Chapitre 5 - Anya

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J'avais mal au crâne et j'avais les yeux clos, j'essayais de me rappeler ce qu'il s’était passé, j'étais dans la chambre d'hôtel avec Thomas et au sortir de la douche j'avais voulu me prendre à boire dans le réfrigérateur et puis… cette tête dans le frigo, la tête de mon oncle. Comment ? Quelle horreur ! J'ouvrais les yeux et je sursautais. Je regardais paniqué autour de moi, je découvrais Thomas assis sur une chaise à coté du lit. Je regardais ce visage si particulier, cet austère visage pâle, une fine bouche, des yeux gris, un nez abîmé, de courts cheveux blond et une barbe de trois jours. Il avait les yeux fermé et semblait dormir. Je saisit l'occasion pour tenter de m'enfuir. Je tirais le drap délicatement et lentement sans un bruits je posait doucement les pieds au sol. J'étais terrifiée et je ne pensais même pas à me rhabillais, j'avançais sur la pointes des pieds vers la porte d'entrée de la chambre. Mais alors que j'étais seulement à deux mètres de la sortie j'entendis la voix chaude de Thomas.

« Ne part pas. »

Je me retournais rapidement. J'étais effrayais et je le regardais en tremblant. Il était toujours assis sur la chaise les bras croisés. Je regardais à droite et à gauche pour trouver une échappatoire, lui m'observait intensément sans bouger. J'essayais de deviner son état d'esprit dans ce regard froid, j'essayais de savoir s'il me laisserais partir en vie.

« Assis toi » me dit-il « et couvre toi tu va attraper froid. »

Je tremblait autant de peur que de froid, j'étais nue et je ramassais mes vêtements au sol pour me rhabiller. J'ajustais bien mes habits en me disant que si je devais mourir autant être présentable. J'avais la nausée en repensant à la soirée de la veille, ce que j'avais fait avec Thomas alors que mon oncle était mort, sa tête à quelques mètres de nous. Mais j'allais sans doute bientôt le rejoindre dans la mort, Thomas attendait que j’enfile ma toilette mortuaire en me regardant avec des yeux de bourreau. Je me réconfortais comme je pouvais, je pensais à mes parents, que j'allais bientôt revoir. J'étais maintenant vêtue mais dans ultime geste de défi je restais debout, je me dressais le plus droit possible et je plantais mes yeux dans les siens. Il soutint sans peine mon regard et son visage afficha un sourire moqueur.

« Tu ne veux pas t'asseoir ?» me dit-il avec sa voix traîtresse.

« Non ! Je préfère rester debout. »

Il me toisa pendant quelques secondes avant de parler à nouveau.

«Je suis désolé Anya. »

Je reçu ces quelques mots en plein visage, comme une offense.

« désolé, désolé... espèce de salaud, tu es un... un assassin... »

J’aperçus sa mâchoire se serrer mais il répondit calmement.

« un assassin… non, un bourreau plutôt. »

Il se jouait encore de moi, comme un chat avec une souris, je sentais la colère prendre le dessus sur la peur.

« Quelle différence, tu as tué mon oncle ou est-ce que tu va le nier ? »

« Je ne nie rien, j'ai exécuté la sentence contre ton oncle. »

J'étais maintenant en colère mais pour qui se prenait-il ?

« De quoi parle tu ? C'est quoi ces conneries de bourreau, de sentence ? T'es juste un criminel, un détraqué.»

Il était toujours assis calmement sur sa chaise, il joignit les mains et ausculta minutieusement ses doigts puis ses ongles.

« Je parle de loi, de règles bafouées, je parle de jugement et de sentence. C'est notre façon de fonctionner, c'est notre justice. »

« Notre façon de fonctionner ? Tu parle de qui ? Mon oncle trempait dans des affaires louches ? Il n'a pas respecté vos lois mafieuses? »

Thomas me regarda à nouveau et agita la tête en affichant une moue dubitative.

« Ton oncle ne t'as décidément pas rendu service, il aurait du t'instruire. »

Je fulminait devant cet homme avec ses manières hautaines et sa voix condescendante.

« Putain arrête de raconter des foutaises, j'ai pas besoin d'entendre tes mensonges. Finissons-en ! Laisse moi partir ou tue-moi mais arrête de me débiter tes conneries!»

A peine j’eus terminée ma tirade qu'il n’était plus sur la chaise, je ne l'avais même pas vue bouger. Je regardais de chaque cotés lorsque j'entendis sa voix derrière moi.

« Je ne peux pas te laisser partir.» me dit-il.

Je me retournais lentement et je le vis qui me barrait le chemin jusqu'à la porte d'entrée. Comment avait-il put se déplacer si vite c'était inconcevable ! Il me regardait avec ses yeux gris, froid comme la glace, son visage aussi beau et insensible que celui d'une statue antique. La peur me submergea, j'avais des picotements aux yeux et la gorge nouée, je sentais que j'allais bientôt pleurer.

« Laisse moi partir, s'il te plaît, je t'en supplie... Je te jure que je ne suis au courant de rien. »

Il me regarda sans bouger et sans aucune émotion il me répondit.

« Je suis désolé mais je n'en ai pas le droit, ce n'est pas à moi de décider de ton sort. Tu va venir avec moi. Mais avant tu va t’asseoir comme je te l'ai demandé et tu va m'écouter attentivement.»

Je reculais jusqu'au lit et je me laissais tomber, j'étais perdue, comme dans un état second, je baissais la tête et je l'écoutais d'une oreille. Il était fou à n'en par douter, il me parlait de vampire ! Il m’expliquait des lois et des règlements comme l'obligation de protection, le devoir de reproduction, l'obéissance aux aînés et d'autres absurdités délirantes. Il me terrifiait et j'avais peur, pour ne pas craquer je me réfugiais dans le souvenir de mes parents. Il finit de me parler en m'indiquant que nous allions partir pour Londres, la-bas mon sort serait scellé par un soit-disant conseil.

Je sentis alors une douleur dans le bras je levais la tête et je vis qu'il m'injecter quelque chose, je voulu retirer mon bras mais sa poigne était trop forte. Je me sentais mieux tout à coup, je ne l'entendait plus, mes pensés défilaient, j'étais dans les bras de mon père, ma mère m’embrassais affectueusement.

Par intermittence je reprenait conscience : les couloirs de l’hôtel, la rue, des passants puis une foule, l'attente, du bruit, des avions, un avion, Londres…

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