V. Quelque chose avait changé
Louis était assis sur le bord du port, observant les goélands voler au loin. Il faisait trop chaud mais une légère brise rafraîchissait son visage en même temps qu’elle ébouriffait ses cheveux. À quelques mètres de lui, Nicolas s’affairait sur son bateau. Ce dernier était particulièrement jovial depuis que sa relation avec Louis n’était plus chargée de tensions et il se montrait très enthousiaste pour passer du temps avec lui. Il voulait à tout prix lui faire découvrir sa région, ses passions.
C'est pourquoi il était en train de tout mettre en ordre sur son voilier, ayant prévu une petite excursion en mer. Et sans que personne ne tombe dans l’eau cette fois-ci !
Lorsqu’il eut fini de tout préparer, il appela Louis qui le rejoignit en montant prudemment sur le pont. Ce dernier était légèrement gêné. Lui qui était timide, il se sentait comme lorsqu’il rencontrait quelqu’un pour la première fois et qu’il ne savait pas trop comment s’y prendre avec la personne. Heureusement que Nicolas était, au contraire, très à l’aise, ayant tendance à parler sans cesse.
Le plus jeune s’assis à l’arrière du bateau, sur une sorte de petit banc et il posa son sac-à-dos à ses pieds. Il observait presque avec fascination Nicolas qui s’activait pour bien faire partir le navire. Il tirait sur des cordes, en enroulait certaines autour de plots fixés directement sur le pont et il remit une voile en place avec sa main, se hissant sur la pointe des pieds pour l’atteindre. Ses sourcils étaient froncés de concentration et il avait le visage rouge à force de bouger si vite sous cette chaleur.
- Comment tu as appris à naviguer ? ne put s’empêcher de demander Louis.
Marcel et Judith n’y connaissaient rien aux bateaux et Louis se souvenait que Nicolas avait récupéré son bateau il y a seulement quatre ans. Alors, il s’interrogeait quant à la naissance de cette passion. Le concerné eut un petit sourire en coin et vint s’assoir à ses côtés.
- Je dirais que c’est grâce à un amour de vacances ! Lors de ma dernière année de collège, j’ai rencontré Rebecca, une Italienne venue passer ses vacances ici. On s’est très vite rapprochés et on a fini par sortir ensemble. Je lui faisais visiter le coin et elle m’apprenait à naviguer. Elle avait un beau voilier qu’elle avait appelé « La Perla Nera ». Ça veut dire « la perle noire ». C’était une référence à Pirate des Caraïbes. Elle était fan de Jack Sparrow et de son Black Pearl. À la fin de l’été, elle est repartie en Italie et je ne l’ai jamais revue. Elle m’a tout appris et voilà où j’en suis !
Nicolas écarta les bras, désignant son navire, fier. Puis, il s’installa plus confortablement et fit glisser ses lunettes de soleil -toujours trop grandes- sur son nez.
- C’est une belle histoire, ajouta Louis.
Et c'était vrai. L’histoire valait la peine d’être écoutée. Apprendre des autres était la meilleure manière d’acquérir un savoir-faire. Cependant, un détail n’échappa pas au jeune homme.
- Et toi, tu n’as pas donné de nom à ton voilier ?
Nicolas haussa les épaules.
- Non. Je n’ai pas d’idée qui me plait réellement. Alors je préfère attendre au cas où l’idée miracle se pointerait.
Ce fut la dernière phrase que les garçons s’échangèrent avant un silence d’une vingtaine de minutes. Tous deux prenaient alors le temps d’observer l’immensité bleue qui scintillait sous le soleil et se mouvait en de petites vaguelettes à peine visibles. Le soleil tapait sur la coque du navire et sur les épaules nues de Nicolas, des oiseaux marins voltigeaient dans les airs. Le calme régnait pourtant, l’un comme l’autre rêvait de parler. Maintenant qu’ils n’étaient plus comme chien et chat, ils n’avaient qu’une envie : se connaître. Louis désirait en apprendre plus sur l’être si lumineux qu’était Nicolas. Cet être qu’il avait toujours plus ou moins admiré. Lui qui semblait toujours ne se soucier de rien, qui ne cessait de batifoler et de suivre ses envies, libre comme l’air. Il ne savait pas si cette frénésie qui l’envahissait était due à toutes ces années de frustration car ils étaient trop occupés à se faire la guerre tout en nourrissant des préjugés odieux mais il voulait tout savoir de lui. Sa couleur préférée, ses passe-temps, le film qui l’avait le plus marqué, ses joies, ses déceptions et ses espoirs. Ses rêves, ses peines, ce qui le rendait le plus heureux.
Mais il était trop timide pour lui demander quoi que ce soit.
Nicolas aussi voulait parler à Louis. Lui aussi voulait en savoir plus. Il était intrigué mais surtout fasciné par le jeune garçon qui se tenait à quelques centimètres. Lui qui avait toujours vécu dans son monde de poètes et de philosophes et qui était pourvu d’une intelligence et d’une sensibilité rare. Nicolas avait toujours cette impression que Louis était la personne la plus complexe mais surtout la plus intéressante qu’il connaissait. Il voulait le comprendre. Tout simplement.
Et contrairement à lui, il était bien moins timide.
- Toi qui es toujours en train de bouquiner. Est-ce que tu serais capable d’élire ton livre préféré ?
Louis fut surpris par la question. Il ne pensait pas que Nicolas pourrait s’intéresser à ce genre d’information. Mais il aimait la tournure de sa phrase. Il ne lui demandait pas quelle était son œuvre littéraire préférée mais s’il pouvait en choisir une. Là était toute la différence. Lorsque l’on connait un grand nombre de livres, de films ou encore de musiques, il est souvent difficile de faire un choix unique. Louis avait bien une idée en tête mais à peine se disait-il que c'était bien le livre qui lui avait le plus plu, un autre roman s’imposait à lui, presque suppliant de le choisir. Il pensa évidemment au chef d’œuvre de Victor Hugo Les Misérables qu’il avait dévoré en quelques jours. Si c'est un homme de Primo Levi ou encore L’Âme du Monde de Frédéric Lenoir : bouleversant.
Après quelques minutes de réflexion, il décida finalement de suivre son instinct et de choisir la première idée qui lui était passé par la tête.
- Je pense que c'est Cyrano de Bergerac.
- Je ne connais pas le livre mais je crois bien que j’ai vu le film avec Depardieu.
Louis aussi avait vu le film. Comme pour l’œuvre écrite, il avait fondu en larme toutes les vingt minutes, ému et bouleversé tantôt par l’histoire, tantôt par la plume d’Edmond Rostand.
- Je me souviens, j’avais adoré une phrase en particulier, continua Nicolas, les yeux fixant un point invisible.
« Je crains tant que parmi notre alchimie exquise le vrai sentiment ne se volatilise. »
Puis, il sourit comme un idiot, heureux de s’être souvenu de cette réplique qu’il trouvait tout bonnement magnifique. Puis, Louis sourit à son tour et murmura :
- « Moi je ne suis qu’une ombre et vous qu’une clarté. »
Sa voix était si faible. Comme s’il avait craint d’abîmer ces onze petits mots en parlant trop fort.
- C'est celle-là ma préférée, ajouta-t-il sans pour autant hausser le ton.
C'était ce que disait Cyrano à Roxane dans la scène 7 de l’acte III alors qu’il était caché derrière un arbre, se faisant passer pour Christian. Et dans un sens, Louis trouvait que cette phrase prenait du sens pour lui. À côté de Nicolas et son rayonnement naturel, il n’était qu’un enfant de la lune, qu’un fantôme, un contour. Une ombre.
- Tu sais ce qu’on dit des faux-amis Louis ? Qu’ils sont comme les ombres. Parce que quand tout va bien, qu’il fait beau, ils te suivent partout. Mais dès que les ténèbres tombent, ils disparaissent.
- J’avais lu un truc de ce genre dans un roman. Je sais plus ce que c'était exactement mais c'était le même type de réflexion, rétorqua Louis, les sourcils froncés.
- C'était quoi le nom du bouquin ? Je le connais peut-être.
- Battle of Scars. C'est l’histoire d’une île sur laquelle deux gangs s’affrontent. Les motards et les surfeurs. Ils se détestent à cause d’un vieux contentieux qui date de plusieurs années. Et, deux personnages vont tomber amoureux au milieu de cette guerre. L’un est surfeur, l’autre est motard. Ce qui fait que c'est un peu un amour impossible.
- Un genre de Roméo et Juliette si je comprends bien.
Louis ne put s’empêcher de pouffer à la référence. Il est vrai que cela faisait très Shakespeare ! Les rendez-vous en cachette, les foudres des autres membres du gang…
- Oui mais ici, la fin est heureuse ! Et puis l’histoire ne tourne pas qu’autour de ça, il y tout un mystère autour du père d’un des deux héros et puis les personnages sont très complexes aussi.
Le jeune homme se souvint alors de son ventre noué lorsqu’il eut approché le dénouement de l’histoire, craignant une fin tragique et il avait été soulagé de découvrir une conclusion parfaite pour ses personnages préférés.
- Tu n’aimes pas les « sad end » ? questionna alors Nicolas.
- Ça dépend. Non, en général, je préfère des sujets sérieux voire dramatique mais je veux que ça se finisse bien. Je m’attache trop aux personnages.
Louis avait toujours aimé les films ou les livres marquants, impactants. C'est pourquoi il appréciait moins les comédies et les histoires dites « feel good ». Il aimait être bouleversé, être touché au plus profond de lui.
- Je me souviens que quand j’ai vu Edward aux mains d’argent, j’ai vécu une de mes pires désillusions. Avec l’ambiance tout au long du film, j’étais véritablement persuadé que ça allait bien se finir. Et en fait, c'est pas si bien que ça… continua Louis, une petite moue attristée sur le visage.
Nicolas le regardait. Il aimait la manière dont il racontait ses expériences passées. La manière dont il lui exposait son point de vue, comment sa voix grave prenait des intonations différentes selon ce qu’il disait. Sa voix était si agréable qu’elle ne saurait briser le calme de l’océan.
Elle se joignait à lui.
Le temps passait et le voilier s’approchait petit à petit d’une île que Louis ne connaissait pas. Celui-ci se retourna vers Nicolas qui sembla tout de suite comprendre son interrogation.
- C'est l’île du Levant. Une des trois îles d’Or.
Le plus vieux se leva pour reprendre le contrôle du navire et il contourna l’immense bloc de roches. Alors, Louis en aperçut deux autres, légèrement troubles à cause de la distance.
- Ici tu as Port-Cros et la dernière là-bas, la plus grande, c'est Porquerolles. En plus simple, le Levant il n’y a que des nudistes, Port-Cros c'est à fond dans l’écologie et Porquerolles c'est le tourisme de masse, ajouta Nicolas en pointant du doigt les trois bouts de terre.
Le plus jeune avait déjà entendu parler de Porquerolles. On disait que là-bas, au bord de la célèbre plage d’argent, l’eau était si claire qu’on avait l’impression de se baigner dans une piscine. Il savait aussi qu’un ferry partait toutes les demi-heures de la Tour Fondue non loin du port pour déposer les touristes sur l’île.
- Et là, juste en face, c'est la Presqu’île de Giens. Il y a des super randos à faire là-bas, ajouta Nicolas.
Puis, il retourna s’assoir auprès de Louis et s’approcha pour lui murmurer à l’oreille d’un ton mystérieux :
- Connais-tu la légende des îles d’Or ?
Surpris, le jeune homme eut un léger mouvement de recul avant de bouger sa tête de gauche à droite. Alors, Nicolas fit un bond en arrière et frappa dans ses mains.
- Super ! J’adore raconter cette histoire !
Puis, il prit un air faussement sérieux et d’une voix sombre, il commença son récit :
- Il y a des centaines et des centaines d’années, le prince Olbianus et ses quatre filles vivaient sur la côte. Toutes ses filles étaient d’excellentes nageuses et, tous les jours, elles allaient se baigner dans la Méditerranée, nageant jusqu’au bout du monde, là où la mer se déversait dans le néant.
Louis ne pouvait s’empêcher de rire face aux gestes exagérés de Nicolas qui tentait tant bien que mal de mimer ses paroles.
- Un jour, alors qu’elles commençaient tout juste à s’éloigner du rivage, un navire de pirates est arrivé. Elles ont tenté de rejoindre la côte, nageant comme des effrénées sous les supplications de leur père. Mais, elle se firent malheureusement attraper par le capitaine du navire, un homme assoiffé de sang et dénué de pitié. Alors, Olbianus se tourna vers les dieux.
Il se mit à genoux et leva ses bras vers le ciel dans un geste de supplication :
- Ô dieu de la mer et dieu des cieux, je vous en supplie ! Épargnez mes pauvres et innocentes filles !
Il se releva, les yeux grands ouverts, fixant Louis comme pour l’envoûter.
- Les cieux et les océans eurent pitié de lui et, alors que le pirate allait les assassiner, le corps des jeunes filles devint rigide et cassant. Les trois plus âgées se métamorphosèrent en trois îles : les îles d’Or. La plus jeune qui était la plus proche du rivage essaya de tendre le bras vers son père tandis que ses muscles durcissaient. Elle eut seulement le temps d’attraper sa main avant de se transformer à son tour. Et, c'est elle qu’on appelle aujourd’hui la presqu’île de Giens.
Louis frappa dans ses mains frénétiquement, ravi de l’interprétation de cette histoire racontée par Nicolas qui lui, faisait comme s’il était devant des millions de personnes, envoyant des baisers à droite, saluant à gauche.
Puis, il vint se rassoir, légèrement essoufflé par sa prestation. Alors qu’un petit silence prenait place, le plus jeune posa une dernière question :
- C'est vrai que l’eau des plages de Porquerolles est aussi claire que celle d’une piscine ?
Un immense sourire pris place sur le visage du navigateur et il le fixa, les yeux pétillants :
- Elle l’est plus encore !
***
Après cette première matinée passée ensemble sans aucun drame, Louis était allongé dans son lit. Il devait être 19 heures passées et il venait de prendre sa douche ; il était éreinté.
Après leur petite virée en bateau, les garçons étaient allé manger une glace au « Chamô », le meilleur glacier du port – si ce n’est de la région. Ils s’étaient promenés sur la jetée et avaient été jusqu’à la grande plage de l’Almanarre. Celle-ci était très exposée au vent ce qui faisait qu’il y avait toujours d’immenses vagues mais aussi beaucoup d’algues, remontées à la surface à cause du mouvement de l’eau. Ils avaient discuté, rit. Et Louis n’en revenait toujours pas. Si on lui avait dit un jour qu'il serait ami avec Nicolas…
Amis. C'est ce qu’ils étaient maintenant. Non ? Comme s’ils venaient tout juste de se rencontrer, ils se découvraient et apprenaient à apprécier la présence de l’autre. Si Nicolas avait toujours eu un côté prétentieux et fier, c'était uniquement devant Louis, pour l’agacer. Et si ce dernier prenait conscience de la véritable nature de son compagnon, c'est parce qu’il avait enterré tous les a priori qu’il avait sur lui. Il avait retiré ses lunettes présomptueuses et étrangement, depuis, il voyait plus clair.
Il était vrai que Nicolas aimait plaire, qu’il aimait déambuler sur la plage et faire la fête. Mais, alors que Louis avait toujours pensé qu’il faisait cela en partie pour attirer l’attention, pour jouer le type cool et séduisant tout en se désintéressant des autres choses, il avait finalement compris qu’il était seulement quelqu’un qui aimait s’amuser, discuter et rencontrer de nouvelles personnes. Mais aussi qu’il aimait tout aussi bien rester tranquille chez lui ou se promener seul dans la campagne.
Il s’était trompé sur toute la ligne.
Nicolas quant à lui appréciait la présence de Louis bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Il avait un groupe d’amis soudé avec qui il était toujours agréable de discuter mais le jeune garçon était différent. Nicolas avait des amis avec qui il était plus proche que d’autres et avec qui ils pouvait parfois parler de ses petits soucis de la vie. Des amis qu’il pourrait qualifiés de « meilleurs » amis. Mais avec eux comme avec les autres, toute discussion était dirigée par le second degré. Toujours dans l’humour, la rigolade ou les cours parfois. Mais pas de débats sur la culture, le sport, la vie, la mort. C'était ce qui manquait à Nicolas. De la conversation. Et avec Louis, il en avait. Toujours. Et cela le comblait de joie.
Lorsqu’il fut appelé à table pour le dîner, la plus vieux quitta le confort de sa chambre à contre-cœur et descendit les escaliers tout en enfilant un gilet.
Il aida sa mère à apporter le repas à table en amenant la traditionnelle salade de tomates. Il mangea discrètement une olive au passage et déposa le grand saladier vert sur la table.
- Alors, comment s’est passée ta journée ? questionna Caroline.
Les adultes n’étaient pas au courant du tournant qu’avait pris la relation entre leurs enfants. Ils devaient peut-être se douter de quelque chose mais tous deux s’étaient mis d’accord pour ne pas leur en parler. Ils ne voulaient pas devoir expliquer leur discussion dans grotte ou encore leur dispute dans le bateau. Ils ne voulaient pas que leurs parents sachent à quel point ils avaient été idiots. Et puis, pourquoi avoir besoin de parler maintenant de ce qu’ils avaient tous toujours tût ?
Les quatre adultes allaient sûrement remarquer ce changement mais ce n’était pas Louis et Nicolas qui allaient les confronter. Ils laissaient faire. Ainsi, les parents n’étaient évidemment pas au courant qu’ils avaient passé la journée ensemble.
- J’ai fait un tour en bateau, près des îles d’Or et je suis allé m’acheter un livre à la libraire en rentrant, mentit-il.
- Super ! C'est quoi comme livre ?
- Cyrano de Bergerac.
Nicolas eut un petit sourire, fier de sa référence.
- C'est un des romans préférés de Louis tu sais ?
Il acquiesça discrètement mais n’eut pas le temps de répondre, sa propre mère réclama leur présence à table.
Durant cet énième repas sous la lanterne, quelque chose avait changé. Les parents discutaient entre eux, Angelina avait passé la journée à la villa mais elle était allée au cinéma avec des copines ce soir. Et, assis l’un en face de l’autre, un jeune garçon aux cheveux bruns bouclés et aux grands yeux verts souriait face aux grimaces que faisait celui aux cheveux châtains dont les iris bleu foncé brillaient. Ils échangeaient quelques mots, remarquant le coucher de soleil puis l’apparition de la première étoile. L’un pointait le ciel du doigt et le regard de l’autre suivait.
Vint un moment où ils se joignirent tous les deux à la conversation des adultes, tous les six riaient et parlaient sans aucun temps mort mais surtout, dans une légèreté encore jamais observée autour de la table. Cette table sous la lanterne.
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