LE RETOUR
London. Victoria.
Une douce musique de jazz embaume l'atmosphère londonienne. La mélodie s'échappe d'une des fenêtres du quartier de Westminster. Le soleil brille timidement sur la ville. La brise légère du matin caresse le feuillage des arbres. Les habitants sortent peu à peu de leur torpeur. Ren entre au Starbuck's de Victoria Street. Liam l'attend à l'intérieur, buvant son cappuccino. Elle commande sa boisson, puis le rejoint.
— Bonjour Liam.
— Bonjour.
— Parlez-moi encore d’elle. Dites-moi tout ce que vous savez. Connaissiez-vous des personnes qu'elle fréquentait ?
Liam boit une gorgée de son Cappuccino.
— Personne, non.
Dehors, le timide soleil du matin laisse place à une pluie battante.
*
« Demander de l'aide n'a rien à voir avec le manque de fierté. Il suffit de demander aux bonnes personnes. Laisser son esprit dépérir dans la solitude la plus absolue relève de la stupidité. Tu te remets toujours en question, cependant, tu ne te poses jamais les bonnes... »
*
W. Agency. Victoria.
Law, plongée dans sa lecture, ne sort plus depuis des jours. Sa rencontre avec BlackHole semble l'avoir brisée. Ren entre précipitamment. L’ex-flic cache rapidement le carnet dans un tiroir du bureau, puis pose ses coudes sur la table, paumes plaqués, doigt écartés, feignant d’être disponible, prête à écouter son associée.
— Law, je sais que...
La jolie blonde s'arrête soudain dans son élan. L’enquêtrice saisit délicatement des deux mains, la lettre rouge se trouvant juste sous son nez. Les yeux rivés sur sa collègue elle s’exclame sur un ton enjoué très surfait :
— Tu voulais me dire quelque chose ?
— Mais...
Après un long silence, Ren reprend :
— Il n'y a pas de... tu... quelqu'un t'a contacté pour... je ne comprends rien... je...
— Tais-toi un peu, ma belle, lui répond-elle calmement.
La jeune femme, décontenancée, regarde Law, sans réussir à sortir un son de sa bouche. Cette dernière se redresse, jette la feuille sur la table, puis s'emporte brusquement :
— Tu pourrais au moins me donner un cadavre !
La sonnerie du mobile retentit dans toute la pièce. Ren sursaute, Law reste stoïque, puis décroche :
— Je suis au courant. C'est où ?
Elle raccroche aussi sec. Se levant brusquement, l’enquêtrice attrape le papier, s’élance dans le corridor pour enfiler sa veste et sort de l'agence en criant :
— Au travail Ren, c'est fini le chômdu !
La jeune femme sourit, l’air de dire « on la retrouve enfin ». Puis se rappelant qu'elle avait une chose importante à lui dire, lui emboîte le pas, affolée :
— Oui, heu ... ok, mais... je voulais te dire… attends !
Law déjà dans le couloir de l'immeuble lui rétorque :
— Plus tard.
*
« La vie n'a aucun sens. C'est ce que disent les défaitistes. Mais, malgré tes dépressions, tes idées noires, tu ne veux pas abandonner et reste persuadée que si l'on se positionne correctement dans cette existence, elle prend soudain un sens considérable. La vie n’a de sens que celui que tu lui donnes. C’est un véritable service militaire de l'esprit. C’est d’une simplicité inouïe. La discipline. On ne peut délaisser ni l'esprit pour le compte du corps, ni le corps pour le compte de l'esprit... La discipline. »
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