6 - L’allumeuse

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Dans les jours qui suivirent ma rencontre torride avec Clara, je ne la croisais plus le matin au petit café du coin. Peut-être avait-elle changé ses habitudes ? Peut-être voulait-elle m’éviter ? Mais, c’était sans doute me donner beaucoup plus d’importance que je n’en avais jamais eu à ses yeux. Une telle fille avait certainement bien mieux à faire que s’intéresser à moi.

Cependant, ce fut tout à fait par hasard que je la retrouvai quelques semaines plus tard. Sébastien, mon collègue et ami gay, m’avait traînée dans une de ces expositions chics où se pressait toute la bonne société de la ville. Et, elle était là. Sublime. Perchée sur des talons de quinze centimètres digne d'un top model, elle arborait une robe courte noire très moulante. Tous seins et fesses dehors, elle minaudait auprès d’un type au bronzage artificiel et au costard de maquereau italien. Ses longs cheveux bruns voletaient à chacun de ses mouvements. Lumineuse, elle irradiait l’assemblée.

En l’observant de loin, je ressentis un instant une pointe de jalousie. Voyant ma mine renfrognée, mon ami m’interrogea du regard. Je lui crachai le morceau, un brin bravache :

  • Tu vois la fille là-bas en robe noire ras-la-touffe. C’est mon coup de l’autre matin.
  • Belle chienne en effet. Veux-tu que j’aille fureter de ce côté là, histoire d’en savoir plus sur elle ? Il serait étonnant que je n’apprenne pas un ou deux ragots.
  • Oui, mais discrètement ! En attendant, présente-moi l’artiste.

Sébastien m’accompagna auprès du créateur qui exposait ses oeuvres artistico-numériques et j’entamai une conversation avec lui. Dans le même temps, je ne perdais pas une miette des faits et gestes de la belle, ainsi que des manoeuvres habiles de mon ami pour disposer d’informations sur elle. Un instant, je croisai le regard de cette dernière. Elle fit mine de ne pas m’avoir vue, mais j'étais certaine qu’elle m’avait bien reconnue.

Ayant besoin d’un peu de rafraîchissement après que le feu me soit subitement monté aux joues, je me dirigeai au plus vite vers les toilettes. Là, alors que seule face au miroir, j’essayais tant bien que mal de reprendre mon calme, elle entra dans la pièce. Puis, elle vint coller ses fesses rebondies contre le rebord en granit des lavabos.

  • Julia. C’est bien toi, tout endimanchée et maquillée. Je n’étais pas sûre.
  • Moi, je t’ai reconnue tout de suite Clara. Je n’oublie jamais une belle chatte !

Je glissai, en même temps que mes propos provocateurs, une main entre ses cuisses. Comme la première fois, elle ne portait aucun sous-vêtement et je plongeai directement mes doigts agiles dans son intimité déjà humide. Elle grogna de plaisir et m’embrassa goulument avant de m’attirer à l’écart dans l’un des WC.

Là, pendant que je continuais avec frénésie mon travail manuel, elle en profita pour faufiler l’une de ses mains en moi. Le job était plus compliqué entre le collant opaque et le string de dentelle, mais elle y arriva aisément. Alors que je la sentais vibrer sous ma main experte, ma bouche ne quittait pas la sienne au goût de champagne.

Nous arrêtâmes nos ébats un bref moment lorsque deux femmes entrèrent dans la pièce. Heureusement, elle ne s’éternisèrent pas. Après avoir éclaté de rire comme deux ados, nous achevâmes avec entrain notre mutuel coup de main de plaisir.

Bientôt toutes deux satisfaites, nous reprîmes nos esprits et réajustâmes nos vêtements avant de quitter promptement les lieux. Dans la foulée, elle s’enfuit au milieu de l’assemblée sans même me dire un mot, me laissant emplie d’une soudaine mélancolie.

Je retrouvai mon ami Sébastien, qui toujours aussi volubile, m’en dit plus sur ma conquête.

  • Figure-toi qu’elle est attachée de presse de ce gros porc vulgaire de Marc B. Tout le monde est persuadé qu’elle est aussi sa maîtresse.

Connaissant la réputation du type en question, un homme d’affaires plutôt controversé, et le peu que je connaissais de Clara, je me doutais qu’il s’agissait d’une relation bien plus épicée.

De son côté la belle brune avait repris son jeu de séduction auprès de son supposé amant et de ses connaissances. Les types louchaient littéralement sur son décolleté et sa bouche avenante. Elle quitta peu après les lieux au bras de l’homme répugnant avec qui elle était venue. Cette vision me donna la nausée et me gâcha le reste de la soirée, car j’engloutis ensuite pour me griser un maximum d’alcool.

Au matin suivant, alors que je me levai avec une terrible gueule de bois, je gagnai mon troquet habituel où je commandai un double expresso. Sur fond de discussions de comptoir où des clients devisaient sur le crépuscule de la candidature du châtelain Sarthois, le barman me tendit une petite enveloppe.

  • Une jeune femme a laissé ça pour vous.

Etonnée, j’ouvris le pli : « Madame, RDV à 16h à mon appartement. Clara. »

Je souris en dépit du marteau piqueur qui avait attaqué mon crâne et glissai le papier dans ma poche. L’allumeuse me surprendra toujours, mais j’étais bien décidée à ne pas me laisser tenter une nouvelle fois.

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