En rêve
On rêve, paraît-il, toujours en noir et blanc...
Moi, j'ai fait cette nuit, le rêve surprenant
D'un tout petit oiseau aux plumes colorées,
Qui, blotti dans ma main, contre mon cœur serré,
Me parlait doucement du bleu de porcelaine
De ses yeux palpitants et du pli de son aile.
Il me disait, vois-tu, la vie n'est qu'un instant,
Echeveau à broder sous l'épaule du vent,
Chaque jour a sa perle qu'il faut voir briller
Malgré le triste flux des obscures marées...
Qu'importe le rameau qui plierait sous ton poids,
Il faut ouvrir ton cœur et retrouver ta voix.
Tu ne vois pas plus loin que l'horizon qui tremble,
Tu n'en connais pas plus que le feu de sa cendre,
Mais tu dois à l'orchestre, sans toi dissonnant
Les notes étouffées de ton pauvre instrument.
Puis dans un froissement de ses ailes petites
Par la fenêtre ouverte il a repris la fuite.
Il a chanté pour moi, de sa voix ingénue,
Sa claire mélodie dans le cerisier nu.
Elle résonne encor, jolie à mon oreille,
Elle anime mon cœur d'un plaisir sans pareil,
Et ma paume a gardé la tiédeur de ses plumes
Qui brillaient cette nuit, sous un rayon de lune.
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