Elle aime tout dans cette région, son isolement, mais aussi la méfiance un peu hargneuse des habitants, et encore plus le ciel énorme avec ses nuages en forme d’éléphants galopants. Elle aime la météo indécise, venteuse, écrasée par la grisaille lourde ou par un soleil pimpant avec cette chaleur brutale qui tombe d’un ciel soudain trop bleu. Les gens sont laids. Particulièrement laids, mais elle s’habitue.

Elle aime tout dans cette région, mais c’est la solitude qui la ravit. Personne aux caisses des rares supermarchés, personne aux pompes à essence, pas de trafic sur les petites routes, à part un tracteur antique dépassé par deux cyclistes dopés. Pas de concert, pas de cinéma, pas de terrasses de cafés bondées. Bien sûr il y a les touristes du week-end, des troupeaux de Hollandais ou de Flamands qui parlent trop haut, mais ils restent sur leurs pistes bien balisées entre les Grottes de Han et le Château de Bouillon, ils sont faciles à éviter. Jour après jour, elle savoure la solitude, l’absence de sollicitation, le vide. L’oubli.