Nous sommes au bord du canal. La lettre précisait "vous devrez tenir des bocaux, un bocal dans chaque main. Ainsi je vous reconnaîtrai."

L'obéissance et la discipline sont les principes fondamentaux de la démocratie. J'ai donc mis une robe de bal en soie et satin, avec un gros jupon de tulle dessous et je suis partie !

Je longe la voie fluviale artificielle. Je regarde l’eau couler. Ce n’est pas jour de Carnaval, pourtant, je vois diverses personnes habillées de costumes authentiques s’inspirant d’animaux. Comme c’est original…

Soudain, je vois un homme, ou bien est-ce un animal, venir vers moi. Il me déleste de mon bocal et rit : j’ai un bocal à poissons plein d’eau et l’autre plein de terre avec des plantes.

Il n’y a aucun poisson, seulement de l’eau qu’il vide dans le canal à ma grande surprise. Puis il tire de son dos une paire de sandales qu’il s’empresse d’attacher à mes pieds. Quel scandale ! Personne ne touche à mes petons ! Ils ne sentent pas le santal.

Et à ce moment crucial, je me demande soudain : « Mais quel est le pluriel de santal ? »

L’homme au masque de chacal me questionne sur mes règles grammaticales.

- Bal, chacal, carnaval, récital prennent un S au pluriel. Les autres se terminent en -AUX !

Il exige un exemple. Un canal, des canaux. Et pas des canots ! Un mal, des maux et pas des mots !

Il est satisfait. Je peux donc participer au bal du Chacal un soir de Carnaval, durant lequel le pianiste Truquemuche nous régalera d’un récital. Quel régal !

Il rajoute que c’est pour le festival, un cérémonial sera prévu.

Récital, régal, étal, cal, cérémonial, pal, santal, sisal ! Que de mots étranges et peu usités.

Je m’aperçois que ma soirée va se passer sur l’estrade à déclamer des règles de grammaire, comme d’autres déclament des vers… Je ne suis pas certaine d’aimer la langue à ce point. C’est pourquoi, je prends la poudre d’escampette.

Les Touches le vendredi 6 août 2021