Innocence volée, récupérer ma voix-e

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Petite fille, jolie poupée

Visage d’ange aux longs cheveux

Il la veut, il l’a touchée

Inventant toutes sortes de jeux

Où l’innocence est volée

Objet sexuel, descente abyssale

Gestes brusques, acharnés

Pulsions bestiales

Petite fille en danger

Ma beauté, désormais synonyme de piège, d’appât

L’éclat de la vie, m’est maintenant voilé

À chaque fois, sonne mon trépas

Comment me reconstruire, comment continuer ?

Je veux partir, crier, hurler

Les jours passent, et ça recommence

Je dois m’enfuir, mais reste figée

Avec son corps, il me secoue, me balance

Son doigt, il a levé

Menaçant, clamant sa sentence

« Tu ne diras rien ! » sourcils froncés

M’imposant toute sa puissance

Je le regarde, effrayée

Mon corps, il l’a souillé

Ma dignité, ma confiance, se sont envolées

Ma virginité, mon enfance, il me les a volées

Je me suis enfermée dans mon silence

Je pleure toute seule, murée dans ma souffrance

Me taire, ne rien dire, on m’a imposé

La faute n’est pas mienne, et pourtant, impossible de me racheter

Avec ses mains, un oreiller, il a tenté

D’étouffer mes cris

Mon ange est venu me sauver

Préservant ma vie

Pas ma pureté

Ni mon intégrité

Ses fantasmes, il les a assouvis

Je ne suis pas guérie

« Je veux mourir ! Je veux mourir ! »

Me souffle une petite voix

Car oui, c’est bien trop pour moi

Ma source va se tarir

Je me sens salie, impure

Il m’a tout pris, jusqu’à mon identité

Je ne suis plus moi-même, je suis perdue

Il ne m’a rien laissé

« Pour toi, c’est trop tard, c’est fini ! »

continue la petite voix

Son empreinte, visqueuse, en moi

Me condamne à la tristesse, au désarroi

Je n’arrive plus à respirer

Dégoût, honte, culpabilité

J’ai peur de devenir lui

J’ai peur d’être moi

Les larmes ont beau couler

Rien ne me lave

Mon corps profané

Mon passé m’entrave

L’eau brûlante, dont j’ai tant usé

Je ne la sens plus

Ma peau, lessivée

Le plaisir m’est inconnu

La mâchoire, serrée

La folie me gagne

Mon sang coule

Rien ne se répare

La maladie à l’intérieur

Autodestruction de mes cellules

Je rêve d’un ailleurs

Ces mêmes cauchemars pullulent

« Maman, je ne veux pas y retourner »

Mon bourreau, je le vois chaque jour

On m’y emmène, refuse de m’écouter

Personne ne vient à mon secours

« Oh, il faut voir le positif dans les épreuves »

« Oh, ton âme a choisi ces traumatismes pour les transcender et apprendre à t’aimer »

Mensonges. Déni. Jugements. Leurres

Phrases destructrices, comme des lames d’épée

Qui ne font que rouvrir les plaies

Chercher des raisons, pour se rassurer

Explorer du spirituel, réciter des chapelets

Pour ne surtout pas y aller

Dans cette ombre, seule, je l’ai affronté

Personne, à mes côtés.

Cacher ses émotions sous du sable

Vouloir expliquer l’inexplicable

Nommer l’innommable

Oublier ces souvenirs effroyables

Ta main tendue

Tu n’as rien amoindri

Mon histoire, tu l’as comprise

Vers moi, tu es venu

Mon bel ange Gardien

Ensemble, nous trouverons le chemin

Tu m’aides à voir mon féminin

Comme une terre sacrée

Mon corps, comme un trésor, un temple, aimé.

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