Repères
Une paroi rigide. Le poisson n’est qu’une larve dans son œuf. Impossible de sortir de cette prison pour l’instant. Il se tourne et retourne dans tout les sens, puissent-ils exister. Le dehors roule et semble s’écraser sur la coquille.
Bientôt, la prison parue se rétrécir et l’animal suffoquer. Elle se faisait peut-être moins solide, mais les parois commençaient à coller aux écailles débutantes. Un combat se fit entre la bille et son contenant. Seulement des vibrations, puis sursauts et enfin des roulades. Tombant de roche en roche dans une pesanteur presque inexistante, l’œuf se liquéfiait dans sa course. Et sur sa fin, ramollit, la paroi pris forme de l’être qu’elle protégeait. Le poisson était libéré.
Il se débattit maintenant avec lui-même. Les nageoires, la queue, les branchies, et pendant qu’il faisait connaissance de son anatomie nouvelle, le poisson avançait vers une direction qu’il avait indéfinie.
Perdu dans le noir, il ne savait pas à quoi il pouvait ressembler. Même pas sûr d’être un poisson, ou quelque chose qui puisse y ressembler puisqu’il n’en avait pas croisé. Tout ce qu’il pensait et qu’il était néant pouvant se mouvoir. Chaque chemin qu’il pouvait emprunter en était un autre. Point de nord ou de sud, de droite ou de gauche, les points cardinaux n’avaient que peu d’intérêts. Il pouvait très bien s’enfoncer dans les abysses que pour lui, il remontait à la surface. C’est ainsi qu’il parcourut les bas-fonds marins.
Un ballet de forme et de couleurs se fit petit à petit. Dans la pénombre intervint des formes dansantes. Jusqu’alors éparses, deux se joignirent, puis d’autres, et les points dans le noir devinrent un banc de lumière se déplaçant d’avant en arrière. Plus près du poisson, une boule blanche lumineuse faisait des bonds, droite, gauche, droite, gauche. Tout autour des particules s’allumaient et mourraient sur son passage. Planctons phosphorescents s’effaçaient et se dispersaient en multiples feus à chaque fois qu’une écaille les effleuraient. Une allée de réverbères se fit, et le poisson parcouru le chemin éclairé. Point de pavés quand l’eau se dalle de lumière.
Sans prévenir, toutes sources de lumière éclatèrent. Millier de feus follets qui firent retour arrière avant que leurs fils d’or ne se rompt pas. Et le spectacle reprit. De nouveau, l’explosion eue lieu avant de revenir à l’état normal. Le poisson, comme si de rien était, continuait son chemin vers les profondeurs. Comme frappé d’un mur, la pression l’arrêta. Il se contorsionna de douleur, puis s’immobilisa en direction des étoiles. Une des lumières éclata. L’étincelle qui en sorti, dans sa course folle, vint toucher une autre source. À son tour, elle se décomposa dans tout sens de l’espace. Le feu qu’elle projeta ne semblait pas être atteint de l’eau et vint en percuter deux autres. Foudroyant, cette chaîne se perpétua afin d’atteindre tout élément qui n’avait pas éclaté. Seul le poisson, spectateur, n’avait pas été touché avant qu’une petite étincelle percutât une écaille. L’implosion. Tout ce monde fut réduit en cendres dorées et se vit avaler par le trou qui avait remplacé le poisson.
Quelqu’un était en train de taper l’écran où était connecté Vérum. Elle vit les yeux s’ouvrir et arracha la vitre qui cerclait la tête. Mis sa main sous le crâne de Vérum, le souleva et de l’autre, lui donna des claques jusqu’à qu’il riposte.
-Enfin ! J’ai cru qu’il t’avait drogué. Mais impossible pour un immortel !
Elle regarda autour d’elle et reprit :
-Ils vont bientôt s’apercevoir que tu n’es plus dans l’Ordalis et ils vont venir nous trouver. Si tu veux mon avis, tu ferais mieux de me suivre sans dire mot. Alors tu boucles tes lèvres, tu te lèves, et tu cours. Suis-moi !
Elle lui prit la main. Il regarda le contact qui venait de se faire, la regarda dans les yeux, et n’eut point le temps de réfléchir à autre chose qu’il était déjà en train de fouler le sol avec rapidité. Ils se faufilaient entre les connectés, et longeaient les froides parois des stèles de marbre. Parfois, Déora se retournait vers lui pour lui appuyer sur le crâne afin qu’il se baisse. D’autres fois, c’était pour poser son doigt sur ses lèvres afin qu’il se taise. La course sembla durer plus d’une heure avant de voir un mur, puis une porte, puis une fenêtre à cette porte. Des gardes arrivant de part et d’autre, Déora accéléra le rythme et fonça droit dans la porte.
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