La galanterie ?

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Les duels continuèrent jusqu’à ce que les noms d’Askr, et de Louis retentissent. Et si le dernier ne semblait pas enclin à prendre part à ce combat, Askr, lui, dégaina hache et bouclier en attendant le signal. Aussitôt fut-il donné, que le guerrier du nord se rua sur son ennemi dans un rugissement bestial. Ce dernier crût voir une bête sauvage, un sanglier enragé qui le chargeait. Mais si Askr avait la férocité et la force de son côté, sa rage l’aveuglait. Il ne semblait plus maître de ses propres membres et Louis s’en servit à son avantage, esquivant et dansant autour de l’animal. Aucune des attaques d’Askr ne faisait mouche et ses haches ne touchaient que le vent ou glissaient sur la lame de Louis. La défense du Chrétien était parfaite. Il parait chacune des attaques et contre-attaquait avec une précision terrifiante et un calme de glace. De nombreux échanges de coups plus tard, Louis comprit que le seul moyen d’arrêter cet affrontement était en achevant le nordique d’un coup d’un seul. Le Fils du Nord, dont la raison s’était tue se refusait à arrêter les assauts. Sa garde était ouverte, grande ouverte malgré son bouclier avec lequel il essayait d’assommer le catholique. C’est cette garde défaillante qui offrit à Louis l’occasion de frapper. Rapide comme l’éclair, sa rapière perça la garde et le cœur du Nordique d’un coup seul coup. Askr sentit la lame le percé, et se figea, regardant cette arme qui avait embroché un organe vital, il était livide, mais le combat n’était pas fini. Le choc passé, la fureur dans son regard s’embrasa à nouveau. Il se saisit de la rapière de son adversaire, avançant vers lui malgré la lame qui s'enfonçait plus profondément à chacun de ses pas. Durant un court instant, la peur put se lire dans le regard de Louis. De ses deux mains, Askr se saisit du crâne de Louis avant de venir y écraser son front. Le Chrétien encore étourdi par le dernier coup du Norrois ressentit une étrange sensation sur sa gorge. Une sensation glaçante, comme si le métal froid d’une lame était entré en contact avec sa peau. Quelques instants plus tard, Louis vit le monde tourné autour de lui. Il se demandait ce qui lui était arrivé, puis, il sentit le goût de la terre sur ses lèvres. En face de lui, Askr se tenait droit, sa lame toujours logée dans l’abdomen du Norrois. Regardant sur sa droite, Louis pu voir son propre corps tombé à son tour.

“Quelle drôle de sensation que celle d’être décapité, mais de ne pas en mourir se disait-il"

La fureur du guerrier du Nord le surprit tout autant que sa propre situation. Son cœur avait été percé, mais cela ne l’avait pas empêché de se battre, quel étrange personnage que celui-ci.

Askr a son tour goûta la poussière, si sa rage lui avait permis de continuer le combat, son corps avait plus que repoussé ses limites. À cette vue, Alcestis, horrifiée, se précipita vers lui, elle observa les blessures causées par Louis, elles étaient nombreuses, mais une seule d’entre elle été mortelle. Il avait évité chacun des organes vitaux avant de frapper le cœur. Certainement, cherchait-il à l’épuiser, mais face à la férocité d’Askr, il se vit obliger de frapper fort. Elle était abasourdie par l’état du guerrier, et par-dessus tout, par sa capacité à absorber tant de dégâts. De quoi est-il fait ? Même pour un demi-dieu, cet acte était surprenant, il avait regardé la mort dans les yeux, et avait refusé de la suivre. Perdue dans ses pensées, l’Olympienne n’entendit pas les les bruits de sabots qui se rapprochaient. La sortant de sa rêverie, celui que Bellona qualifia d’Eveillé posa sa main sur son épaule. À ses pieds, elle vit le cercle de la vie, les plantes poussaient à une vitesse folle et s’épanouissaient avant de se flétrir et de mourir. Il se pencha sur le guerrier et examina ses plaies. Soulagé, il laissa s’échapper un soupir puis, il posa sa main sur le trou qu’avait percé la lame de Louis. La plaie disparue aussi rapidement qu’elle était apparue, les chairs d’Askr se refermèrent dans un drôle de spectacle, le sang coagula et une croûte apparue avant de disparaître. Ce spectacle étrange surprit Alcestis qui observa le demi-cerf longuement, intriguée. Une fois son œuvre terminé, il lui sourit puis reprit sa place dans les rangs. Elle, resta là, à attendre le réveil du Nordique, espérant que cela ait suffi, oubliant même les mots de la Dux. Lorsqu’il ouvrit les yeux, elle lui sauta au cou, puis, réalisant son acte elle vira au rouge. Sous les sifflements et applaudissements des autres adolescents présents, elle se hâta de retrouver sa place aux côtés de son amie dont elle attendait déjà les remarques.

“ Eh bien, on peut dire que tu ne perds pas de temps ma chérie, dit Amara qui pouffait de rire. Il n’a rien dû comprendre le pauvre garçon”

Elle, ne répondit pas et fit la moue, son visage était aussi rouge que la cape de la Dux, et elle ne faisait pas la fière.

Louis, dont la tête avait été détachée du corps, sentit rapidement une douce chaleur l’enveloppé. Sous les yeux des autres enfants de dieux, son corps se leva et vint remettre sa propre tête sur ses épaules. A nouveau en un seul morceau, il fit marche vers Askr qui était aussi perturbé par sa mort que par son réveil. Il lui tendit la main pour l’aider à se lever puis pris la parole.

“ J’espère que nous sommes quittes maintenant. Je ne suis pas celui qui mis fin aux jours de vos amis ou de votre sœur bien-aimée, mais mon peuple est responsable de cet acte, et si je ne peux rien faire pour changer ce qu’il s’est passé ou pour vous la ramené. Je peux vous promettre de me battre à vos côtés si un jour cela venait à être nécessaire. Je ne suis pas partisan d’une repentance inconditionnelle, si mon peuple a fait ce qu’il a fait, c’est pour une bonne raison, mais je comprends votre souffrance et votre haine, et ne peux que vous promettre de me racheter d’une manière, ou d’une autre”.

Le regarde de Louis ne mentait pas, ses paroles étaient sincères. Askr prit sa main. À nouveau sur ses pieds, il regarda Louis dans les yeux et... lui décrocha une droite avant d’à son tour l’aider à se relever.

“ Cette fois, nous sommes quittes, dit-il en riant de bon cœur”

Le Chrétien ne savait pas sur quel pied dansé avec ce garçon, mais il passa sur ce coup-de-poing et lui serra la main.

“ Les gens du Nords sont vraiment particulier “ Pensa Louis.

Les espoirs d’Askr, qui pensait enfin pouvoir respirer furent rapidement brisés. Le prochain combat l’opposerait lui, a la demoiselle qui l’avait enserré plutôt. Quelle ironie, elle qui s’était faite du souci pour sa pauvre carcasse devait le combattre... C’était en tout cas ce qu’Askr pensait. De son côté, Alcestis était déjà prête à se battre. Elle était excitée comme jamais, elle avait attendu ce combat pendant si longtemps. Dans les rangs, Amara attendait de voir comment aller se passer l’affrontement, curieuse de voir comment Askr agirait. Donnerait-il tout ce qu’il a durant ce combat ? Ou au contraire se retiendrait-il par peur de blesser son amie. Elle ne fut pas déçue. Dans un long soupir, Askr leva la main et s’adressa à la Dux.

“ Je déclare forfait, je refuse de combattre une dame. En particulier une qui semblait s’inquiéter de mon sort. J’ignore qui elle est et je doute que cela ait une importance. Mais je refuse de blesser une fille, cela va à l’encontre de mes principes, qui plus est, le combat contre Louis m’a pas mal fatigué. Je me retire, dit-il sans la moindre hésitation de la voix. “.

Cette déclaration choqua tant Alcestis, que ses comparses. Tous, à l’exception d’Amara qui ne fit que hausser un sourcil et esquisser un léger rictus amusé.

“ Comment vas-tu réagir ma chérie ? “ Dit Amara à voix basse.

Curieuse de voir ce qui allait advenir, elle tourna son attention vers la “ chérie “ susnommée. Et celle-ci était choquée, et profondément vexée. Elle ne comprenait pas la situation. Malgré son intelligence, elle ne put décrypter les raisons du forfait d’Askr.

“ Pourquoi ?! Juste parce que je suis une fille ?! Tu penses que je ne suis pas assez forte pour me battre contre toi ? Tu penses que seulement, car je suis une fille, je suis faible et fragile ? Je vais te montrer ce que je vaux ! “

À peine avait-elle fini sa phrase qu’en un instant, elle se rua sur Askr, armes à la main et prête à l’empaler dessus. Lui, ne fit que pousser un rugissement effroyable qui résonna à travers Sanctuaire. Ce hurlement souleva une bourrasque si puissante que l’assaut de la Fille d’Athena se vit arrêté net et elle, fut propulsée en arrière. Adoptant une posture basse, il fit se lever la roche et la terre de Sanctuaire, créant pour la demoiselle une prison inextricable.

“ Je refuse de vous combattre, car vous êtes une fille, oui. Pas parce que je vous pense faible, vous êtes, et je le sais, je l’ai vu, d’une puissance effrayante, et soyez sûre que j’attends avec impatience le jour où nous combattrons côte à côte. Ce jour-là, je saurais que je pourrais confier ma vie à mon partenaire. Je refuse de vous combattre, car un homme ne doit pas mettre en danger la vie d’une femme, je reste persuadé que les hommes doivent protéger les femmes, pas les blessées. Mon honneur serait entaché si je venais à lever la main sur vous. C’est pour ça que je refuse de vous affronter, non pas parce que vous êtes faibles, car je sais que c’est faux, mais pour préserver mon honneur. Si je devais vous blesser, blessé une dame, qui plus est, une aussi belle, je ne pourrais observer mon reflet sans en avoir honte.”

Ayant expliqué son point de vue, il laissa la roche qui neutralisait Alcestis retombé puis lui tourna le dos pour repartir dans les rangs.

-Et bien, quel homme mon ami, vous auriez fait un parfait chevalier croyez-moi, dit Louis manifestement amusé par la situation.

-J’ai vu ceux que tu appelles les “ Chevaliers “ ils ne sont pas mauvais, mais une hache danoise suffit à les arrêter, rétorqua Askr en pouffant.

Alcestis de son côté, se sentait idiote de s’être énervée de la sorte. Elle qui se battait toujours pour son honneur, elle dont l’hubris était l’un des plus grands défauts, n’avait pas compris la raison du forfait d’Askr. Elle avait insulté l’honneur du garçon en le prenant pour un romantique de pacotille. Et bien sûr, cette dernière phrase résonnait dans sa tête, “ aussi belle “. Elle, qui abhorrait le romantisme, se surprit à rêver quelques instants. C’en était au point qu'elle oublia le combat qui arrivait. Elle était restée là, plantée au centre du terrain de combat, perdue dans ses pensées, les yeux en direction du sol.

Proche de lui, Askr entendit une voix féminine qu’il ne connaissait pas, ou peux. Amara s’adressa à lui avec un ton amusé, sa manière d’agir l’intéressée de plus en plus. Sa manière de voir la femme le différenciait grandement des Olympiens, et pourtant, elle n’était pas non plus celle de son peuple, cette façon d’agir lui était unique. Amara, dont les connaissances des différentes cultures étaient impressionnantes pour son jeune âge, connaissait la place de la femme chez les Norrois, elle savait évidemment que celle-ci était bien plus enviable qu’à Athènes, mais qu’elle n’était pas celle qu’Askr lui donnait. Une étrangeté qui ne venait ni de sa génération, ni de son monde, le seul monde qui s’en approchait été un monde étrange qu’elle avait aperçu par le passé grâce aux dons de Chronos. Ce dernier, s’étant pris d’affection pour la fillette, lui montra les différentes lignes temporelles, et si l’univers était vaste, le temps l’était plus encore. Au travers de ces lignes, elle put entrevoir un monde qui brillait de mille feux, de drôles de bâtiments luisaient dans la nuit et les gens s’habillaient d’une manière tout aussi étrange. Les hommes portaient une sorte de casque plat qui ne devait pas protéger de grands choses, des sortes d’uniformes noir sous lesquels il était aisé de voir une sorte de chemise blanche. À leurs cous pendait une corde ou pour certains un morceau de tissu plié d’une manière particulière imitant le dessin que ferait un enfant d’un papillon. Enfin, leurs sandales étaient luisantes et souvent fabriquées en ce qui ressemblait fortement à un cuir noir. Les femmes, elles n’avaient rien à envier à leurs partenaires masculins quand il s’agissait d’étrangeté. Elles portaient en général sur leur tête une sorte de bande à laquelle un bijou, une fleur ou parfois une plume était accrochée, leurs cous étaient en général ornementés d’un collier de perles. Elles portaient des sortes de toges blanche ou noir qui descendait soit jusqu'aux genoux, soit jusqu'à la cheville. Et le long de leurs bras courait des manches semblables à de très longs gants. Contrairement à celles des hommes, leurs sandales étaient inclinées vers l’avant et remontée à l’arrière pour faire paraître la dame plus grande qu’elle ne l'était. Dans ce monde étrange, les hommes avaient tendance à réagir de manière similaire. Bien sûr, il n’y était pas question de se battre côte à côte, ce monde semblait exempt de guerres et de conflits autres que ceux de la société. Mais il y avait une idée de respect de la dame qui les empêchait de les blessées et rendait les hommes plus enclins à faire la cour à une dame, qu’à la combattre. Elle retrouvait un peu de cette philosophie dans celle d’Askr, et ceci l’intriguée au plus haut point, qu'était ce garçon ?

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