Chapitre 4 - Londres
Les dossiers ! Un bien grand mot pour pas grand-chose, les noms et adresses des cinq disparus, le dernier étant Allan Parker, un membre de la lignée anglo-normande, et un putain de trader. Dirigeant d'un fond de placement, Strike Asset Management, spéculant sur les matières premières agricoles, le genre de mec à faire crever de faim la moité d'un peuple pour vendre de quoi manger à l'autre moitié à prix d'or. Ce qui est sûr c'est que je ne pleurerais pas pour lui. J'étais dans l'Eurostar, direction Londres, je venais de prendre connaissance des dossiers sur mon smartphone. J’éteignais l'appareil alors que nous entrions dans le tunnel. Je me calais le plus confortablement possible contre la vitre en y plaçant ma veste et je fermais les yeux pour tenter de me reposer.
« … nous arriverons à Saint-Pancras dans quelques instants... »
J'ouvrais les yeux encore engourdie, la nuque raide, je me levais pour sortir avec la cohue des voyageurs. Je me laissais emporter par la foule vers la sortie de la gare. Sitôt dehors je me dirigeais vers un Taxi londonien. Cette fois-ci je n'avait pas le temps pour du tourisme, j'étais là en mission et je savais qu'il ne valait mieux pas décevoir le 'Seigneur' Charles d'Harcourt. Je donnais l'adresse de Allan Parker au chauffeur, il démarra et rejoignit le trafic routier de la métropole londonienne. Le chauffeur me laissa dans une rue de Fulham, un alignement de maisons presque identiques, gilles basses en fer, murs en briques rouges, petit chemin menant à une entrée surplombée d'une arche blanche, fenêtre en baie aux pilastres blancs. Ces maisons n'avait guère que leurs rideaux pour se différencier. Je décidais d’attendre la nuit pour m'introduire en douce dans la maison. J'allais donc me promener dans un parc non loin. Je m’asseyais sur un banc et j'observais les passants insouciants, en les voyant je pensais à ma vie légère à jamais perdu. Je chassais de ma tête cette nostalgie inutile et je sortais mon téléphone. Je pianotais sur l'écran à la recherche de messages, rien, mais cet appareil et son numéro n'était connu que de Charles d'Harcourt. J'allais sur internet, je surfais sans avoir de but, je regardais les actualités et je jouais à des jeux débiles. J'éteignais mon téléphone avant qu’il n'ait plus de batterie et je regardais les ombres des arbres alors que le soleil se couchais, je frémissais quant la fraîcheur accompagna l'arrivée du voile de la nuit. Je me levais et je quittais le parc.
Je m'avançais bientôt vers la porte de la maison de Allan Parker. Je regardais de droite à gauche avant de sortir les outils nécessaires. Je crochetais la porte comme me l'avait appris Ingrid. La porte s'ouvrit sans bruit. J'entrais avant de refermer.
La fouille minutieuse de cette maison dura plus de deux heures, je prenais soin de ne pas faire de bruit et de remettre les objets à leurs places. J'utilisais une petite lampe torche pour éviter d’attirer l'attention de l'extérieur. Mes recherches me permirent de découvrir que Strike Asset Management se résumait à Allan Parker, pas d'employés, pas de locaux, juste une boite postale, un numéro de téléphone et une adresse mail. Je découvrais également que Allan Parker n'avait que peu d'amis, ceux qui semblait les plus proche étaintt un certain Walter Bedford et un Todd Irving, deux employés de la City. Je récupérais les numéro de ces deux contacts avant de partir.
Après m'être éloignée de la maison de Parker je téléphonais à Walter Bedford tout en marchant vers une station de métro.
Une voix terne me répondit « Allo »
« Bonsoir monsieur Bedford, je suis Adele Clarck, détective privée embauchée par la famille de Allan Parker pour le retrouver. Je souhaiterais vous voir pour en discuter. »
« Oui, bien sûr, je suis encore au Ye Olde sur Fleet Sreet. Je vous attend. »
« Merci, ne bougez pas j'arrive. »
J'arrivais devant une façade aux mélancoliques boiseries verdâtres sous des murs de vielles briques rouge. Je poussais la porte de bois vitrée du Yo Olde Cheshire Cheese. L'intérieur était chaleureux, panneaux de bois anciens et bronzes rutilants, de vieux tableaux et de vielle photos confirmant le grand age des lieux. Alors que la nuit était bien avancée, l’institution était bondée, enfumée et bruyante. Je n'avais aucune indication pour trouver ce Walter, j'allais au bar me renseigner. Le barman m'indiqua un homme assis au bar nom loin. C'était un homme de peut être une quarantaine d'années, ou un peu moins, des cheveux dégarnis et grisonnante sur une tête ronde et ma rasé. Un nez large, des yeux noir dans le vague. Il portait un costume mais sa chemise blanche était dénoué au col et sa cravate dépassait de sa poche de pantalon. Il y avait déjà plusieurs pintes vides devant lui et en était à la moitié de celle en cours. Je m’asseyais à ses cotés.
« Monsieur Bedford ?! » J'étais obliger d’élever la voix pour me faire entendre dans le brouhahas ambiant. L'homme se tourna vers moi.
« Oui ?
« Je suis Adele Clarck, je vous ait eu au téléphone, au sujet de Allan Parker. »
« Ah oui, et bien que voulez-vous savoir ? »
« Quand est-ce que vous avez-vu monsieur Parker pour la dernière fois et où ? »
Monsieur Parker s'avéra être une source particulièrement bavarde, mais non sans intérêts. J'apprenais que Walter Bedford et le dénommé Todd Irving avait vu pour la dernière Allan Parke au Pub. Allan Parker avait annonçé aux deux hommes qu'il avait fait un gros coup financier, de la spéculation sur les céréales, il avait empoché le jack-pot. Les trois hommes étaient ensuite sortis pour se rendre à la Fabric, une boite de nuit de Londres. Sur le chemin ils s'étaient fait agressé, mais heureusement la police été intervenu pile à temps pour les aider. Un peu trop rapidement selon moi, mais bon. Walter m'indiqua qu'il s'était endormit dans la voiture de police, trop de bière et trop de boulot sans doute, puis il s'était réveillé chez lui. Et il ne se rappelait pas être rentrée chez lui !
J'enquêtais de la sorte sur les deux autres disparus de Londres. Ils avaient également disparus dans d’étranges circonstances. L'un en sortant du club, la Fabric, et l'autre en s'y rendant. La suite de mon enquête coulait de source. Une soirée en boite de nuit m'attendais, je souriais en pensant au Uneton Yö, mon établissement. J'avais hâte de me trouver dans un lieu qui me serait, à bien des égards, familier.
Un ancien immeuble en briques rouges et en pierres de tailles de trois étages, une façade moderne, composé de pilastres quasiment lisses, étaient rajouté sur la rue, seul quatre faces de lions ornaient cette morne devanture vert de gris. De part et d'autre de l'entrée deux auvents vitrés, la porte était en métal brillant, à double battant. J'étais quelque peu déçu devant cette façade, que je trouvais de mauvais goût, mais l'important, comme souvent, était à l'intérieur.
Jolie blonde athlétique je n'avais aucun mal à entrer en ces lieux très sélectifs. De nombreux badaud moins chanceux que moi restaient à l'extérieur sous une pluie fine. Je me débarrassais de ma veste aux vestiaires et je passais la porte. J'étais assaillit par le rythme saccadée d'une musique électro et de projecteurs colorées, une masse humaine compacte dansait à l'unisson des spots et de la mélodie. Je me frayais un chemin au milieu de ce corps mouvant qui essayait de me happer afin de m'intégrer à cette hystérie collective. Je jouais des coudes pour m'extraire du tumulte. Je me repliais vers le bar pour m'installer au comptoir et je prenais un verre, un simple soda pour garder la tête clair. Perchée sur mon tabouret j'étudiais les allées et venues des clients, j'examinais le personnels, tout en sirotant mon cocktail multicolore. Je cherchais du regard un indice, un élément pour mon enquête. Enfin je discerner une sécurité particulièrement importante au bas d'un escalier. Je demandais au barman sur le ton de l’étonnement. Il me répondait que c'était l'accès au salon VIP. Je surveillais donc les allez et venus vers cet espace VIP.
Après quarante cinq minutes d'observation patiente je voyais venir deux hommes. l'un d'eux avait peut-être une trentaine d'année, blond, le teint pâle, les yeux d'un bleu clair. Il était vêtu d'un costume trois pièce sombre, une cravate noir et d'une chemise blanche. Lorsque j'étudiais le second quelle ne fut pas ma surprise de reconnaître le visage de Thomas, cheveux blond courts, barbe de trois jours, regard gris d'acier et sourire en coin. Il était vêtu d'un magnifique costume cravate d'un bleu saphir. Je me contenais difficilement en voyant Thomas, un désir intense de lui régler son compte, mais ma formation m'avait suffisamment formaté, je gardais cette envie de violence en moi, en espérant qu'un jour elle pourrait enfin s'exprimer pleinement.
Les deux hommes semblaient engagées dans une conversation animée, l'inconnu fit un signe sec de la main pour faire cesser la discussion et une fois au pied des escaliers il salua les vigiles qui les laissèrent monter.
A cet instant j’étais certaine que cet inconnu était lui aussi un vampire, et à la façon dont il regardait et parlait avec Thomas il était évident qu'il y avait quelques divergences entre eux. J'étais bien décidée à exploiter cette information, il me fallait parler à cet inconnu. Rien de plus simple de ma position au bar, je pouvais surveiller son départ et l'aborder dans la foule. Je commandais donc une boisson énergisante en perspective d'une longue attente.
Le grand inconnu au costume sombre et à la chevelure blonde venait de descendre les escaliers, je quittais ma position et je filais pour l'intercepter. Ma cible longeait les murs ans l'intention évidente d'éviter la foule des danseurs, je m'approchait par le coté, un verre à la main, je me jetais presque sur lui, le bousculant et renversant une partie de mon verre. Immédiatement je prenais mon air le plus désolée, je m'excusais abondamment avant de lui sourire d'un air coquin. Il me répondait d'abord d'un ton sec, puis me voyant aussi ennuyée, il me rassura, il croisa mon regard mutin, mon sourire charmant et me récompensa d'un sourire. Encouragée par sa réaction, je posais mon verre et j'enlevais sa veste tachée, puis je lui prenais le bras pour l’entraîner à ma suite. Il tentait mollement de résister, mais mes œillades appuyées et ma robe échancrée eurent bien vite raison de ses défenses. Les vampires étaient sans aucuns doute encore plus faible devant les charmes de la chair et de la jeunesse. Peut-être un piège de leur sentiment de supériorité, peut-être un désir de vivre comme nous tous. Qu'importe, il était pris dans les mailles de mon filets. Je l'amenais danser avec moi, je l’enlaçais langoureusement. La musique entraînante, la foule des corps, le rythme et l'apparence avenante du bel inconnu m'aidaient dans ma tâche. Je me laissais aller, je laissais mes pulsions et mes désirs m'envahir, je me persuadais pour mieux berner ma cible. Plus tard, il m'amenait avec lui jusqu'à sa voiture luxueuse aux vitres teintées, dans l'espoir, sans doute, de prendre pleinement possession de sa dernière conquête. Je me laissais faire à mon tour, j'entendais qu'il congédie son chauffeur à ma demande. Puis alors qu'il m'embrassait dans le cou, qu'il passait ses mains sous ma robe pour me caresser les seins, je sortais une arme dissimuler entre mes cuisses. Avant d'appuyer le canon de l'arme contre lui je parlais pour lui éviter de faire une erreur qui lui coûterais peut-être la vie.
« Ne bougez-pas je sais ce que vous êtes ! Je peut vous assurer que mon arme vous blessera suffisamment pour mettre un terme à votre longue vie. »
Le bel homme tressaillit, il releva la tête lentement sans faire de gestes suspects. Il me regarda avec un mélange de colère et d'interrogation, il posa délicatement ses mains sur ses cuisses.
« Que me voulez-vous ? »
« Juste vous poser quelques questions, rien de plus, nous pourrons ensuite repartir chacun de notre cotés. »
« Allez-y je crois que je n'ai pas trop le choix de toute manière.
Je souriais.
« Exactement, mais rassurez-vous, je n'ai, a-priori, rien contre vous. »
« Laissez tomber vos boniments et posez vos questions qu'on en finisse. »
« Très bien, que savez-vous des récentes disparitions de vampires à Londres ? »
Il haussa un sourcil l'air étonné.
« Et en quoi cela vous intéresse t-il ? »
J’appuyais un peu plus le canon de mon arme contre ses cotes sans rien ajouter de plus.
« Ok, ok, je ne sais rien, seulement que c'était de jeune vampires, donc inexpérimentés, ils ont du faire preuve de négligence et il se sont fait avoir par quelque chasseur. »
je lui souriait de plus belle.
« et vous, vous vous êtes bien fait avoir, vous êtes un jeune vampire ? »
Son visage s’empourpra violemment, il sera les poings et sa mâchoire avant de répondre.
« Vous ne savez donc pas qui je suis ! »
Son ton arrogant laisser entendre qu'il se croyait important.
« Et qui êtes-vous bel inconnu » ajoutais-je d'un air moqueur.
« Quel impertinence! Je suis Philippe Du Plessis ! Je suis le chef de la famille Du Plessis ! Vous feriez bien de me relâcher de suite si vous ne voulez pas subir ma colère et celle de ma famille ! »
Je riais alors ouvertement, il resta interdit, ne comprenant pas ma réaction, jusqu’alors sans doute son nom, sa particule, son air mondain, sa fortune évidente devait lui ouvrir toutes les portes, lui permettre de dominer les gens du communs. Mais là, maintenant il se retrouvais face à quelqu'un qui ne faisait aucun cas de tout cela. Je laissais planer sur lui cet interrogation, cette frayeur avant de parler.
« J'ai une autre question. »
Cette fois il mit du temps avant de répondre essayant peut être de comprendre.
« Je vous écoute. »
« Tout à l'heure vous sembliez en grande discussion avec Thomas, que vous disiez-vous ? »
Un éclair de compréhension sembla éclairer son visage décrépit. Il me parla de la manière la plus neutre possible. Il me répondit pourtant d'une voix neutre qui ne trahissais pas ses pensées.
« Je vois… et bien il me parlait justement des disparitions de vampires. Il me disait combien les événements récents révélaient les faiblesses de notre organisation et l'inaptitude de notre dirigeant. Il voulait que je rencontre sa maîtresse Madame Beaumont afin de discuter des événements et des actions à mener pour y mettre un terme. »
Voilà qui était intéressant, Madame Beaumont était sans doute derrière cette affaire. Mais il me faillait être certaine, avoir des preuves ou des témoins, comme ce Philippe Du Plessis.
« Merci Monsieur Du Plessis, croyez-bien que moi et mon employeur apprécions votre collaboration. Mais la situation est comment dire… pour le moins tendue. Je m'excuse si je vous ais offensé. Si vous êtes d'accord je vais sortir, et ne tentez rien, cela ne ferait que nous faire prendre à tout deux des risques inutiles. »
Il acquiesça de la tête et je sortais lentement tout en le gardant à l’œil. Il ne tenta rien de stupide et quelques minutes plus tard je filais dans les rues à bord d'un taxi. Je quittais le taxi pour prendre le métro puis j'attrapais un bus au dernier moment, j’espérais ainsi ne pas être suivit.
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