Chapitre I : Un repas cènique.
Ma mère met le dernier plat sur la table, et commence le service à l'aide de mes tantes. Une fois tout le monde servi, elle invite ma grand-mère Marie à prononcer le bénédicité. Déjà que je ne comprends pas trop l’utilité à part faire refroidir le rôti de porc dans mon assiette, il faut qu’elle le fasse en latin. Elle prononce dans un Latin parfait, sûrement dû à son passage par les enfers : Benedic, Domine, nos et haec tua dona, quae de tua largitate sumus sumpturi. Per Christum Dominum nostrum. Amen”. Ce à quoi toute la tablée répond plus ou moins en coeur “Amen”. Nous commençons alors tous à manger, et bingo mes patates sont tièdes. C’est bien la première fois de la journée que l’on ne parle pas de religion, mes tantes et ma mère faisant passer un interrogatoire à ce pauvre Gautier et à mon frère. Avec ma chère mamie Paulette, nous réagissons entre nous à ce question/réponse. On arrive à communiquer avec une efficacité relative juste avec un haussement de sourcils ou un mouvement de lèvre, ce qui nous fait bien rigoler. Mais apparemment nous avons trop attiré l’attention vu que ma tante Ruth m’interpelle :
— Et toi Marius, comment ça va les amours ?
Eh merde, me dit ma petite voix intérieure. J’avale ma viande et lui répond :
— Bien, tu sais, avec les vacances ça n'avance pas trop ahah.
— Et il a surtout autre chose à faire, comme ces cours, reprend ma mère.
— Oui… aussi..
Je peux entendre mon cousin ricaner légèrement du bout de la table. Dommage pour lui, maintenant c’est son tour. Mais bon, monsieur a une petite copine "extraordinaire" si on en croit les réflexions de ma tante. Et je n’échappe pas à la fameuse comparaison inter-cousin : il a 17 au bac de Français, j'ai 16,5, il est capitaine de l’équipe de volley de son lycée, je suis dans le club d'échecs. Alors que les comparaisons en sa faveur n’arrêtent pas, je m'énerve un peu et dis :
— Est-ce que notre cher Paul-Etienne est délégué, délégué des délégués, membre du conseil de vie lycéenne et élu représentant des élèves au conseil d’administration.
— Ah, bah non, répondit sa mère.
— C’est bien mon chéri, me dit ma mère avec un sourire presque de fierté.
C’est assez rare quand elle fait ça. Après, je viens de clouer le bec de ma tante. Je n’ai jamais compris cette compétition entre les deux, mais bon. Une fois le tour de table des amourettes et parcours scolaire fini, les micros conversation prenne place, on peut entendre mon oncle et mon père parler politique, avec ma tante qui reprend son mari à chaque fois que celui-ci dit quelque chose d’un peu trop à droite et trop vulgaire à côté des enfants. Ma mère et mes tantes parles de leurs péripéties, comme la fois où ma tante à perdu son sac à mains au magasin en le posant à coté des bananes. Il faudrait appeler Netflix, ils en feraient un super film ! Les deux petites parlent de licornes ou de prince, comme d’habitude quoi. Les autres “jeunes” autour de la table ont leurs téléphones cachés sur leurs genoux, mais c’est sans compter sur ma grand-mère qui du bout de la table les surveille et reprend sèchement ce qui les fait sursauter à chaque fois. Pendant ce temps, mon autre grand-mère et moi discutons d’un peu tout et n’importe quoi, elle me parle d'André qu’elle fréquente en ce moment à son cours de gym aquatique, ou mieux, elle essaie de me spoiler la série que je regarde en ce moment. Je pense pouvoir le dire, j’ai sûrement la grand-mère la plus sympa du monde !
Il y a juste un truc que je trouve dommage, c’est que nous sommes quatorze, à une personne près, on avait une belle Cène ! Le repas s’éternise au point de prendre le dessert à seize heures. Le repas se termine enfin vers 17H30 et tout le monde part au fur et à mesure, à la fin, il ne reste plus que mes sœurs, mes parents, mon frère et Gautier. Nous débarrassons toute la table et aidons à faire la vaisselle. Ma sœur et son copain partent juste après avoir fini de nous aider. Quelques heures, plus tard, je me surprends encore à penser à ce blond de la messe. Lors du dîner, j'ai donc posé des questions à ma mère.
— Dis-moi maman.
— Quoi donc ?
— Les gens de la chorale de la cathédrale ?
— Euh… le samedi après-midi, je crois. Pourquoi ? Tu veux l’intégrer ?
— Même si je peux à peine imaginer le plaisir que ça te ferait, nan. C’est juste pour voir comme ça.
— Mon frère eut un sourire et dit.
— Et elle s’appelle comment ?
— Pardon ? lui réponds-je
— T’y va pour une meuf ?
— Une fille ! Reprends ma mère.
— Ouais une fille, comment elle s’appelle.
— Mais il n pas de fille, lui dis-je, je veux juste voir comment ils s'entraînent et tout au moins une fois.
— Mouais, dit Louis-Antoine en se replongeant dans sa salade.
Ma mère continue de me donner des informations comme l’heure, les personnes à aller voir et tout le tralala.
***
Samedi, à 16h30, je suis devant la cathédrale d’Orléans. Je pénètre dans celle-ci, et m'assieds au troisième rang histoire d’être là sans déranger. Tous les choristes sont là sauf mon blond, ils commencent alors quelque échauffement vocal, c’est alors que l’on entend quelqu’un courir et dire :
— Excusez-moi, je suis en retard !
Tout le monde regarde se retourner vers le collatéral nord d'où proviennent ces paroles. Le responsable de la chorale répond alors :
— Ne t’inquiète pas Henri, on vient juste de commencer. Mais c’est la deuxième fois que ça ne devient pas une habitude.
— Oui.
J'attends quelques secondes avant de pouvoir apercevoir ce nouvel arrivant, et bingo ! Il s’agit bien de mon blond, enfin, de Henri.
Ils reprennent leur échauffement alors leur échauffement vocal au complet. Après plusieurs minutes d'exercice, ils commencent par le chant “tu fais ta demeure en nous seigneur". Durant celui-ci, je peux remarquer que ce cher Henri fait partie des cinq choristes qui sont avancées un peu plus en avant. Les chants se succèdent tout comme les minutes à une vitesse folles, ils finissent une heure et demie plus tard avec un dernier chant en latin celui-ci : Amina christi sanctifica me. Une fois que celui-ci est jugé bon pour le chef de la chorale, il les libère. Alors que tous les choristes partent au compte, goûte, je prends mon courage à deux mains et je m’approche de lui :
— Hey ! Henri, c’est ça ?
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