26 - L’artiste
Je profitai de mes déplacements professionnels pour reprendre mes activités favorites, à savoir écumer les expositions et les évènements artistiques.
Un soir je me rendis au vernissage d’un jeune artiste dont on m’avait dit beaucoup de bien. Il faisait le buzz sur internet. Plusieurs VIP avaient tweeté de façon élogieuse sur lui. Les quelques tableaux que j’avais vu sur son site semblaient aussi à mon goût. L’évènement était blindé comme souvent dans ce genre de lieux ouverts à tous. De la lumière, du chauffage, des petits fours et de l’alcool attirant toujours une foule de curieux dont on ne sait jamais vraiment ce qui la motive.
J’entrai dans les lieux et attaquait direct un tour des oeuvres exposées. J’étais à la fois fascinée et émerveillée par le style moderne et les sujets bouleversants. Je songeai que l’auteur devait sans doute être à fleur de peau. Dans le carnet transmis à l’entrée il était indiqué que l’artiste était un hyper sensible autodidacte.
Un moment, je m’arrêtai longuement devant une toile très sombre d’où se détachaient des ronds et des traits jaunes. Comme des phares allumés dans une nuit sans lune. Bientôt quelqu’un s’approcha de moi et me demanda ce que ce tableau m’inspirait. Je regardai ce jeune et bel homme inquiet face à moi et j’en conclus qu’il devait s’agir du peintre. Par provocation, je démarrai alors une histoire qui venait de me passer par la tête.
- Et bien voilà, cela me rappelle une nuit sombre cet été en Corse. J’avais rencontré un homme sur internet et il m’avait invité à la rejoindre dans sa maison. En pleine nuit donc, j’avais pris la route pierreuse qui mène de Bonifacio au golfe de Santa Manza. Après quelques minutes en plein maquis, j’avais atteint la fameuse villa. Immense, de plein pied, éclairée et moderne. Le portail était ouvert et donc je me garai dans l’entrée. La porte de la demeure était grande ouverte aussi. Après, de là, j’ai suivi un parcours fléché à l’intérieur de la maison. En passant, je notai la qualité des meubles et le soin des décors. Le jeu de piste s’arrêtait devant une porte fermée. Je la poussai avec un peu d’appréhension…
Mon interlocuteur ne perdait pas une miette de mon récit. Ses grands yeux fixant les miens avec intensité. Je repris donc mon histoire :
- En fait, derrière la porte, se trouvait un homme, à genoux, les yeux bandés, les mains attachées dans le dos et avec une cravache entre les dents. Cette vision de soumission me troubla tellement que tous mes sens furent enflammés à l’instant. Je me saisis de la cravache et je la fis battre l’air pendant que je tournoyais autour de l’homme. Puis, je commençai à l’utiliser pour caresser le dos et la croupe du soumis. Et je balançai de petites tapes sur son sexe en forte érection.
Le jeune peintre semblait lui aussi fortement troublé par cette image. Il avait du mal de déglutir. Voyant que j’avais provoqué ce que j’attendais, je continuai mon récit :
- N’y tenant plus j’approchai ma vulve de ses lèvres et le laissai me dévorer de sa bouche experte. Il n’était qu’une chose pour moi, tout au plus un objet sexuel uniquement tourné vers la satisfaction de mon plaisir. Ce dernier ne tarda pas et j’eus du mal de rester debout lorsque les spasmes de mon orgasme m’envahirent. Peu après, je quittai immédiatement la maison et repartis aussi vite que j’étais venue.
Puis, toisant l'artiste avec arrogance, je lui jetai au visage :
- Je sais ce que tu es. Petite salope.
L’homme sourit, sembla intimidé et baissa la tête.
Je l’abandonnai là et me dirigeai vers la fille de l’entrée à qui je commandai le fameux tableau. Je laissai mes coordonnées pour me le faire livrer chez moi. De là où il était le peintre ne m’avait pas quittée des yeux. Je savais que j’avais mis le feu à son âme. Je n’avais aucun doute sur l’issue : il serait bientôt mien.
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