Fais-le (Fais-le). Fais-le...

J'halète, à deux doigts de sombrer dans une folie irréversible.

— Taisez-vous, taisez-vous !

Je me prends la tête entre les mains et tombe aux genoux. Je me recroqueville sur moi-même, m'éraflant au passage les genoux et les bras sur l’asphalte. Je n'en peux plus, je veux que ça cesse. Je ne veux plus entendre ces voix dans ma tête qui me poussent à faire des choses que je ne veux pas.

Il n'y a qu'une façon (une façon) pour y arriver... Et tu le sais (sais).

Bien sûr que je le sais. Mais je ne veux plus les écouter. Elle n'apporte que malheur et tristesse autour de moi. Elles me font faire des choses que je ne voulais pas. Je ne veux pas que ça se passe comme ça.

Tu mens (mens) ! C'était la seule façon pour toi d'être libre (d'être libre) (libre). Ils t'ont fait du mal (du mal) toute ta vie (vie). Je n'ai fait que t'encourager (encourager) à leur rendre la pareille (pareille). C'était l'unique solution (solution).

Au fond de moi, je sais qu'elles ont raison. Elles ont toujours été là pour moi, elles m'ont aidé lorsque j'ai été au plus bas. Elles ne m'ont jamais abandonné. Elles étaient là quand tonton m'a fait du mal... Elles étaient là quand maman et papa se sont séparés... Elles étaient là quand j'étais à l'hôpital... Elles étaient là quand la main de mon frère s'abattait sur moi... Elles étaient là quand Luc et sa bande m'embêtaient... Elles étaient là.

Oui (oui), nous étions là (étions là). Et nous le serons toujours (serons toujours) (toujours). C'est la dernière ligne droite (ligne droite) avant la paix éternelle (paix éternelle). Vas-y, fais-le (fais-le).

Je me relève, parcourus d'un frisson nouveau. Je m'approche du rebord et l'enjambe. De l'autre côté, je prends pour la première fois conscience de ce que je vais faire.

N'aie pas peur (peur), nous sommes là pour toi (là pour toi). Nous ne t'abandonnerons jamais (jamais).

Les larmes ruissellent sur mes joues. Ma vue se brouille, au même titre que mes pensées.

— Vous êtes sûres ?

Oui, fais nous confiance (confiance). Nous ne t'avons jamais trahi (jamais trahi). Il est temps pour toi (pour toi) de vaincre ta peur (ta peur). Tu connaîtras la liberté (liberté) une fois fait.

Je repense une dernière fois à tout le mal qu'on m'a fait. Je revois tous ces visages qui m'ont blessé, humilié, sali. Même si aujourd'hui, je les ai punis, je sais que je suis brisé.

Je jette un regard en contrebas. L'obscurité m'empêche de voir le fond. Mais je sais ce qu'il m'attend en bas. Je prends une grande inspiration et ferme les yeux.

Vas-y (vas-y), fais-le (fais-le), allez (allez) !

Je fais un pas en avant. Les voix explosent de joie, leurs rires hystériques résonnent dans mon crâne et la vérité me frappe de plein fouet. Je hurle de peur et de remord. J'ai été berné. Elles ont gagné.