10 - Miss Blue
Alors que je rentrais un peu tard d’une journée professionnelle compliquée, je m’arrêtai sur la route du retour dans un bar musical dont on m’avait dit beaucoup de bien. Là, je pris place à une table et commandai un Mojito. Dans l’attente de mon verre, j’observais les lieux d’un rapide coup d’oeil à 180°. Il y avait là pas mal de groupes discutant avec animation ainsi que des petits couples d’amoureux plus discrets. Près du comptoir, mon regard s’arrêta net sur une drôle de fille aux cheveux bleus. Ce n’était pas un de ces bleus pisseux arboré par certaines, mais plutôt un très beau Lapis Lazuli.
La fille n’était pas très grande, mais élancée. Elle portait un très petit t-shirt près du corps et un pantalon taille basse plutôt large. Et elle avait les cheveux très courts. Je restai un instant fascinée par ce personnage sortant de l’ordinaire. Un moment, elle se retourna et croisa mon regard de braise. Comme gênée par les flammes qui embrasaient mes prunelles, elle détourna le visage. Dépitée, je plongeai immédiatement mon nez dans le verre qui venait de m’être servi.
Un groupe de musiciens Gypsy vint s’installer sur l’estrade située au fond de l’établissement. Ils réchauffèrent largement l’ambiance avec leurs rythmes endiablés. Rapidement, quelques couples s’enlacèrent au milieu de la salle et d’autres commencèrent à s’agiter sur leur siège. La Miss Blue restait dans mon radar et je la vis s’avancer parmi les danseurs. Son corps souple ondulait et tournoyait en suivant la musique, la rendant encore plus attirante.
Après un petit moment d’hésitation, je décidai de rejoindre à mon tour le parquet. En périphérie pour commencer, puis de plus en plus proche de ma cible bleutée. Je virevoltais pendant quelques minutes autour d’elle, puis, lorsque son sourire m’en donna la permission, je me collai carrément à elle. J’étais derrière elle, me frottant contre ses fesses fermes. Je sentais son parfum poudré mêlé à son odeur corporelle. Enivrée, je tendis une main qui se posa doucement sur son ventre nu. Elle sursauta et en eut des frissons que je constatai immédiatement avec satisfaction.
Puis, d’une pirouette, je me retrouvai bientôt face à elle. Je pouvais maintenant admirer sa belle poitrine dont les tétons pointaient vers moi. Cette image troublante me brûla d’un coup de la tête aux pieds. Mes mains s’agitaient langoureusement au rythme des ondulations de ses hanches. La danse se faisait de plus en plus sensuelle. Je n’en pouvais déjà plus et osai un baiser profond entre ses lèvres pulpeuses. Elle répondit totalement à cette invitation et nos langues valsèrent ensemble un long moment. Je m’abandonnai totalement au plaisir de cet instant magique.
Nous étions toutes deux plutôt en nage et je lui proposai un verre pour rafraîchir un peu nos ardeurs. Elle acquiesça et je l’accompagnai jusqu’à ma table. Là, je lui demandai sa boisson préférée et me dirigeai vers le bar pour commander. Le barman traîna un peu, mais je revins quelques minutes plus tard avec les breuvages. Cependant, la belle n’était plus là.
Je sortis du bar regardant partout. Des hommes à la mine patibulaire me dévisagèrent. Je leur demandai timidement s’ils avaient vu passer une fille aux cheveux bleus. Ils me firent signe que non. Je n’en revenais pas : elle avait tout bonnement disparu. Un coup à la Cendrillon sans la chaussure. J’étais hyper déçue et, du coup, je décidai de partir.
Sur le chemin du retour, les doutes m’assaillirent. Pourquoi était-elle partie alors que le courant était si bien passé entre nous ? De quoi avait-elle eu peur ? Et puis, étais-je vraiment à son goût ? J’avais bientôt mal à la tête de toutes ses questions sans réponses.
Rentrée chez moi, je m’allongeai sur mon lit et, fermant les yeux, je revis le corps ondulant de la Miss Blue. Avais-je rêvé ? Etait-elle bien réelle ? Ou tout droit sortie de mon imagination débordante ? Avant de dormir, pour calmer mes angoisses, je décidai que je retournerai un de ces soirs dans le bar en question histoire de voir si la belle y dansait encore.
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