Comme une coquille...
C’était la page d’un journal de Montréal, un article qui affichait en titre : « Les arrangements de Laurent Palanche avec la création ». La suite de l’article me glaçait le sang. Le nom que j’apposais au bas de mes toiles était cité à plusieurs reprises. Je demeurais paralysée devant une phrase en gras au milieu de l’article. Le conférencier avait publié deux livres sans en avoir écrit une seule phrase. Un logiciel écrivait les textes à sa place, lui se contentant d’une relecture pour y apporter quelques corrections.
L’équipe d’informaticiens qui travaillait pour la société de Palanche avait également conçu un logiciel permettant de faire du coaching en ligne. Une intelligence artificielle permettait de dialoguer avec une personne sans qu’il soit possible de déceler la différence avec un être humain. Le rôle de l’artiste peintre dans cette affaire aurait été de participer pleinement à l’élaboration du logiciel. Pour sa défense, la société de Palanche affirmait que le projet ne rencontrerait jamais de développements commerciaux. Plusieurs plaintes avaient été déposées pour escroquerie. Il ne faisait aucun doute que l’artiste peintre serait convoquée au procès et que son rôle exact restait à ce jour encore assez mystérieux.
Mon mari me regardait, attendant une réaction de ma part. Le téléphone à la main, la voix d’Etienne répétant en boucle la même phrase comme sous l’emprise d’un bug informatique, je lui ai murmuré, dévalant la pente vertigineuse des chutes du Niagara, que j’avais un tableau à terminer.
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