Logan

Elle n'a rien de grave. Elle a bien été amochée mais rien de grave. J'ai accepté de me faire soigner par une infirmière qui avait pitié de moi à force de me voir dans la chambre de Roxy. Elle est endormie dans le lit et je me repasse tout ce qu'il s'est passé la veille.

Zeyn, mon meilleur ami, m'a trahi. Pourquoi je n'ai rien vu ? J'étais tellement obnubilé par Roxy, par ce qu'il lui arrivait, que je n'ai pas vu que mon propre frère voulait ma mort.

Le lendemain, j'arrive à l'hôpital le cœur serré. Les médecins ont prévenu AD qu'elle allait se réveiller dans les heures qui viennent. Mais je dois m'en aller : j'ai pris vraiment beaucoup de retard sur mes rendez-vous. Je m'avance vers son lit et me penche vers elle. Je pose mes lèvres sur les siennes, un simple doux baiser. Je me redresse et passe ma main sur sa joue, sa peau est froide mais douce.

- Tu vas me manquer, lui murmure-je ne savant pas si elle m'entend.

Je ne savais pas que c'était si difficile de quitter une personne qu'on aime. Roxy est entrée dans ma vie telle une furie et je ne m'y attendais pas du tout. Elle a pris mon cœur en otage dès qu'elle a passé la porte de mon salon de tatouage. J'ai tout de suite su qu'elle me plairait : je me voyais avec cette fille dans plusieurs années, sur ma moto, dans mon dos. Je lui aurai appris les ficelles de mon « boulot ». Mais, il a fallu qu'elle fasse partie d'un club... Bon, ce ne sont pas des rivales mais elles ont leurs trucs.

« Elle ne quittera jamais son club pour toi. » Je me rappelle les mots de Zeyn et je suis perdu. Je quitte la chambre après l'avoir regardé une dernière fois. La porte se referme et je me dirige vers la sortie. Ma moto m'attend à la même place. Je grimpe dessus, enfile mon casque, allume le moteur de ma bécane et quitte cette ville. Je rentre chez moi.

Roxy

Plusieurs jours plus tard, je peux sortir de l'hôpital. J'ai tellement hâte : je n'en peux plus de cette bouffe sans goût, de ces murs blancs, de cette odeur, de ce calme.

- Prête ? demande ma tante.

- Oui.

Adèle récupère mon petit sac et nous partons de la chambre. Nous sortons de l'hôpital et nous nous dirigeons vers la voiture.

- Tu as des nouvelles des Weapon Brothers ? la questionne-je.

- Non, désolée.

Nous passons devant les restes du salon. Ils sont en train de détruire la bâtisse. Nous arrivons à la maison. Celle-ci est vraiment calme. Mes sœurs me saluent et je finis par me rendre dans ma chambre. Je m'allonge sur mon lit. Après avoir passé quelques minutes à regarder le plafond, je me tourne vers la porte et attends qu'il entre, qu'il me dise que tout ira bien. Mais il est rentré chez lui. Il a retrouvé sa vie, même si un grand changement a eu lieu... Zeyn, son vice-président est mort. Je n'aurai jamais imaginé qu'il aurait fait tout ça : tuer Tara et vouloir tuer Logan. Comment peut-on s'en prendre à un de ses frères ? Comment peut-on vouloir le tuer ? Comment en est-il arrivé là ? Je n'aurai jamais la réponse... Je me reconcentre sur le plafond. Une semaine puis deux passent.

Je suis sortie de ma chambre et reprends les rênes du salon imaginant la décoration, le thème des chambres, tout est repris à zéro. Mais je ressens un vide, il manque quelque chose... Tara me manque, Logan me manque même si j'avais envie de l'étriper à chaque fois que je le voyais. Je suis assise dans la cuisine à regarder les plans du salon.

- Salut ma chérie, me dit AD en entrant.

- Bonjour, lui réponds-je en prenant ma tasse de café.

- Comment tu vas ?

- Bien, je suis sur les plans du salon.

- Je peux voir ?

- Bien sûr, donne-moi ton avis.

Ma tante vient se mettre à mes côtés et prend les plans dans sa main pour les regarder.

- C'est joli mais est-ce que ça te plaît ?

- Oui, c'est joli, réponds-je en les regardant.

- Je peux te parler franchement chérie ?

- Je t'écoute, lui dis-je en relevant la tête pour lui faire face.

- Je t'ai regardé. Depuis la mort de Tara et que Logan s'en est allé, tu as l'air triste. Tu es triste. Pourquoi ?

- Je ne suis pas triste, ne t'inquiète pas.

- Roxy, tu es ma nièce et je vois quand tu es triste. Il te manque n'est-ce pas ?

- Non, mens-je.

- Tu mens aussi mal que ta mère.

Je ris.

- C'est vrai ? demande-je amusée.

- Oui, je vois que c'est de famille. Si tu veux rejoindre Logan, vas-y.

- Je ne quitterai pas mon club pour lui.

- Je ne te demande pas de quitter le club Roxy mais d'être heureuse, et pour l'instant, tu ne l'es pas. Quand le salon sera reconstruit, qu'est-ce que tu vas faire, hein ? Quels seront tes objectifs pour la suite ?

- Je verrai bien au moment venu.

- Ne gâche pas ta vie à être seule. Je n'ai jamais voulu impliquer Sam dans le club et je n'ai pas arrêté de le repousser. Mais j'ai fini par céder car j'ai compris que je ne pouvais pas vivre sans amour et que ton oncle n'a jamais renoncé, sourit-elle. Logan n'a pas quitté ta chambre pendant que tu étais à l'hôpital...

- Mais il est parti, l'interrompe-je.

- Roxy, il était vraiment en retard dans ses rendez-vous.

Elle repose les plans du salon et se dirige vers le tiroir. Elle en sort une enveloppe.

- Tiens.

- C'est quoi ?

- Tu devrais aller la lire dans ta chambre, me sourit-elle en tenant l'enveloppe dans ma main.

Je prends l'enveloppe et lis mon prénom inscrit dessus. J'abandonne ma tante et m'enferme dans ma chambre. Je dépose l'enveloppe sur mon lit, m'y assis et la regarde pendant un moment. Je finis par l'ouvrir.

« Roxy,

Ma chère Roxy, j'ai dû partir plus tôt pour le travail. J'ai pris du retard mais je n'en ai rien à faire. J'espère que tu vas bien ? Que tu te sens mieux...

Avec tout ce qu'il s'est passé, je m'en veux d'être parti. J'espère avoir des nouvelles de toi...même un simple appel. Je ne pensais pas, en te rencontrant, qu'il se passerait tant de choses, que je ressentirais tant de choses. Je suis d'habitude un homme dur, froid et pas facile. Un homme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Mais tu as su faire fondre ma froideur, me faire sentir vivant.

Tu es une incroyable jeune femme, forte, courageuse, qui ferait n'importe quoi pour les personnes qu'elle aime. Je ne suis pas un mec facile et tu l'as bien vu. Je n'ai jamais dit ces mots, à part à mes frères, mais tu vas me manquer... Je ne sais pas si tu veux de moi ou pas, mais je serai là. Je t'attendrai au moins un an... Il y a deux mots que j'ai envie de te dire, mais je ne les écrirai pas, je préfère te les dire en face.

Un an...

Logan. »