8 - La mystique en plastic
Quelques jours plus tard, alors que j’allais prendre le métro, je tombai sur une fille qui distribuait des tracts pour l’escroc de la Sarthe en haut des escaliers. Entre deux refus (au mieux) ou de quolibets (au pire) de la part des passants, elle grelottait sous la pluie froide dans son ciré bleu marine.
Je ne sais pourquoi, j’entamai une conversation avec elle. J’essayais de connaître ses motivations. Elle me récitait par coeur sa leçon et les éléments de langages de son parti. J’eus néanmoins pitié d’elle et lui proposai d’aller boire un café. Curieusement, elle accepta. En chemin, j’appris que son binôme était tombé brusquement malade et qu’elle s’était retrouvée là, seule, à militer dans la grisaille. Je la félicitai pour son courage tout en compatissant pour son collègue.
Tout en touillant son café, elle commença à délirer sur la théorie du complot contre son courageux héros. Un flot ininterrompu de balivernes et sornettes en tout genre. Je n’écoutais déjà plus. J’étais juste fascinée par ses longs cheveux blonds méchés - que j’imaginais bien doux - et par sa bouche appétissante. D’autres l’auraient jugée illuminée, moi je la trouvais simplement lumineuse. Ses dents blanches éclatantes luisaient sous les néons. La républicaine fleurait bon la fille de sainte famille élevée aux valeurs de la morale et du capital.
Je la provoquai (un peu) avec mes questions perfides. Non, elle m'assura qu'elle n’appartenait pas à Sens Commun, ni à la Manif pour tous. Elle avait juste du bon sens et peut-être aussi de bonnes raisons. A son regard brillant, je me doutais qu’elle avait des préférences que ne goûtaient pas forcément ses amis radicalisés. Elle me conta ses déconvenues à l’église, où le prêtre de sa paroisse ne faisait pas dans la dentelle avec les homosexuels. Elle lui confiait tout de même ses mauvaises pensées, histoire d’être absoute de ses péchés véniels. Elle enchaîna avec ses retraites spirituelles et ses réunions si riches avec ses amis du Renouveau charismatique. La religion (re)devenue secte.
Impossible pour moi de la comprendre, même si j’avais eu moi aussi ma période mystique. Quand j’avais sept ans, le mystère et les dorures de l'Eglise m’avaient envoutés. C’était un beau conte de fées qui m’avait passionnée un temps. Juste le temps de comprendre qu’il en était un.
Pendant qu’elle me narrait, par le menu, les rites et les choses du culte, j’admirais maintenant ses seins qui pointaient sous son pull marine. J’aurais voulu la téter comme un enfant sacré. Et glisser, plus en dessous, entre ses cuisses, pour communier à son calice. Je l’imaginais ensuite à genoux, en prière appliquée contre mon livre saint. Elle se rendit compte que j’avais zappé son discours et s’excusa d’être si bavarde.
L’heure était déjà bien avancée et je devais la quitter pour aller travailler. Elle me remercia avec chaleur pour mon invitation et me tendit une serviette en papier où était indiqué son numéro. Elle voulait continuer cette intéressante conversation. Moi, je voulais en voir plus d’elle. J’acceptai en souriant, lui promettant de la rappeler rapidement. Les filles de droite sont-elles adroites ? La belle ne me semblait pas vraiment pucelle et, surtout, j’avais bien trop envie d’elle…
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