Asgard
Le soleil brillait, il faisait beau ici, Louis s’agitait, il regardait autour de lui pour trouver des repaires, mais il ne trouva rien. Quel drôle d’endroit que celui-ci, les bâtiments étaient tout de bois fait, ou avait-il bien pu atterrir ?
- Alors c’est le petit Louis qui nous aura été assigné, quelle agréable surprise. Nous craignions d’avoir à faire à la jeune fille d’Amaterasu, elle ne se serait pas sentie à l’aise ici. C’aurait été gênant, nous autres ne sommes pas du genre timide, un coureur de jupon comme vous, vous sentirez plus à l’aise ici.
Louis ne comprenait pas d’où venez la voix. Elle était grave et caverneuse, puissante, il crut entendre derrière la voix, le son de corbeaux, de loups, et d’une lance qui frappait le sol. Il ne voyait pourtant personne, ni devant lui, ni derrière, au-dessus peut-être ? Non, rien, en dessous paraissait improbable, d’où vient cette voix ?
- Rejoins-moi devant l’Hliðskjálf, je t’attends, une de mes Valkyrja vas venir t’escorter, il serait embêtant que tu te perdes.
Ce cher Louis n’eut pas le temps d’attendre, à peine l’étrange voix, avait-elle fini sa phrase, qu’une demoiselle qu’il n’espérait voir que dans ses rêves apparut devant lui. Elle était la plus belle chose qu’il ait vue de sa vie, plus belle que la Grande Cathédrale de Notre Dame de Rouen, plus belle que le soleil qui pointe le bout de son nez au-dessus du Cormet de Roselend, elle faisait pâlir le rouge de l’astre qui se couchait à l’horizon du lac des confins. Ses cheveux tressés, son expression sévère, son armure de cuir et ses armes, elle était une rose, couverte d’épine, farouche, puissante, elle était parfaite.
- Suivez-moi, je vous emmène auprès d’Alfðir, dit la demoiselle.
La voix de la Valkyrja était aussi douce que le miel, elle résonnait dans les oreilles de Louis de la même manière que le faisait l’eau sur l’or des galeries sous-terraine. Il la suivait de près, la chevelure dorée de la dame s’accordait parfaitement à sa voix et semblait danser au rythme de ses paroles, y avait-il plus belle vision ? Peut-être, il la détaillait, du haut de son crâne, à la pointe de ses pieds, et bien évidemment, pour un jeune homme de son âge, il était logique qu’il s’arrête à la moitié de ce chemin lumineux. Il passa un long moment à dessiner ses courbes dans sa tête, cherchant à les imprimaient à jamais. Il était si absorbé, qu’il ne remarqua pas qu’enfin, ils étaient arrivés.
Face à lui, une figure qu’il ne pensait pas voire un jour, Le Père de Tous, Odin. La Guerre se présentait à lui, pour un enfant né d’un monde en paix perpétuel, une telle vue était effrayante. Comment était-il censé se comporter face à eux ? Et s’il était ici, ou est la mère d’Askr ? La déesse Freyja devrait pouvoir le réconforter rien qu’avec son regard... Où était-elle ? Il n’y avait que le Chef d’Asgard, le tout-puissant Odin, Geri et Freki, ses deux loups dont on dit qu’ils mangent à la place de leur maître. Au-dessus de sa tête, posée sur son trône, Huginn et Muninn, les corbeaux, messagers d’Odin, ceux qui repèrent les valeureux tombé au combat. De son seul œil, Odin dévisageait le pauvre garçon qui ne savait pas où se mettre, et la présence de deux autres dieux tout aussi imposants n’aidée en rien. De chaque côté du trône, se tenaient Tyr, le dieu de la justice et de l’ordre, et Thor, dieu de la foudre et de la fertilité. À l’un d’entre eux, il manquait une main, et l’autre ne lâchait pas son marteau, pour le garçon d’à peine dix-sept ans, existait-il quelque chose de plus terrible ? Il était convaincu qu’il allait mourir aujourd’hui, que ces dieux l’avaient choisi pour le punir des crimes commis par son peuple.
- Respirez, jeune fils de l’Unique, vous sentez la peur, je la ressens jusqu’ici, elle n’a pas sa place dans ces salles ! Ressaisissez-vous ! J’ai du mal à croire que notre champion se soit lié d’amitié avec des couards. Etes-vous un couard, Louis de France ?
Piquer dans son orgueil, Louis bomba le torse et dégaina sa lame, défiant les dieux d’Asgard.
- Ai-je l’air d’un lâche ?! Je suis le fier représentant des Catholiques de France, je ne m’incline pas devant la peur ! Aucun des amis d’Askr ne le ferait ! Si vous voulez, vous en assurez, je vous attends !
La réaction des plus inattendue fit éclater de rire les dieux. Bien sûr qu’ils riaient, un être aussi frêle ne pouvait espérer les effleurer, eux dont les vies avaient été entièrement dédiée à la guerre, ce jeune coq les amusait. Ceci étant dit, les dieux étaient satisfaits, ce jeune homme n’était pas la larve qu’ils pensaient. Cette idée les enchantait, Thor, à voir Louis trembler dans ses bottes, se demandait comment il allait pouvoir faire de lui un véritable guerrier, mais maintenant, il le pointait du bout de sa lame, quel plaisir pour le dieu guerrier.
- Baisse ton arme petit, ce n’est pas un combat que tu veux engager, tu n’aurais pas la moindre chance. Mais je suis content de voir que quand tu es un peu poussé, tu sais montrer les dents, tu en auras besoin.
Se détachant du reste, Thor se présenta au jeune homme. Et si Odin était impressionnant, il inspirait une sagesse infinie, un calme imperturbable. Thor en revanche, n’inspirait pas le même sentiment. Il était puissant, redoutable, sa chevelure rousse dansée dans le léger vent d’Asgard à la manière d’un inextinguible brasier. Ses yeux, oh ses yeux, ils inspiraient la terreur à tous ses ennemis, un seul regard suffisait à foudroyer ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin, il est dit que celui qui le croise pouvait y voir les noirs nuages qui annoncent la descente du dieu. Son corps était bien différent de celui des membres du peuple du jeune homme, il n’avait rien de taillé, il n’était pas particulièrement beau, pas particulièrement dessiner, non. Le corps de Thor semblait avoir été arraché à la plus haute des montagnes d’Asgard, il était large, imposant. Malgré son armure lourde, il était aisé de voir l’appétence du dieu pour la bonne chère et la boisson, il comprit d’où venait la légende qu’Askr lui conta par le passé. Il saisit enfin, que cette légende qui racontait le jour où Thor, en trois gorgées donna naissance aux marées des océans, allant et venant sur les plages du Midgard, n’était pas qu’une légende. À cet instant, il crut dur comme fer à cette histoire, cet homme était indéniablement capable de boire l’océan en trois gorgées. Ses bras, quels bras, aussi larges que les cuisses d’un taureau. Soulever le serpent monde, si un homme avec de tels bras n’en est pas capable, qui le pourrait ? Sur ses mains, des gants de fer s’imposaient à la vue du jeune garçon, les gants qui lui permettraient de tenir le marteau qui lui pendait à la taille, le légendaire Mjölnir. Sa ceinture était là également, Megingjörd, la ceinture de force, celle qui lui offrait la force nécessaire pour soulever le marteau des dieux. Finalement, il le vit, l’attribut le plus connu du dieu, sa fierté, le fameux Mjölnir, incoercible, le marteau qui brisait tout ce qu’il touchait, celui qui revenait toujours à son maître, si lourd que Thor lui-même ne pouvait le lever sans sa ceinture et ses gants. Et il avait osé défier cette créature monstrueuse ? Quel sot il fait, cet être peut-il seulement être vaincu ? Il avait maintenant la certitude qu’à lui seul, il aurait été capable d’amener Le Dernier Jour.
- Tu t’entraîneras avec moi à partir de demain, sois prêt, pour l’instant, Astrid, la Valkyrja qui t’as accompagné jusqu’ici te fera visiter Midgard, et tu te changeras, en Asgard, tu fais comme un Einherjar. Ici, tu n’es plus un Catholique, plus un Français, tu es un guerrier d’Odin, sois en fier. Tu apprendras ici ce qu’il te manque. La force, la sauvagerie. Je t’ai vu te battre contre notre champion, ta technique est presque parfaite, et tu es sans aucun doute, discipliné, mais il te manque la hargne. Je t’arracherais cet habit de paon pour te mettre dans la peau d’un ours. Bientôt, tu te riras de la mort elle-même, dit Thor au jeune Louis.
- Astrid, je te fais confiance pour t’occuper de notre invité, qu’il mange, boive, fasse la connaissance de ses nouveaux frères d’armes, et qu’il se change. Je compte sur toi pour que ce garçon se rende compte de la splendeur de notre cité, personne ne saurait le faire comme tu le fais, reprit Odin en observant la jeune dame.
Astrid acquiesça et s’inclina légèrement en direction des dieux, elle ne laissa s’échapper de ses lèvres que quelques mots.
“ Vous m’honorez Alfaðir, je remplirais cette mission “
Odin s’amusa de l’attitude de la demoiselle et leur ordonna de déguerpir. Dire qu’ils avaient fait forte impression serait un euphémisme, Louis était encore chamboulé par cette rencontre, mais un détail le perturbait. Odin et Thor n’avaient pas été avare en mots, mais il en manquait un, le troisième dieu, il n’avait pas daigné ouvrir la bouche un seul instant. Le dieu mutilé, Askr lui avait raconté que ce dieu avait perdu sa main dans la gueule du loup géant hroþrs-vitniss. Il lui avait raconté que ce dieu était celui qui avait sauvé Asgard des mâchoires de la bête, de tous les dieux, Louis se serait attendu à ce que Tyr soit le plus bavard, mais il n’en était rien. Il s’était contenté du silence, il n’avait fait qu’observer, ceci perturbé le jeune homme qui ne comprenait pas ce qu’il se passait. Cette seule question le préoccupait tant, qu’il ne remarqua pas qu’à nouveau, il était arrivé à sa destination. Astrid lui ouvrit la porte d’une des nombreuses chambres de la halle et lui fit signe d’entrer sans attendre.
- Changez-vous, je vous attends dehors.
Louis ne savait pas comment se comporter avec la dame, si elle était aussi belle qu’un soleil levant, elle était aussi froide la neige sur les alpes. Jamais une dame ne s’était comportée de la sorte avec lui, en général, elles tombaient toute en pâmoison devant ses yeux et ses manières, mais pas elle. Sans faire de manière, il entra donc, sur sa couche étaient ses affaires, des habits très proches de celles de son ami Askr, du cuir, de la fourrure, de la maille, et bien sûr... Des boucles à barbe ? Louis caressa son menton, il n’avait pas de barbe, ou plutôt, il la rasait tous les jours pour s’assurer d’être propre en toute circonstance. Son peuple avait tendance à se raser complètement, les poils étaient l’affaire des bêtes, pas des Hommes, et lui plus que tout autre, tenait à faire montre de son élégance, de sa distinction. Il était civilisé, pas un barbare, alors lui offrir des boucles de barbes... Quelle blague de mauvais goût pensait-il. Mais en Asgard, fait comme les Einherjar, ainsi, s’il ne pouvait orner sa barbe, il ornerait sa chevelure de ces boucles en fer, bien qu’il doute à cet instant que celles-ci seraient très bonnes pour sa chevelure.
Sortant de la chambre après quelques minutes, Louis était transformé, il avait l’air d’un homme différent, mais Astrid qui semblait n’en avait rien à faire du jeune Catholique, haussa un sourcil, le changement était radical. À ce moment précis, Louis semblait presque être un véritable Einherjar, à quelques détails près.
Annotations
Versions