38 - Les débauchés confinés
Alors que nous redoutions une prolongation du confinement après le week-end de Pâques, le décompte morbide s’affichait en non stop sur les chaînes infos. Côté boulot, c’était assez catastrophique. Les contrats s’annulaient les uns après les autres. Et pour ceux que nous avions encore, c’étaient une suite d’impayés. Nous fûmes obligés de prendre des congés pendant cette période. Je me retrouvai donc plutôt désoeuvrée, mais je continuais de travailler sur mon projet de restaurants coréens, car le client, lui, était toujours actif.
Dans mon temps libre, j'en profitais pour contacter mes amies par Skype. Tout le monde était en bonne santé, même si le confinement commençait à peser. Mina qui n’avait plus de petite amie depuis quelques mois trouvait le temps long et la drague en ligne était loin de combler ses (gros) besoins de sexe. Je compris à demi-mots que la cohabitation de Marjorie avec son mari était compliquée et que Chloé vivait une histoire d’amour passionnée avec un mec rencontré sur Tinder avant le confinement. Aurélie et sa bouillante copine Zoé s’étaient séparées après une violente dispute. Bref, ça ressemblait de plus en plus à un remake de Femmes au bord de la crises de nerf à cause de cette assignation à résidence.
De mon côté, le temps s’écoulait lentement, juste bercé par l’amour et la bonne humeur de mes parents. Mais, en ce vendredi là, ma quiétude fut brusquement perturbée par un coup de fil reçu sur mon smartphone. Le corps soumis de Simon venait d’y apparaître en grand. Sa voix haute et colorée résonna dans le silence confiné de mon bureau. Il m’indiqua être là, devant le portail de la propriété. Je filai de suite vers la porte fenêtre et l’aperçus me faisant signe. J’étais surprise de le voir. Comment avait-il quitté Paris ? Je me doutais qu’avec ses contacts dans le gouvernement, il devait avoir des autorisations spéciales. Ces types ultra-friqués se jouaient toujours des lois qui nous étaient imposées à nous simples citoyens.
Mi-agacée, mi-curieuse de cette intrusion, j’allai lui ouvrir et laissai entrer son puissant 4X4 de luxe dans l’allée. Il en sortit tout souriant et sûr de lui. Il m’enlaça et me murmura un : "Je suis ta petite salope" à l’oreille qui eut l’effet d’une bombe d’hormones dans mon corps trop longtemps confiné. Puis, il ajouta, plus souminateur que jamais :
- Je porte un plug dans le cul pour toi mon amour.
Je sentis, à ses mots, une humidité incontrôlée se propager dans ma petite culotte de dentelle noire. Il savait y faire la petite pute. Il savait trouver les mots pour me déclencher. Pour réveiller l’objet de ses désirs pervers. Cela me rendait folle d’être ainsi manipulée à volonté. Je rêvais du moment où je pourrais rester froide à ce genre de comportement. Mais, à date, j’en étais incapable.
Simon me regardait le sourire aux lèvres, assez fier de ses provocations. Il avait ce que j’appelais le vice joyeux. Aucune aspérité où je puisse accrocher mes dents de louve. Tout était si lisse et lumineux en lui. Il me rappelait ces personnages de grands libertins du XVIIIème siècle. Il avait l’intelligence sulfureuse d’un Valmont, mais aussi la légèreté d’un oncle Benjamin. Cependant, le fixant dans ses yeux plein de malice, je compris à cet instant, que j’étais la seule ombre à son tableau. La seule pour qui il était prêt à se damner. Pour le meilleur, mais - surtout - pour le pire.
Je le présentai à mes parents qui, heureux de rencontrer enfin l’un de mes amis, lui offrirent un café sans sucre, mais restèrent bien à distance. Ne venait-il pas de l’antichambre des pestiférés qu’ils voyaient en boucle à la télé ? Lorsqu’il leur annonça son intention de m’emporter dans la maison toute proche qu’un ami lui avait prêté pour le week-end, ils firent un peu la grimace. Mais, j’acceptai, tout en m’en voulant un peu. Je filai préparer un petit bagage et montai dans sa voiture pour un trajet de quelques kilomètres.
La demeure prêtée semblait spacieuse et design. Le jardin parfaitement entretenu sentait l’herbe fraîchement coupée et le parvenu. J’entrai avec lui à l’intérieur, une bonne odeur de cuisine s’échappait d’une large cuisine américaine. Soudain, j’ouvris de grands yeux devant le fessier dénudé d’un homme aux fourneaux. Juste ceint d’un long tablier, l’homme arborait des tatouages sur les bras et souriait comme une petite frappe ramassée sur une application de baise.
- Je te présente Jimmy, un ami qui rêvait de te connaître mon amour.
Je croisai le regard provocateur de Simon, furieuse.
- On peut se parler en privé ? Lui lançai-je sèchement.
Il me fit signe de le suivre à l’étage. Je montai les escaliers de bois jusqu’à un long couloir qui filait en mezzanine. Là, à peine avait-il déposé mon bagage dans la chambre que je sautais les deux pieds sur le lit pour le surplomber de ma hauteur. Sans le laisser souffler, je lui tirai les cheveux en arrière et le forçai à s’agenouiller de toutes mes forces. Mi-amusé, mi-inquiet, il obtempéra et se retrouva bien vite en position de soumission.
- Qui t’a demandé d’amener cette catin ici ? Hurlai-je à plein poumons pour être certaine que l’homme tatoué entende tout depuis le rez-de-chaussée.
- Pardon, Madame, je voulais juste vous faire plaisir en réalisant l’un de vos rêves les plus intimes. Bredouilla-t-il d’une petite voix.
- Pour ta peine tu seras puni. Pas de repas. Et tu dormiras nu à même la descente de lit, comme la sale chienne que tu es ! Je vais régler le cas de ta pute et quand je reviens je veux te voir à poil, allongé et silencieux.
Je quittai la pièce, soufflant un peu en descendant l’escalier. L’invité surprise avait, heureusement, enfilé un jean et un t-shirt. Il était maintenant assis sur le canapé immaculé de l’immense salon de magasine de déco. A peine arrivée, lorsqu’il vit ma mine fermée, il voulut prendre la parole, mais je l’arrêtai net d’un geste ferme de la main.
- Je suis désolée, mais je ne suis pas à l’initiative de ce week-end surprise.
- C’est ce que je viens de comprendre Madame. C’est moi qui suis désolé. D’autant que vous êtes vraiment très belle. J’aurais beaucoup aimé vous satisfaire d’une manière ou d’une autre. J’ai rencontré votre homme sur un site BDSM et il m’a assuré que ce que nous avions convenu était le plus grand de vos rêves de Domina.
- Je me doute que vous n’êtes pas en cause, mais c'est juste cette petite salope de souminateur de Simon. Je l’ai puni ce soir, mais je souhaiterais demain lui donner une bonne leçon. M’aiderez-vous dans cette tâche ?
- Oui, Madame. Ce serait un véritable plaisir de vous aider.
- Même si c’est un peu hard par moment ?
- Vous savez Madame, j’en ai vu bien d’autres...
A ces derniers mots, je souris. Je me doutais bien qu’il avait déjà copieusement vécu. Simon n’aurait jamais choisi quelqu’un qui n’avait pas les compétences requises.
Je partageai ensuite le diner avec le jeune homme qui s’avéra musicien et charmant. Outre son ouverture d’esprit, il affichait une parfaite santé mentale qui donnait confiance. Je l’abandonnai bien vite ensuite, afin d’aller surveiller ma chienne. Allongé et immobile dans le noir, il était nu à même le sol. Il avait juste rajouté son collier de soumis et sa laisse. L’attention était sympathique, même si je n’avais rien demandé. Mais, Simon savait toujours anticiper mes désirs. Comme s’il avait une prise directe sur mes pensées les plus profondes et les plus sombres.
Je m’effondrai sur le lit et fis mine de dormir. Mais mes pensées étaient déjà à la construction du scénario du lendemain. Après avoir fini par fermer les yeux, je me réveillai au milieu de la nuit. Au pied du lit, mon soumis ne bronchait pas, mais je voyais bien qu’il n’avait pu s’endormir et qu’il grelotait sur la descente de lit. Ayant pitié de cette pauvre bête, je lui fis signe de venir dans le lit. Il ne se fit pas prier pour venir se lover près de moi. Je le repoussai d’un coup de coude et lui ordonnai de tenir ses distances de sécurité. Vue la largueur king size du lit c’était possible. Il se retourna de son côté et ne tarda pas à sombrer dans les bras d’un Morphée sans doute bardé de cuir.
Dans le silence juste ponctué des respirations de Simon, je finis d’établir les grandes trames de l’épisode suivant. Après ce que j’avais prévu, il saurait bien, l’animal, où était sa vraie place. Là, tout en bas, à mes pieds.
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