Acte 1, Scène 10

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2 avril 610
Quartier Général des Roses Noires, nuit printanière
La proximité délie les langues, et j’échange énormément avec Tuor et Frérot. Tuor, qui a le même grade que moi au sein des Roses Noires, avait officiellement pour charge d’escorter quelqu’un en dehors de Sarine. Il semble que sa mission ait été entravée par un événement, mais il ne m’en a pas révélé davantage.
Frérot semble captif depuis plusieurs mois, et ne le cache pas. Il a une dent contre les Roses Noires, ce que je peux comprendre, avec ce qu’il vit ici. Nous sommes des prisonniers politiques, et les caves de pierre où nous sommes détenues, sous les Roses Noires, est un moyen de nous enterrer vivants, sans perdre les informations que nous sommes susceptibles de posséder.
Nous sommes aussi bien nourris que les Roses Noires de la surface, comme je les appelle désormais. Frérot est celui qui nous dirige, nous donnant des ordres sur quoi faire et quand.
Dans le réduit qui nous retient, Frérot nous impose une discipline et des habitudes qu’il juge saine. Nous nous entretenons pour conserver une forme physique et intellectuelle : bref, nous cultivons nos forces.
Pour ma part, j’ai entièrement révélé ma vie à mes camarades d’infortune. Ils savent tout de moi, si ce n’est mon nom et celui de mes proches. Comme moi, ils ont l’un ou l’autre sur la raison de ma captivité… Comme ils ont des doutes sur la leur, c’est-à-dire, aucune certitude.
Nous ne pouvons communiquer avec personne d’autre ici, la gamelle que nous recevons pour nous trois nous suffit à peine, et ce qu’il y a de plus étrange, c’est que Frérot maintient en nous une forme d’espoir, à laquelle je me raccroche, et qui nous aide, Tuor et moi, à dormir tranquille.
« Cela n’est pas normal, dit Tuor, tandis que Frérot me secoue pour me réveiller. Non, vraiment pas…
– Qu’y a-t-il ? sursauté-je.
– Ils viennent, dit doucement Frérot. Vu que nous sommes tous les trois vivants, et qu’il n’y a que trois places ici, c’est qu’ils vont chercher l’un de nous ! S’il te cherche toi, Blanchot, tâche de ne pas nous oublier !
– Je ne connais pas ton nom, que veux-tu que je…
– Tu connais le mien, tranche Tuor. Voilà où cela mène, de garder des secrets, Blanchot…
– Mon nom est Byan Sass, commencé-je à énoncer, quand un cliquetis métallique vient ouvrir le seul accès de notre geôle.
– On m’a dit de ramener le plus jeune, prononce le seul gardien que nous ayons jamais vu, à la lumière du brasero.
– C’est moi ! crié-je plus fort et plus vite que mes camarades.
Le gardien déverrouille l’accès, il y a d’autres Roses Noires que je connais de vu avec lui. Je ne prends pas le temps de saluer ceux qui resteront ici ; mais tous deux ont un mot à dire.
« Souviens-toi de mes paroles, Sass, répète Frérot.
– Ne nous oublie pas » ajoute Tuor, à qui je tourne déjà le dos.

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