Je suis enfin de retour dans ma ville. Elle m'avait tant manqué. Tara m'a parlé du salon pendant le voyage : il accueille de nouveau clients et il faudrait qu'on pense à engager de nouvelles filles. Elle m'explique ensuite les dernières nouvelles pas très intéressantes à mon goût. Nous nous arrêtons au QG, je dépose mon sac dans ma chambre et prends une douche avant d'aller retrouver les filles. Je les salue chacune à leur tour.

- Bébé, comment tu vas ? me demande Sally.

- Très bien et toi ? Le restaurant ?

- Pas de souci, me répond-elle.

Après manger, je sais qu'il faut que je me rende dans le bureau de ma tante et je fais reculer ce moment le plus possible.

- Roxy, m'interpelle ma tante.

Je pose ma bière et me lève. Nous marchons alors en silence en direction de son bureau. Je ferme la porte derrière moi et m'installe sur une chaise.

- Tu vas m'expliquer ? me demande-t-elle.

- Tu veux savoir quoi ?

- Tout ! Pourquoi tu as mis autant de temps à l'exécuter ? Et encore, tu ne l'as pas fait !

- C'était compliqué, il était toujours accompagné...

- Arrête un peu Roxy. Je te connais, tu as réussi à abattre des mecs qui étaient entourés par des dizaines de personnes !

- Je ne sais pas, d'accord ! J'en sais rien, dis-je.

- Est-ce que tu en avais au moins l'envie ?

- Envie ?

- De le tuer, me répond ma tante.

- Je ne tue pas par envie, lui dis-je.

- Admettons que je te croie... Qu'est-ce qui va se passer par la suite ? Avec les mecs qui t'ont engagé ?

- Je sais pas, avouai-je. Je pense que je vais être recontactée d'ici peu.

- Et comment ils vont réagir ?

- Je n'en sais rien ! dis-je en me levant. J'avais pas prévu ça ! J'avais pas prévu de ne pas réussir ce putain de contrat !

- Quand ils te recontacteront, tu n'iras pas seule à ce rendez-vous.

- Adèle...

- C'est mon dernier mot Roxy. Je ne sais pas comment ça va se passer maintenant avec les Weapon Brother...

- Eux, je m'en occupe si on entend parler d'eux.

- D'accord.

Je me tourne pour me diriger vers la sortie.

- Je peux te demander une dernière chose ? m'interpelle-t-elle.

- Oui, lui dis-je sans me tourner.

- Dans cette salle, il s'est passé quoi ? demande-t-elle.

- Rien, répondis-je en sortant.

- Son entre-jambe ne disait pas ça ! entendis-je dans mon dos.

Ma tante se met à rire quand elle me voit lever les yeux au ciel puis je pars me mettre au lit.Le lendemain, après mettre préparée, j'arrive au salon. Je salue les filles, leur demande des nouvelles qu'elles prennent aussi. Tara me passe plusieurs CV que je lis tous un par un.

- Celle-ci est pas mal, dis-je à Tara.

- Oui, canon. Tu penses qu'elle voudra faire plus que masser ?

- Je sais pas. Elle avait l'air d'avoir besoin de thune ? demandai-je.

- Oui, je crois.

- Appelle-la et dis-lui de venir pour discuter.

- Très bien.

La journée passe tranquillement. Mon téléphone se met à sonner, numéro inconnu.

- Oui.

- J'aimerais vous voir au même endroit que la dernière fois, ce soir 20h00.

- Très bien, dis-je en raccrochant. Tara, tu fais quoi ce soir ?

- Rien.

- Très bien, tu viens avec moi. J'ai rendez-vous avec les mecs du contrat.

- D'accord.

Il est 20h00 pile quand nous descendons de nos bécanes. Je retire mon casque et secoue mes cheveux. Nous entrons dans le restaurant et avançons vers la même table que la dernière fois. Je m'y installe ainsi que Tara. En face de nous, les deux hommes de la dernière fois.

- Nous ne sommes pas contents...

- Je sais, dis-je, mais comme vous me l'avez signalé, ce n'était pas facile.

- Allez-vous retenter de respecter le contrat ?

- Non, dis-je fermement, ils me connaissent. Je ne risquerai pas ma vie.

- Je comprends mieux pourquoi vous ne vouliez pas l'argent dès le départ. Au premier obstacle, vous vous cachez.

Je sers les poings. Je n'accepte pas qu'on me parle comme ça mais j'ai merdé alors je me retiens.

- Nous allons alors faire appel à quelqu'un d'autre, dit le chauve en se levant.

- Je savais qu'il ne fallait pas faire confiance à une femme, dit l'autre.

Je sers de nouveau les poings et tente de me lever mais Tara me retient : ce n'est pas le lieu pour faire un scandale. Les deux hommes quittent le restaurant et je souffle enfin.

- Je le tuerai bien celui-là, dis-je.

- Oui, je le ferai souffrir, me dit Tara.

- T'as comme moi l'impression que ce sont des pions ? Que leur patron ne veut pas se faire connaître ?

- Oui, maintenant que nous sommes là, on peut manger ?

- Oui, dis-je en souriant.Après avoir commandé, nous mangeons tranquillement.

- Pourquoi tu ne l'as pas fait ? me demande-t-elle.

- Franchement, je ne sais pas...

- Roxy, tu peux tout me dire.

Je souffle.

- Je crois qu'il me plait... enfin, plaisait.

- J'en reviens pas : une bite te plaît ! dit-elle en riant.

Plusieurs têtes autour de nous se tournent dans notre direction. Je ris.

- Sérieux, ton langage ! dis-je.

- On s'en fout ! Alors, c'était comment ?

- On n'a pas baisé ensemble si c'est ce que tu veux savoir.

- Ah oui... alors comment tu sais qu'il te plaît ?

- On s'est trouvé des points communs, répondis-je en jouant avec les frites dans mon assiette.

- Merde...- Tu l'as dit, dis-je.

- Tu ne comptes pas le revoir ?

- Non maintenant qu'il sait pour le contrat.

- Oui, sympa l'histoire à raconter à vos gosses.

- Qu'est-ce que tu racontes ?! dis-je en riant. On a mis quelque chose dans ton coca ?

- Ah ah ah, non !

Je regarde ma meilleure amie sourire. Elle est parfaite pour moi. On se comprend s'en parler avec toutes les conneries qu'on a fait ensemble, toutes les gardes à vus qu'on a passé à discuter comme si c'était une soirée pyjama.On finit par se lever et quitter le restaurant après avoir payé. Nous rentrons à la nuit tombée au QG. Tout le monde est tranquille ce soir. Je pose mon casque à l'entrée.

- Salut, nous dit Nora en arrivant vers nous.

- Tu veux voir ? lui demandai-je.

- Oui ! dit-elle.

Nous montons dans ma chambre. Tara s'installe sur mon lit. Je retire mon jean et Nora inspecte les tatouages, d'abord la tête mexicaine colorée.

- Il est vraiment doué, les nuances qu'il a utilisées... et ce dégradé. Celui-là est pas mal.

Elle passe ensuite à l'autre, touche ma peau tatouée.

- Rappelle-moi le nom du club ?

- Les Weapon Brother pourquoi ? demandai-je.

- Je crois qu'il t'a marqué, me dit Nora.

- Comment ça ?! dis-je en me dirigeant vers le miroir.

- Regarde : ici c'est un « W » et juste à côté un « B ». C'est vraiment dissimulé, je comprends que tu ne l'ais pas vu, dans la cicatrice.

- Mais quel enfoiré ! Quel fils de pute ! criai-je.

J'entends leur rire. Je me retourne vers elles en leur jetant un regard noir mais ce n'est pas pour autant qu'elles s'arrêtent ces garces ! Je remets mon jean, attrape mon téléphone et sors prendre l'air. Je compose son numéro et bien sûr, tombe sur sa messagerie.

- Ecoute-moi bien espèce de fils de pute ! Tu vas le regretter de m'avoir marqué, crois-moi, t'es un homme mort !

Je raccroche. Je me retourne et vois ma tante adossée contre la rembarre.

- Ça ne va pas ? demande-t-elle.

- Si, dis-je, très bien.

- Super, tu as eu des nouvelles ?

- Ils vont engager quelqu'un d'autre, mais c'est pas eux, ce sont des pions.

- D'accord, me dit-elle. Faudra faire attention.

Elle enfile son casque et quitte la propriété. Je le maudis, lui et tout son club !