Réponse à "Ceci n'est pas un conte de Noël"

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Ce jour-là, la chaleur nous avait accablé dans ce petit appartement de Saint-Malo où nous vivions avec Ange, mon petit frère insupportable et mes parents, bien trop gentils avec lui.

Ce n'était pas tous les jours rose à la maison. J'avais treize ans, ce qui en soit, expliquait mon entente plus que douteuse avec ce petit morveux qui fêtait à ce moment-là même ses huit ans. La tête dans les nuages, Ange réfléchissait à son vœu avant de souffler les bougies.

Bien entendu, il prenait soin de perdre du temps, dans le seul but que l'immonde cire bleue ne coule indubitablement sur le délicieux glaçage que j'avais fait avec maman plus tôt dans la matinée. Ange était comme ça. Le petit chouchou de la famille.

Bien que j'adorais mes parents, ils lui laissaient tout passer en permanence, et cela m'agaçait déjà au plus haut point. Capricieux et opiniâtre, cette petite tête blonde portant bien mal son prénom, en jouait chaque jour à nous en faire perdre la tête.

- Je voudrais voir des gladiateurs.

Tandis que l'affreux soufflait ses bougies, mes parents partageaient un regard bien rond, se demandant déjà comment ils pourraient faire pour combler ses désirs.

Nous étions habitués à ce genre de demande stupide. L'année passée, en guise de défi, il avait souhaité "un dragon". Mon père ne se laissait jamais abattre. Fort de solution, il lui avait offert de multiples cadeaux dont un iguane répugnant en guise de dragon, que mon frère affublait aussitôt du nom d'Hermine. Une année plus tard, je le fusillais toujours du regard à chaque fois qu'il lui parlait. Ravi de lui avoir donné mon prénom, c'était devenu un jeu de le perdre dans l'appartement pour crier sans arrêt mon nom.

Un soir papa, nous fit l'honneur de nous sortir la plus ringarde des expressions, extrêmement fier de sa proposition.

- Eurêka ! Oh Mon Dieu !

- Je sais mon fils, on va aller au Puy du Fou. Tu verras des gladiateurs.

Ange était aux anges. Moi, j'aurais donné ma chemise pour rejoindre mes congénères rongeurs, en me cachant dans un trou quelque part, loin de cette baraque.

Deux bonnes semaines plus tard, au matin du super week-end qui s'annonçait. Ma valise était posée sur mon lit, et je surprenais Ange à fouiller dedans pour me préparer un sale tour.

- Qu'est-ce que tu fais encore Morveux ?

Ange sursautait, et la tête qu'il m'adressait me fit exploser de rire, le vexant au plus haut point.

- Qu'est-ce que tu as à rire, Pauvre pomme ?

- La tête que tu viens de me faire, on aurait trop dit le lutin dans Harry Potter avec tes grandes oreilles.

Alors que j'imitais médiocrement le truc aux grands yeux qui était ami avec Harry. Mon frère plissait ses yeux à l'extrême, prêt à me démolir.

- C'est pas un lutin, pauvre Cloche, c'est un elfe de maison. Arrête de te moquer ou je vais le dire à papa.

- Tu lui expliqueras ce que tu faisais à fouiner dans ma valise comme ça. Allez dégage de là, mon pied me démange. Un de ces quatre, je vais t'envoyer direct sur l' Etoile noire, comme ça j'aurais la paix.

Les yeux bleus d'Ange brillaient intensément, relevant sans aucun doute le défi, comme d'accoutumer.

- Je reviendrais te nuire...

- Le temps que cela arrive, j'aurais changé toutes les serrures, gousse d'ail ! Rétorquais-je assez fièrement.

- Je passerais par la cheminée...

Puis nous nous mettions à rire de bon cœur, avant que je ne le vire de ma chambre. Même s'il m'était insupportable, on plaisantait pas mal et je l'aimais. Comme par magie, tous nos bagages avaient tenus dans le minuscule coffre, et nous prenions gaiement la route, Ange assit à mes côtés à l'arrière.

J'avais regardé rapidement la distance de la maison pour arriver aux Epesses, en Vendée. Environ trois heures. Nous n'étions jamais partis aussi loin de chez nous et je soufflais déjà d'impatience car j'avais horreur de la voiture.

Comme le sort à tendance à s'acharner, nous n'avions pas encore traversé Rennes, qu'Ange se sentait mal, et vomissait tripes et boyaux sur mon pantalon en lin que maman m'avait offert quelques semaines plus tôt. Je fulminais de rage.

Après nous être arrêtés, nous avions beau ouvrir les fenêtres, l'odeur ne se dissipait pas et ce n'était pas le ridicule petit sapin vert dansant au bout de la ficelle sur le rétroviseur qui allait nous sauver. Finalement, nous avions passé un super week-end. Je me rappelle que nous avions ressenti un petit pincement au cœur en revenant si brusquement dans notre appartement.

C'est pour cela que vingts ans plus tard, mon frère Ange franchit ma porte d'éntrée. Impeccablement coiffé et bien rasé, il me tend galamment son bras pour m'escorter jusqu'à ma voiture.

Nous nous y installons, et le souvenir de cette chaude journée d'été près de Rennes nous revient en mémoire. Un rire nostalgique, nous prend alors sur le chemin de Saint-Malo pour offrir à nos parents un week-end au Puy du Fou...

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Table des matières

En réponse au défi

Ceci n'est pas un conte de Noël

Lancé par Robin Parady

Votre défi, si vous l'acceptez, sera d'écrire une histoire contenant les mots suivants :

- Lutin

- Rennes

- Sapin

- Cadeaux

- Cloche

- Etoile

- Cheminée

- Vœu

- Magie

Aucun nombre de mots n'est imposé, idem pour le genre ou la thématique. Mais attention : il ne devra pas s'agir d'une histoire de noël !

Commentaires & Discussions

Souvenir d'un trajet.Chapitre7 messages | 3 ans

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