Œ ; Troisième lettre
Des orques l’Amie
Grand esprit
Lointaine vaillante
Sœur aimante
Après un maudit jour
Je prends la plume tremblante
Pour t’entretenir en recours
De la situation violente :
Makoraba n’est plus
Le village est dévasté
Griffe Noire est revenue
Pour tous les emporter
Je le crains, ta sœur
A rejoint les Gardiens à cette heure
Elle est partie sereine
A offert sa vie comme la Reine
Son mari est vivant toutefois
Il a résisté par deux fois
Il a une force intérieure face à l’obstacle
Qui a permis des miracles
Après avoir quitté les lieux
Je devine que cela est raconté
Nous avons parcouru, diligentés
Les montagnes sur mille lieues
Les traces mauvaises en entonnoir
Etaient difficiles à voir
Mais un chemin
Nous est apparu enfin
Nous l’avons suivi
Pendant des journées
Au lieu de monter
Nous descendions jusqu’ici
Nous nous rapprochions
Du village en bas
A ses abords nous revenions
Griffe Noire était là
Nous cherchions une grotte
L’ombre était dans une maison
Isolée à peine cachée
Juste une porte fermée
Mais elle n’y était
Quand nous sommes entrés
Il n’y avait que sur la sellette
Toutes ses marionnettes
Aucun cœur ne battait
L’humanité les avait quittées
Dans des cages
Ou en pacage
Nous avons alors mis le feu
Que Griffe Noire ne récupère pas
L’essence de la poussière osseux
Puis nous retournions à Makoraba
Sur la route des cris jusqu’aux cimes
La panique, l’horreur enchâsse
Griffe Noire était en chasse
Et faisait ses victimes
Certains hommes en agneaux
Faussement de retour
Tuaient leurs femmes sans discours
Les enfants, les animaux
Un couple luttait à l’arrière
Omar et Emna
Seules consciences ici-bas
Inflexible barrière
Ull voulut les sauver
En les voyant en danger
J’ai retenu son geste alors
Il serait allé à la mort
Griffe Noire épris
Était face à eux avec passion
Dans ce corps un jour ami
Des années de transformation
Il s’est battu contre Omar
Celui-ci, vaillant guerrier
Gagna les premières passes noires
Mais il était épuisé
Son corps n’était plus
Griffe Noire voulait une recrue
Il lui avait pris déjà beaucoup
Ses repères surtout
Le seul qui lui restait
Était sa famille, sa patrie
Griffe Noire alors visait
Le dernier pur esprit
Emna ; elle sombra voilà le prix
Omar était perdu
C’est alors qu’elle nous vit
La Griffe Noire déçue
Ull avait préparé ses pièges
J’étais prêt à l’épreuve assiège
Ma flèche jamais plus
N’a ratée la cible voulue
Celle-ci est rapide
Elle fuit impavide
Dans le bois des loups
Loin de nous
Elle ne peut nous atteindre
Elle le sait très bien
Mais elle tombe dans son recul
Dans une cage d’Ull
Il puise dans ses réserves
Avant qu’il ne disparaisse
Il la capture enfin en conserve
Nous l’emmenons dans l’ivresse
Nous retournons empressés
Dans sa maison brûlée
A l’abri des ombres
Dans une maigre pénombre
Ici Ull l’affronte
Déchaîne des forces longuement
Dépassant mon entendement
Il renvoi le mal mais ne le surmonte
Griffe Noire disparait
Ull disparait
Après toutes ces années
Je me retrouve esseulé
L’objectif est atteint
Griffe Noire n’est plus rien
Je reviens au village ainsi accompli
Sur la place d’Ali
Arrive la garnison
Nous comptons les morts
Tous les villageois alors
Sauf un avec raison
Ce qu’il reste de Omar
N’est pas à voir
Un corps vide, dévêtu
Une essence perdue
Un temps je me sens
Comme lui, impuissant
Sans rien, sans idées
Après bien des années
J’ai honoré Emna
Puis j’ai voulu écrire
Ecrire à la Générale, là-bas
Mais sans réussir
Parler à ma Générale
Annoncer la mort d’un tel égal
Je ne savais
Quels mots utiliser
Malheureusement
Un jour est passé
Avant que j’aie l’idée
De raconter l’histoire pieusement
La voici maintenant contée
Je n’ai pas le talent inné
Ni l’esprit de Ull le mirifique
Cette créature magique
Son créateur sous terre
Il a continué sa mission
Jusqu’au bout avec mystère
De toute sa puissance en action
La volonté de Tyr
Résonnait dans sa voix
Sans jamais trembler, sans subir
Une maîtrise infinie de soi
Emna devait te ressembler
Je n’en ai aucun doute
Bravoure, ténacité
Sacrifice de soi jusqu’au bout
Ainsi est arrivé le messager
Il a amené ton courrier
Je lui donne le mien
Il n’en est ainsi plus rien
Je retourne chez les miens
A la recherche de la paix
D’un retour de mes capacités
Que la Terre et le Ciel restent sains
Amie des justes
Tu es la bienvenue, même brusque
Chez moi, tu le sais déjà
Mais je sais que tu n’y viendras.
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