15 - La passion au carré
Peu à peu, mon obscure attirance pour Quentin se transformait en quelque chose d’autre. Quelque chose de très fort et de très violent aussi. Quelque chose qui me faisait peur et qui me rendait addict en même temps. Quelque chose que je n’avais jamais connu. Quelque chose qui ressemblait à la passion, mais que je qualifiais plutôt, me concernant, de folie. Une chose totalement démente et incroyablement puissante lorsqu’elle était partagée. Une passion démultipliée. Comme au carré.
Nous avions pris l’habitude avec le beau Quentin de nous retrouver chez l’un ou l’autre chaque jour. Et, chaque jour était prétexte à un nouveau scénario totalement fou. Et, aussi, à de nouveaux cadeaux de plus en plus sexy pour l’un et pour l’autre. Ainsi, après avoir copieusement alimenté ma collection de Louboutin, mon amant m’offrait chaque jour de nouveaux objets pour garnir ma panoplie de la parfaite Domina. De mon côté, après le collier à clous, différents bijoux pour décorer son joli corps, des sous-vêtements ultra-coquins, je lui fis présent d’un tube de lubrifiant XXL. Et comme si nous nous étions passés le mot, il m’offrit en retour un nouveau gode ceinture de bien meilleure qualité que celui que je possédais déjà.
Jusqu’à ce jour, même s’il en mourrait d’envie, il avait toujours repoussé le moment de m’abandonner les profondeurs de son intimité. Il jouait juste les soumis de base, léchant mes talons haut, nettoyant le carlage à quatre pattes, grignotant des croquettes pour chat ou lapant un bol de lait à même le sol de la cuisine. Moi, je passais mon temps à le vêtir de tenues sexy que je me faisais ensuite un malin plaisir de découper, avant de lui frapper délicatement ses jolies fesses rebondies. J’aurais voulu aller plus loin, mais peu avant de passer aux choses sérieuses, il préférait enfouir sa tête entre mes cuisses brûlantes pour me calmer avec sa langue agile.
Cependant, en bon soumis voulant satisfaire son adorée, il savait qu’il ne pourrait plus longtemps remettre l’inéluctable. Et, en son for intérieur, il se doutait qu’il aimerait cela. Pour son dépucelage, il avait suggéré un lieu insolite. Je lui proposai un joli jardin public orné de sympathiques bosquets qui nous permettraient de passer à l’acte sans être dérangés. Il approuva d’un sourire ce choix digne d’un prince. Et nous nous dirigeâmes sans tarder vers le lieu en question
Là, alors que l’après-midi battait son plein de touristes en visite, de familles en promenade, de personnes âgées admirant les parterres de fleurs ou de jolies filles lisant à l’ombre, nous nous isolâmes derrière un épais bouquet d’arbustes. J’embrassais mon soumis tout en lui tirant son épaisse tignasse en arrière. Il baissa ensuite son jean. Il ne portait dessous qu’un de ces sous-vêtements sexy découvrant largement ses jolies fesses nues. J’ajustai de mon côté le gode ceinture spécial débutant que j’avais apporté dans mon sac. Je l’enduisis de lubrifiant avant de glisser un, puis deux doigts avides à l’intérieur de Quentin.
Après quelques minutes de ce traitement, il n’y tenait déjà plus.
- Prends-moi ! M’avait-il soufflé, dévoré par son désir décuplé par la situation.
J’attaquai avec douceur, l’encourageant à se détendre. Peu à peu, à mesure que j’atteignais l’organe de l’extase, sa douleur fit place à des soupirs de plaisir. Rapidement, il s’abandonna totalement, arrosant les feuilles alentours de son essence divine. De mon côté, le nouvel objet était suffisamment efficace pour que je m’en oublie, en perde l’équilibre et tombe au milieu des fourrés. Alors que j’étais allongée au sol, il s’empressa de me venir me chevaucher et s’empala tout de go sur ma hampe de plastic. Et, à son rythme, il s’agita avec frénésie dans un va et vient de plus en plus rapide. Bientôt, il jouit de nouveau. Je le soupçonnais de ne pas en être réellement à son premier rendez-vous avec un tel godemiché.
Peu après, confus, il m’aida à retirer l’objet de nos plaisirs. Puis, il déposa sa tête sur mon épaule :
- Pardon maîtresse, j’ai jouis sans attendre votre permission.
Je me relevais ensuite, le regardant de haut :
- Effectivement, et cela mérite une sévère punition qui te sera assénée demain comme il se doit.
Il me sourit, déjà excité à l’idée. Je l’aidai ensuite à se relever, puis nous sortîmes discrètement de notre cachette de verdure. Après, Quentin me prit la main et me murmura à l’oreille :
- J’ai juste A.D.O.R.E ça !
J’éclatai de rire. Je n’en doutais pas une seconde.
Alors que je le raccompagnais jusqu’à sa voiture, il s’arrêta net et me lança :
- Je t’aime !
J’ouvris de grands yeux incrédules.
- Je t’aime à la folie. Renchérit-il. Et même si je ne suis qu’un sex friend pour toi, cela ne fait rien. fit-il en baissant la tête.
J’avais juste entrevu une ombre de tristesse passer dans son sublime regard. Je lui relevai le menton d’un doigt et me noyai dans ses yeux turquoise :
- Tu es plus qu’un sex friend pour moi Quentin. Je ne peux dire ce que c’est, mais je sais seulement que tu occupes toutes mes pensées, jour et nuit.
Puis, après qu’il soit monté dans son véhicule, et alors que je refermais sa portière, il ouvrit la vitre et enchaîna :
- Je sais que tu m’aimes. Toi, tu ne le sais peut-être pas encore. Mais, moi je le sais. A demain mon amour.
Il cligna de l’oeil et démarra en trombe. Il était attendu à dîner chez ses parents.
Peu après, je regagnai à pied mon logis. Là, seule devant ma salade, je souriais en lisant sur mon mobile les commentaires humoristiques de Quentin au sujet de son repas de famille. Ce mec méritait d’être connu. Je n’osais imaginer que ce que je ressentais pour lui était de l’amour. Au delà des hommes et des femmes toujours plus ennuyeux que j’avais connu, il avait l’intelligence de se renouveler à chaque rencontre. Comme si, jour après jour, je découvrais chacune de ses mille facettes. Sans doute m’avait-il comprise, d'instinct, mieux que personne. Mais, cela serait-il suffisant pour que je renonce à l’humanité toute entière pour ses - très - beaux yeux ?
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