Comme neige, de Colombe Boncenne
A l’époque, j’habitais dans le Nord, à Lille, et lisais beaucoup dans le train. Ce livre m’avait plu, allez savoir pourquoi. Je dois dire que l’univers (et les obsessions) de Borges m’a profondément marqué et la première nouvelle du recueil Fictions résonne en moi, aujourd’hui encore. Il reste un maître de la nouvelle et au-delà de la forme que j’affectionne particulièrement, le contenu, son art de faire dialoguer le réel et le possible, d’arpenter cette ligne de crête, m’impressionne. Je croyais impossible de l’égaler dans ce domaine. Et pourtant, Colombe Boncenne, dans ce petit livre parvient avec maestria à me faire retrouver le goût de Borges. Ce petit livre qui commence par une visite inopinée chez un bouquiniste à Crux la Ville, se poursuit à Paris, mais évolue dans un monde mouvant géographiquement, nous fait réfléchir. Et en plus, il est assez plaisant à lire. Ce court roman met en avant un auteur célèbre dont le protagoniste est absolument fan et qui découvre par hasard un livre de cet auteur, un titre inconnu. Il mène donc son enquête pour essayer de retrouver l’origine de ce livre, bref, il y a plein de péripéties et une fin parfaite.
Quelques années plus tard, j’ai déménagé à Poitiers. J’ai déambulé dans une rue Boncenne, notamment. En direction d’Angoulême, il y a Brux-la-Ville. A chaque fois je repense à Colombe Boncenne. Et il se trouve que je l’ai rencontrée, encore plus tard, à Guéret, en 2019. Elle était invitée aux rencontres de Chaminadour, et présentait une expérience de table tournante (le thème était Victor Hugo). Peu après sa présentation, je l’ai vu passer à côté de moi et je n’ai rien dit. Elle n’avait rien d’impressionnant pourtant. L’événement était convivial. Mais je crois bien que mon enthousiasme l’aurait effrayée. Il aurait été dommage de voir sur son visage se dessiner progressivement la moue de l’exaspération. Ainsi, je continue de passer rue Boncenne, de penser à Comme neige, et le tout sans remords.
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