentit le rythme. Par moment je l'entends hurler " putain ! ".
- Mais il est fêlé avec cette chaleur ! M'exclamai-je. Certes y a pas de soleil mais il fait lourd !
- Que veux-tu déclare Clément. Aller Matt !!!! Fonce !!!!!!!!
Je me mets à l'acclamer aussi et à l'encourager de vive voix. Clément doute qu'il puisse être pleinement en sprint sur les derniers cent mètres.
'' Je suis en feu, je n'en peux plus ! J'ai le coeur qui cogne dans les tempes, l'envie de dégueuler et le tournis qui commence à me gagner mais je ne dois pas abandonner ! "
Franchement il m'impressionne en accélérant très visiblement jusqu'à marquer les quatre kilomètres. Mon beau-frère s'écroule dans le sable à plat ventre la tête enfouie entre les bras. Son dos se soulève dans des mouvements rapides et saccadés. Pourtant il m'a bien dit qu'il ne fallait pas se stopper nettement. Nous nous mettons à courir , nos pieds s'enfoncent dans le sable avant de se stopper ce qui en envoie sur le corps de mon beau-frère.
- Hééééé le beau-frère ça va ? Dis-je tout bas en caressant son dos.
- Matt, sérieux réponds ! Grogne Clément se décomposant. Tu me fais baliser grave là ! Fais pas le con !
- Hum hum répond t-il essoufflé.
- Aller lève-toi tu fais flipper là ! Tombe pas dans les pommes hein !
- Anaïs, non il ne vaut mieux pas que je me lève tout de suite finit-il par dire. Ffffffffff je suis mort là !
Clément lui verse de l'eau dans la nuque et lui parle doucement. Matt se penche sur le côté pour cracher la salive qui lui brûle la gorge. Il se ressaisit au bout d'une dizaine de minutes et finit par s'asseoir dans le sable.
- T'es un ouf toi ! Tu aurais pu verser Matt !
- Même si c'était arrivé, est-ce très grave ? Me répond t-il. Tu sais Anaïs dans notre métier il faut repousser ses propres limites quitte à tomber dans les pommes !
- C'est intelligent ça ! Renchéris-je. Non mais franchement, qu'est-ce qu'on aurait fait ? Appeler les pompiers ? ! T'aurais eu l'air malin tiens !
- Et pourquoi pas !
- Non mais Matt j'ai eu peur pour toi ! Je ne veux plus que tu recommences !
- C'est gentil Naïs de t'être inquietée mais il ne faut pas, je gère dit il confiant le front tout transpirant, il s'essuie à son coude.
- Je vous préviens, à la rentrée je n'irai pas jusqu'à là hein ?! (je les tiens informée) Parce que franchement entre toi et Ethan, je crains le pire !
- Je t'assure que tu n'as pas à t'en faire Anaïs, Ethan est très expérimenté, il saura te former correctement et puis je serai là aussi ! Et non, on ne te poussera pas autant ! Me rassure Matt. Aller, rentrons retrouver tout le monde !
Annotations
Versions