Des arbres morts à perte de vue, des voitures éclatées, des tags de fin du monde, des corps démembrés, le goût du sang et de la mort… Même le masque - seule protection pour ne pas sombrer - ne protégeait pas Henry de la réalité de ce monde aux abois : il devait slalomer entre les restes fumants d’un enfant, entre les viscères d’une femme qui n’avait pas du courir assez vite, les sens aux aguets pour ne pas se faire avoir par un Infecté ou un Mort-Vivant.

Il marchait depuis plusieurs minutes sans avoir fait de mauvaises rencontres, la main droite serrant son katana à s’en faire blanchir les phalanges et sa main gauche occupée à tenir son plan de route. Une vieille page jaunie d’un itinéraire parsemée de croix de différentes couleurs pour ne pas tomber dans un nid de monstres. La route était simple : il lui fallait aller tout droit pendant une dizaine de kilomètres, ensuite suivre les rails jusqu’à un immense panneau où les instructions devaient être affichées.

Henry n’avait plus de ressources – son groupe avait péri depuis plusieurs semaines - si ce n’est une bouteille d’eau à moitié vide, du pain rassis, deux ou trois conserves qu’il avait trouvé dans une maison abandonnée et un bocal de miel. La Colonie était sa seule planche de salut, sans elle, autant se faire sauter la cervelle ou se pendre.

Du mouvement attira son attention : un groupe d’Infectés, la tête en l’air, humant à la manière de bêtes sauvages en pleine chasse. Lentement, Henry se mit à couvert derrière un buisson et coupa à travers champs afin de les esquiver.